2021-B-Jn 15, 12-17- samedi de la 19e semaine ORDINAIRE- Padre Pio
Année B : samedi de la 19e semaine ordinaire (lito19s.21)
Jn 15, 12-17 : Je suis tout à toi
On peut l’affirmer sans se tromper, Padre Pio n’a pas eu la vie facile. En plus de porter sur son corps, pendant plus de cinquante ans, les cinq plaies de Jésus-Christ de manière visible, il a dû ajouter à ses souffrances insupportables au dire des médecins, l’incrédulité de ses supérieurs autant que de la haute hiérarchie du Vatican qui voyait d’un mauvais œil ses stigmates et ses lévitations.
Padre Pio est porteur d’un message très fort qui pourrait se résumer par ces mots de Jacques Brel qui reprend autrement l’évangile : quand on a que l’amour à offrir ou par ces mots d’un grand mystique du soufisme, El Arabi : De l'amour nous sommes issus […] Vers l’amour, nous tendons. À l’amour, nous nous adonnons. Visionnaire, voyant, prophète, thaumaturge, confesseur, mystique, ascète, sa vie fut un feu dévorant pour Jésus qui pourrait se traduire par cette devise de Jean-Paul 11 totus tuus. Je suis tout à toi. Tout à Dieu à travers Marie.
Il a passé sa vie à s’adonner à l’amour, à devenir celui qu’il aimait (Saint Bernard). Chaque jour, il devenait plus fou d’amour pour Jésus. Mais ne nous trompons pas d’amour. Il y a l’amour que nous avons pour Dieu. Ce n’est pas de cet amour dont je parle.
Il y a un autre amour, celui que Dieu nous porte. Il nous a aimés le premier (1 Jn 4,10). Jérémie affirme que Dieu a fait des projets de bonheur pour chacun de nous (Cf. Jr. 29, 11). Telle fut la première et marquante expérience spirituelle de Padre Pio. Il portait en lui le projet de bonheur que Dieu lui réservait. Il avait une vive conscience qu’il était aimé de Dieu. Toute sa vie, il a bénéficié de l’incroyable amour de Dieu qui l’a privilégié durant plus de 50 ans de ses stigmates.
Considérer une vie stigmatisée comme une preuve de l’amour de Dieu, comme une preuve que c’est moi qui vous ai choisi peut étonner. Tellement aimé de Dieu qu’il lui a permis à la suite de François, de Catherine de Sienne, de prendre le même chemin stigmatisé que son Fils. Ce regard-là exige une foi à transporter les montagnes. Padre Pio a dû chanter souvent ce psaume entendu tantôt : Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait (Ps 115, 12).
La grandeur d’une vie chrétienne est de passer des choses à faire pour Dieu à une relation amoureuse avec Dieu ; de passer d’une foi de choses à faire, à une foi qui plaît à Dieu. Il a aimé Dieu pour lui-même. Il a évité le reproche de Jésus à la foule : vous me cherchez parce que je vous ai nourri (Cf. Jn 6, 26).
Jésus souhaite vivre avec nous une autre logique que celle de « je te donne, tu me donnes ». Il nous propose de devenir ami jusqu’à nous offrir le meilleur de lui-même, sa croix en signe de son immense amour pour ceux qu’il a choisis. Qui a des oreilles comprennent ! Pas facile à comprendre.
Ami, c’est la seule réponse qui fasse sens devant une vie stigmatisée à longueur de journée. Quelle étrange folie que vivre d’Amour disait Thérèse de Lisieux qui précisait que toute ma vie, le bon Dieu s’est plu à m’entourer d’amour. Se faire offrir le titre d’ami par Dieu n’assure pas une randonnée voluptueuse.
Il en fut ainsi pour Marie en qui Padre Pio vouait une grande confiance et dont nous ferons mémoire demain. Elle aussi n’a pas connu une randonnée voluptueuse.
Retentit en moi en célébrant la mémoire de Padre Pio et celle de Marie demain, ces mots à longuement contempler, de saint Bernard : aimés [par Dieu], nous aimons, et en aimant nous méritons d’être aimés davantage. Il dit encore qu’on devient celui qui nous aime. Sommes-nous disponibles à devenir celui que nous aimons ?
Arrivée au 7e demeure, Thérèse d’Avila demande à ses sœurs de considérer que ceci importe beaucoup : posez les yeux sur le Crucifié, et tout vous semblera peu de chose. Si Lui nous a montré son amour par tant de tourments, comment voulez-vous le contenter avec des simples paroles ? Sa majesté ne peut nous faire de plus grande faveur que de nous donner une vie qui soit l’imitation que celle que vécût Jésus. C’est les yeux fixés sur le crucifié et portant sur son corps les mêmes douleurs que celle de Jésus, que Padre Pio vivait chacune de ses eucharisties. Vivons cette eucharistie avec la même intensité. AMEN.