2021-B-Mc 12, 38-44 - samedi 9e semaine ORDINAIRE- donner pour s'enrichir
Année B : samedi de la 9e semaine ordinaire (litbo09s.21) 5 juin
Mc 12, 38-44 ; Tb 12, 1.5-15.20 : donner pour s’enrichir.
Que voit Jésus et dont personne ne voit dans ce geste de cette veuve entrant dans le temple et y déposant tout ce qu’elle a ? Il voit que pour cette veuve la générosité est sa nature profonde. Il s’émerveille de son ouverture aux autres alors qu’elle a moins que le minimum pour vivre.
Jésus saisit avec une profondeur inégalée que cette veuve ne serait pas bien avec elle-même, qu’elle ne serait pas heureuse si elle ne contribuait pas à sa petite part pour les autres. Elle, pauvre parmi les pauvres, a mis de côté ses propres intérêts tant elle a du souci pour les autres. Jésus admire sa capacité de sortir d’elle-même, de refuser une vie repliée sur ses malheurs. Sans sa petite contribution, elle serait encore plus malheureuse. Il admire sa charité.
En observant le geste de cette femme qui donne ce qu’elle a pour vivre, son nécessaire, Jésus sans faire un long discours, décrit le don comme partie prenante de toute vie. Cette veuve ressent en elle un besoin de donner. Cela fait partie d’elle. Elle a au coeur le bien des autres (EG # 178). Elle n’utilise pas sa situation précaire comme prétexte pour ne rien donner. À ses yeux, un tel agir serait se déresponsabiliser face aux autres. La sainte de Calcutta disait que si elle refuse le centime que lui offre un pauvre, elle le prive d’une grande joie.
En donnant de la visibilité au geste de cette veuve, Jésus offre un parcours, une démarche, une manière de vivre, un art de vivre. Cette femme n’a aucun souci de se faire remarquer. Sa nature profonde est d’aider, de construire des espaces de solidarité[1]. Son geste dit qu’elle n’est pas indifférente aux besoins des autres analphabètes (Cf. FT no 64). Elle cherche à donner de la dignité à ceux qui en ont moins qu’elle. Le philosophe Levinas a bien circonscrit la beauté du geste de cette veuve en disant que donner sera toujours un geste qui coûte allant jusqu’à s’ôter le pain de la bouche.
Cette femme ne demande rien en retour. Son don est gratuit et ouvre sur un chemin de bonheur. Donner lui apporte une grande joie. Bienheureux les pauvres qui donnent. Renversement total tant ce geste rend riche cette veuve !
Le message de Jésus en regardant le geste de cette veuve est limpide : l’important, c’est se faire solidaire des autres. Même si elle a donné son nécessaire pour vivre, son geste lui fait d’abord du bien. Elle donne de la hauteur en transformant sa situation en chemin pour soulager les autres. L’acteur Michael Lonsdale, frère Luc dans le film des hommes et des dieux, observe qu’il vaut mieux donner et être un peu fier de soi, que de ne pas donner.
À ceux qui hésitent de donner parce qu’ils craignent un détournement de leur don, il faut faire entendre la réponse d’Élie Wiesel qui donne systématiquement à un mendiant sans se soucier de savoir s’il va acheter de l’alcool ou de la drogue : je ne suis pas responsable de ce qu’il fera de mon don, je suis responsable de sa faim. L’important, c’est de donner.
Ce geste aujourd’hui se répète quand des démunies accueillent chez eux un coloc pour s’entraider à payer leurs dépenses. Soyons admiratifs de tous ces petits gestes d’entraide qui se posent chaque jour autour de nous ! Dans les mots de Michael Lonsdale, donner, c’est quelque chose que l’on reçoit. Il ajoute quand on a reçu, il est naturel de rendre. AMEN
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