2021-B-Mt 12, 14-21- samedi 15e semaine ORDINAIRE- n'oublie pas
Année B : samedi de la 15e semaine ordinaire (litbo15s.21)
Mt 12, 14-21 ; garde-toi d’oublier.
Souviens-toi de Jésus-Christ. Mais nous souvenir de quoi ? Nous souvenir que Jésus est une bonne nouvelle dans la mesure où il encourage notre ego à être défait, vaincu. Dans la mesure où nous mettons en jeu notre moi (pape François). Perdre son moi pour gagner le sien. C’est la pierre angulaire de notre souvenir. Venus du fonds des âges, trois mots résonnent en moi : garde-toi d’oublier (Dt 2,7 ; 6,12).
Jésus n’a pas pour priorité d’accroître sa visibilité, mais de libérer la puissance de vie chez tous ceux qu’il rencontre, d’accueillir ceux que la société réprouve, collecteurs d’impôts, prostituées, malades mentaux. À chacun, il rend leur dignité. Jésus accepte chaque personne, quelle que soit sa condition sociale.
Bâtir des ponts est son premier souci. Un poète serbe, Ivo Andric, prix Nobel de littérature, écrit que rien n'est meilleur et n’a plus de valeur que les ponts ! Cette attitude choque les dirigeants religieux, les grands prêtres, les érudits de la loi qui perçoivent que Jésus refuse d’être de leur bord. Il apporte un souffle de fraîcheur dans une société rigide.
Jésus est poursuivi parce qu’il fait du bien aux autres, parce qu’il sème de la bonté (Cf. Mt 13, 24-30), parce qu’il parle la langue du peuple et cela dérange. Pour lui, tout être humain est digne de considération. Toute personne est un quelqu’un a aimé. Jésus ne cherche pas querelle, ne crie pas, n’écrase personne. Il laisse résonner en lui le cri des pauvres, se laisse bouleverser par la souffrance d’autrui, touche leurs plaies, favorise l’édification d’un monde plus beau, plus fraternel, plus évangélique (Cf. EG # 180). Jésus conserve intact l’émerveillement, la fascination, l’enthousiasme de vivre l’Évangile de la fraternité (Cf. Ft # 179).
Ce désir universel de fraternité (Cf. Ft # 8) est celui de quelqu’un d’autre. Jésus représente quelqu’un d’autre (cf. Jn 14, 7-14). Ce quelqu’un d’autre n’a jamais désiré que son envoyé soit tué, méprisé, pourchassé. Il n’a aucunement désiré sa mort. Aujourd’hui, la fascination pour Jésus ne vient pas de sa mort, elle vient de sa manière de vivre. Tous les exégètes reconnaissent que sa mort est une conséquence de sa manière de vivre, de son humanisme. Jésus rapetisse son ego pour donner vie aux autres.
Le catéchisme de l’Église porte un autre regard quand il écrit que la passion du Christ est bien la volonté du Père (# 555), que la mort violente de Jésus appartient au mystère du dessein de Dieu (# 599). Ce langage-là ne fait plus sens aujourd’hui. Quel père irait jusqu’à désirer la mort de son fils ? Ce quelqu’un d’autre envoie Jésus montrer un chemin d’humanité. Ce chemin fut tellement insupportable aux yeux des érudits de la loi qu’ils se coalisèrent avec l’occupant romain pour l’abattre.
Jésus ne désirait pas la mort. Père que ce calice s’éloigne de moi. Il n’est pas du genre suicidaire. Son comportement est contesté comme tous les comportements de promoteurs de projets innovateurs. Jésus ne souhaite pas faire des vagues. Il n’agit pas pour se faire remarquer, pour se donner du pouvoir. Il désire seulement faire du bien aux gens, même si cela exige qu’il se distancie d’une rigoureuse pratique de la loi. Voici me serviteur que j’ai choisi. Il fera du bien aux gens.
L’œuvre de Jésus ne fait que commencer. Pour savoir si nous continuons Jésus, demandons-nous comment nous réagissons devant des situations qui ne font pas notre affaire ? Jésus, lui, ne se met pas en colère, ne déprime pas, ne s’attriste pas, ne se décourage pas. Il reste créatif, debout non foudroyé. Il
Face à l’évangile et son avenir, sommes-nous optimistes ou pessimistes ? Si nous sommes du genre optimiste, nous pensons que tout va s’arranger et on ne fait rien. Si nous sommes genre pessimiste, nous pensons que rien ne va s’arranger et on ne fait rien. Il faut se battre, refuser de se replier sur soi-même, se maintenir en chemin qui conduit dit Jean de la Croix, un je-ne-sais-quoi qui se trouve par aventure.
Sans faire de bruit, n’écrasons personne, ne faisons pas querelle, conservons l’émerveillement et la fascination de Jésus pour tout ce qui est humain. Amen