2021-B-Jn 15, 1-8 - mercredi 5e semaine de PÂQUES- demeurez en moi
Année B : mercredi de la 5e semaine de Pâques (litbp05me.21)
Jn 15, 1-8 ; Ac 15, 1-6 : vigne- demeurer en moi.
Le message de la parabole de la vigne est limpide : pour porter des fruits évangéliques, il faut être totalement branchés sur Jésus, sur l’Esprit de Jésus, sur son style de vie et y rester. Être centré sur Jésus pour ne pas vivre de soi-même (Cf. Ph 2, 6-11), pour ne pas vivre la tête pleine d’idées mondaines. Quel défi que de ne pas être distrait par autre chose que Dieu ! Les distractions ne sont pas seulement dans la prière. Nous sommes distraits par bien des choses : l’ego est la distraction numéro un ; les médias, les gadgets ; la répétition de gestes rituels.
Notre option préférentielle n’est pas nécessairement Dieu. La psychologie moderne accorde beaucoup d’attention au phénomène de la préoccupation spéciale pour soi-même, pour sa propre image, pour les apparences ou pour la perception des autres. Notre ego ne se repose jamais tant nous vivons une surenchère du moi jusqu’à l’enflure. Notre attention est tellement centrée sur notre ego qu’elle est la source première de notre détachement de la vigne. Notre ego est l’obstacle qui nous empêche de demeurer en Jésus, mot qui revient sept fois dans le texte.
En plus de notre ego, ce qui nous détache de la vigne, ce sont aussi des distractions comme la compétition, la recherche de la popularité, le besoin d’être à jour en matière de technologie, de posséder les plus récents gadgets électroniques, de se faire de nouveaux amis sur les réseaux sociaux, etc.
Il ne s’agit pas de remettre en question leur utilité qui est bien réelle dans l’évangélisation, mais de reconnaître qu’ils prennent souvent la première place de nos préoccupations. L’immunité totale face à ces gadgets n’existe tout simplement pas. Nous sommes plus centrés sur ces gadgets que sur le Christ. Nous surfons plus sur le web que sur les pages de l’évangile.
Dans la réalité d’aujourd’hui, rapide et complexe, il est facile de perdre le Centre qu’est Jésus. De se déconnecter de la vigne. Nous demeurons souvent dans nos « résidences secondaires », amoureux des gadgets pour diffuser l’évangile en oubliant que le premier diffuseur de la Parole, c’est l’Esprit qui fait circuler sa sève dans les sarments que nous sommes. Nous ne sommes pas, comme on le dit, d’une seule pièce.
L’image de la vigne est une invitation à aller au Centre, à se tenir au Centre. Notre attachement à Jésus devient stérile s’il se réduit à du folklore sociologique. Sans union vitale à Jésus, l’Esprit du ressuscité ne circule pas dans nos veines. Porter un beau fruit exige une expérience vitale avec Jésus, plus intime à moi-même que moi-même (Augustin). Tu es toi-même, dit Jean de la Croix, la demeure où il habite, la retraite où il se cache […]. Marie de la Trinité, dans l'un de ses épanchements mystiques, entend le Père lui dire : tu es mon lieu et je suis ta demeure (Entre dans ma gloire, carnet 1942-46. Arfuyen, 2003 p. 119). Ce sont là des mots bouleversants qui font advenir l’évangile dans les cœurs.
L’inouï de l’évangile est d’éprouver que nous sommes la résidence principale de Dieu. Nous pouvons être heureux de recevoir des amis. Nous sommes aussi soulagés quand ils partent. Nous pouvons aussi accepter un coloc sans pour autant être intime avec lui. Dieu demeure en nous, mais non comme coloc. Il ne veut qu’être intime avec nous. Ce n’est pas de tout repos! La prière d’Élisabeth de la Trinité devrait nourrir notre éveil chaque matin : que je ne te laisse pas seul au fond de moi-même. Robert Lebel chante que rentrer chez soi, c’est entrer chez Dieu.
Demeurer ouvre sur une expérience vitale de Jésus-Christ, sur une connaissance intérieure de sa personne et une passion pour son projet. Dans une société de chrétienté qui n’est plus la nôtre, demeurer se réduisait souvent à une pratique sans âme, à prier comme des perroquets[1]. Aujourd’hui, si nous n’apprenons pas à vivre un contact plus immédiat, plus « personnalisé » et plus passionné avec Jésus, nous devenons vite des sarments desséchés.
Vous voulez savoir si Dieu demeure en nous ? Saint Augustin répond : tu demeures en Dieu [il demeure en toi bien vivant] quand tu vois la charité briller dans ta vie. C’est un touchant l’humanité de Jésus, en vivant ensemble d’un seul cœur et d’une seule âme que nous confirmons que nous sommes « centrés » sur Dieu. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que cette joie soit à son comble. AMEN.
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