2021-B-Lc 16, 9-15 -samedi de la 31e semaine du temps ORDINAIRE- Dieu nous précède en humanité
Année B- samedi de la 31e semaine ordinaire (litbo31s.21) 6 nov.
Lc 16, 9-15 : Rm 16, 3-9.16.22-27 : Dieu nous précède en humanité.
Nous avons bien ancré en nous une soif de pouvoir, de profits, de plaisirs jusqu’à oublier notre dignité. Nous avons aussi ancré en nous l’esprit des Béatitudes et du Sermon sur la montagne qui promeut une terre fraternelle pour croître en humanité. Dieu et l’argent. L’appétit de l’avoir et la soif des Béatitudes.
Pour vaincre ce tiraillement, nous avons comme accompagnateur un Dieu fait homme. Un Dieu qui nous précède sur le chemin notre humanité, qui marche avec nous à la recherche de notre véritable identité. Qui a jaugé l’Esprit du Seigneur (Cf. Is 40,13) ? Jésus est le seul vrai humain capable de nous indiquer un chemin débordant d’une pleine humanité. Ses gestes, ses paroles dites au nom du Très-Haut au sortir de ses moments de prière, sèment en nous des graines d’humanité.
L’un des effets les plus néfastes d’associer l’argent au bonheur est de considérer que tout s’achète. Dès qu’on monétise le bonheur, affirme la revue British Medical Journal, il périt. C’est une sorte de distorsion intellectuelle. Quand le bonheur est associé à posséder toujours plus, cela conduit à une augmentation du stress et du malheur, à une déshumanisation et à une perte de sa dignité[1].
La grande erreur de notre temps, écrivait déjà Victor Hugo, a été de pencher, je dis même de courber l’esprit des hommes vers la recherche du bien-être matériel. Il faut relever l’esprit de l’Homme vers le juste, le vrai, le désintéressé, le grand[2]. C’est l’Esprit des Béatitudes plutôt que les richesses trompeuses de ce monde qui rend heureux. Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir (Cf. Ac 20,35)
Comprenons bien, il n’y a chez Jésus aucune trace d’une quelconque crainte morbide relativement à la jouissance des biens matériels, ni aucune condamnation de l’intérêt qu’une personne peut, et même doit porter à l’amélioration de ses conditions de vie[3].
À la question que vais-je faire, l’accompagnateur Jésus, marchant à nos côtés, nous donne ce conseil : vit de l’esprit des béatitudes, rassasie les affamés, ouvre tes greniers, deviens humain. Voilà le chemin que l’habile gérant à découvert pour ne pas perdre la face. Voilà le salut qu’apporte l’accompagnateur Jésus.
Nous faire des amis avec ceux qui ont soif, nous faire proche des habitants de la rue, marcher vers un nous toujours plus grand, qui inclut tout le monde, toute sorte de monde, pour éviter ainsi qu’il y ait les autres et moi (Cf. Ft. No 35), sont autant d’habiletés pour s’assurer d’être accueilli dans la résidence « bonheur ».
En acceptant de quitter ses biens pour un ailleurs inconnu, l’auteur biblique demande à Abraham, selon la traduction d’André Chouraqui, d’aller vers lui. Va vers toi (Cf. Gn 12, 1) et je te ferai voir le bonheur. Va vers toi, pour ton bonheur, traduit un communicateur juif de la Torah, Rachi de Troyes.
Le Dieu qui appelle Abraham ne lui a pas dit viens vers moi ou monte vers moi. Il lui a dit d’aller vers lui. La richesse promise à Abraham passe par une humanité ouverte aux autres. Ceci m’apparaît comme un événement d’une portée incalculable pour le devenir conscient de l’humanité[4]. Cette portée incalculable a le visage de l’esprit des béatitudes. Va vers toi pour ton bonheur implique d’aller vers les autres. Il se retrouve noir sur blanc dans la lettre sur la fraternité, celle sur l’environnement et celle signée à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, avec le Grand Imam d'Al-Azhar Ahmad Al-Tayeb.
L’inouï de l’habileté du gérant fut de découvrir qu’en allant vers les autres, non seulement il ne perdrait pas la face, mais irait vers son bonheur. Jésus a louangé cette découverte et non le chemin utilisé.
À votre contemplation : à nous aussi, il nous est demandé : rends-moi compte de ta gestion, de ta manière de vivre et l’accompagnateur Jésus nous assure que si nous allons vers un nous toujours plus grand, nous trouverons le bonheur. AMEN.
[1] https://www.laciviltacattolica.it/articolo/soldi-e-felicita/ (selon la traduction par Google)
[3] A. Naud, L’Évangile et l’argent, Montréal, Fides, 2002, p. 32
[4] Ibid : laciviltacattolica.it (traduit par Google)