2021-B-Mc 16, 9-15- samedi octave de PÂQUES- s'illuminer d'intensité
Année B : samedi de l’octave de Pâques (litbp00s.21)
Mc 16, 9-15 ; Ac 4, 13-21 : je m’illumine d’immensité.
Pour vous trois mots, trois petits mots, écrit par le poète italien Giuseppe Ungaretti, contemplant au lever du jour le soleil sur le bord de la mer et qui ramassent tout ce que la foi chrétienne nous fait vivre en ces jours d’après Pâques : je m’illumine d’immensité.
Il faut retenir par cœur ces trois mots du poète. Quelle belle manière d’affirmer la foi pascale. Quelqu’un nous illumine d’immensité, nous éblouit d’infini. Et le poète précise : il faut que l’homme entende à nouveau que tu es monté jusqu’à Toi, par d’infinies souffrances. Dans chaque vie, dans ma vie, monte quelque chose de la terre, de beaucoup plus bas, comme une lumière qui fait germer un blé inépuisable.
On peut bien discourir sur la nature de Pâques, sur le comment s’est déroulé ce moment sans témoins, sur sa réalité historique, sur la manifestation de Jésus à ses disciples, sur le tombeau vide qui n’est pas disent les exégètes, une preuve de Pâques, ce jour qui fit le Seigneur nous illumine d’immensité. Pour dire Pâques aucunement besoin de prêcher, de parler de Dieu, il est seulement nécessaire de dégager une intensité de lumière. Que ton visage s’illumine et nous serons sauvés.
Il y a différentes lumières : lumières intermittentes qui vont et viennent, lumières éblouissantes des projecteurs, de l’argent et du succès, lumières météorites qui ne font que passer, lumière de la Voie lactée formée de 200 à 400 milliards d’étoiles, la lumière noire enfouie sous le boisseau. Il y a aussi une lumière d’immensité, c’est le Seigneur. Chaque matin de ce temps pascal nous fait entendre cet appel d’Isaïe : debout, resplendis (60,1) et j’ajoute de cette lumière d’immensité.
Cette lumière naît de la nuit du Mont des Oliviers, de l’éclipse solaire de la passion et de la mort d’un homme, relevé de la nuit du sépulcre. Que la lumière soit. Ce fut le premier matin où la vie jaillit de toute part. Et la lumière fut, astre d’en haut venu nous visiter et qui ne décline jamais, chante l’une des grandes Odes de Noël. Ce fut le premier matin hors de nos tombeaux. Jésus se lève du tombeau. La vie est plus forte que la mort. Le bien est plus fort que le mal. L’amour est plus fort que la haine. C’est là le chemin non à prendre, mais être illuminé d’immensité.
L’assurance de Pierre et Jean devant les Anciens, des gens sans instruction ni culture, des pêcheurs galiléens, la guérison de l’impotent, vient de cette immensité de lumière qui les habitait. Leur attitude devant leurs accusateurs est un exemple extraordinaire de la manière dont il faut communiquer l'Évangile et le défendre.
Chaque génération chrétienne doit trouver la manière de réchauffer les cœurs. Pierre et Jean savent bien qu'ils ne peuvent plus se taire : ils n'ont plus peur. Leur silence aurait signifié leur extranéité à l'Évangile. Si nous avons l'Évangile dans le cœur, nous ne pouvons pas ne pas le communiquer, serait-ce au prix de notre vie. Nous devons le faire dans le respect des autres traditions religieuses. Pâques illumine d’immensité. Cela vaut plus que toutes nos convictions, nos discours ou conférences sur Pâques.
Je cite Maurice Zundel. Nous n'avons pas à prêcher, nous n'avons pas à parler de Dieu ; moins on en parle, mieux ça vaut. Nous n'avons pas à faire un prosélytisme qui amène les autres à penser comme nous, puisque nous n'avons pas à penser quelque chose, mais à vivre quelqu'un. Nous avons qu’à être illuminés d’immensité et nous communiquerons une Présence qui ne fait pas de bruit, une Présence qui est au centre de ces jours et que seul le silence pour transmettre[1].
À votre contemplation : que s’illumine d’immensité cette lumière en vous, que votre lumière intérieure brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux (Mt 5,16). Heureux les invités aux noces de l’Agneau.
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