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Année B : samedi de la 6^e semaine de Pâques (litbp06s.21) 

Jn 16, 23b-28 : nous sommes des visages de Dieu

À lire pour vivre. Et quand je lis ce passage, j’en comprends que je suis en présence de la surabondance. De l’inimaginable. Paul parle du surdébordement (cf. Ep 3, 20) d’attention de Dieu à notre endroit. Quand nos vies sont tournées vers Dieu comme le tournesol vers le soleil, nous sommes réchauffés d’immensité. Avant de nous dire au revoir, Jésus nous lègue non ce qu’il a, mais ce qu’il est. Je suis avec vous (cf. Mt 28, 20).

Il nous lègue le droit d’être lui, d’aller, de bouger, d’annoncer, de prier, de rêver comme lui. Allons plus loin encore. Jésus nous demande de demander à être lui, à agir comme lui. Tout ce que vous demanderez. Nous sommes plus grands que ce que nous sommes. Inouï. Surdébordement d’immensité !

Cela devrait nous réjouir. Vous vous réjouiriez de ce que je vais vers le père (Jn 14, 28). L’évangile de Luc raconte qu’après l’avoir vu monter au ciel, les disciples retournèrent à Jérusalem pleins de joie (cf. Lc 24, 52). Cette joie n’est possible que si nous comprenons que désormais nous sommes lui et que lui fait corps  avec nous.  

À lire pour vivre ce récit de Jean, j’en déduis que l’Ascension est la fête d’une demande. En nous quittant, Jésus nous fait une demande : d’être dans nos personnes des résidences de Dieu. Le ciel est en toi. Le ciel est le nom de notre vocation authentique en tant qu'êtres humains […], le ciel est ce que le Christ nous donne […], le ciel, c'est la transformation totale de la vie humaine[1]. Il descendit du ciel pour nous « refaire» ciel sur la terre.

Dieu n’est pas dans un autre monde, dans un ailleurs, dans un « en haut » inatteignable. L’Ascension présente un autre visage de Dieu. Se représenter Dieu comme une puissance supérieure, habitant un ailleurs inaccessible, hors de notre monde, comme un Dieu « Pantocrator », est le moyen le plus sûr pour vider l’évangile de son inouï : nous sommes visages de Dieu. 

En nous quittant, Jésus nous gratifie de la plus haute dignité qui soit : il nous fait « mémorial ». Il nous fait « présence réelle » pour continuer son rêve d’une terre inclusive, fraternelle. Cela exige une sortie de soi pour qu’il soit moi. Sortir ce moi de moi n’est pas une fuite de moi[2]. C’est plutôt un enrichissement. C’est actualiser une autre demande, celle de Dieu à Abraham : pars, quitte ton pays. Entendre : va vers toi, va vers ton être propre[3].   

N’imaginons pas l’Ascension comme un phénomène physique où Jésus serait physiquement monté au ciel. L’Ascension ne nous convoque pas à une fête de lévitation. Si lévitation il y a, c’est celle de nos regards. Élever nos regards pour y déceler que nous sommes des évangiles de Dieu. Vous êtes une lettre écrite de la main de Dieu (2 Cor 3, 3). Jésus nous donne la mission d’élever avec confiance nos regards jusqu’à voir son moi transformer notre moi. Ce n’est plus moi qui vis (cf. Gal 2, 20).

Plus que cela, il ouvre nos regards pour voir autour de nous du « beau monde » chez qui le divin et l’humain s’associent pour former l’homme nouveau. Des créatures nouvelles. La scène du jugement dernier fait entendre des paroles inouïes : c’est à moi que vous l’avez fait (cf. Mt 25, 31). 

L’autre est aussi « présence réelle » de Dieu. Pour aimer Dieu, il faut aimer l’homme. Pour voir Dieu, il faut regarder l’homme. On n’atteint Dieu, qu’en atteignant l’homme. On ne touche au mystère de Dieu, qu’en touchant au mystère de l’homme. Ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint-Esprit... et que vous ne vous appartenez pas (1 Cor 3, 16) ? Jean-Paul II ouvrait son pontificat en déclarant que l’homme est la route première vers Dieu.

 Partageons-nous son regard ? Aujourd’hui notre regard est plutôt désabusé, pessimiste, défaitiste. Nos conversations traduisent déceptions, découragements, résignation, fatalisme. Il ne s’agit pas de fuir la réalité, mais plutôt de la regarder avec les yeux de Jésus pour éviter de sombrer dans l’angoisse.

Vous obtiendrez ce que vous demanderez. Demandons de poser sur notre monde le même regard que Jésus et la vie jaillira en nous. Comme l’exprime un chant liturgique : change ton regard et l’inouï de l’évangile commencera à s’introduire dans les cœurs. Amen.

Autres réflexions sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2020-jn-16-23b-28-samedi-6e-semaine-de-paques-heureux-depart

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2019-c-jn-16-23b-28-samedi-6e-semaine-de-paques-est-rendu-la

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2018-b-jn-16-23b-28-samedi-6e-semaine-de-paques-tourne-vers-le-plus-grand

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2016-c-jn-16-23b-28-samedi-6e-semaine-pascale-quoi-demander