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2021-B-Jn 5, 17-30- mercredi 4e semaine CARÊME- une parole qui fait sens

 Année B : mercredi de la 4er semaine du carême (litbc04me.21) :       

Jn 5, 17-30; Is 49, 8-15: une parole qui fait sens.

S’il y a une recommandation qui revient souvent chez le pape François et qu’il adresse à ses proches collaborateurs de la curie, c’est celle d’éviter le bavardage souvent dépourvu d’intérêt et qu’il considère comme une bombe qui détruit la communauté[1] du terrorisme[2].

Nous connaissons bien l’expression souvent attribuée à un politicien : il a l’art de parler pour ne rien dire et celle entendue après une prédication : quelle enflure de mot où il aurait été mieux qu’il se taise plutôt que de ne rien dire. C’est stupéfiant de découvrir que parler peut aussi être la meilleure façon de taire l'essentiel. C’est inquiétant d’entendre quelqu’un qui parle pour parler, qui s’écoute parler, qui bavarde de tout en ne disant rien d’utile ou simplement pour « passer le temps ». 

Dans le passage de l’évangile, ce matin, la parole de Jésus n’est pas simple bavardage. Jésus évite de parler pour parler. Subtilement, il définit son être profond : fils d’homme, il est aussi fils de Dieu, porte-parole autorisé du Père. Il offre une parole qui dit quelque chose, qui ébranle ses auditeurs tant elle fait autorité. Sa parole choque les uns : qui est-il pour se faire égal de Dieu ? Elle est renaissance pour d’autres : maître, dis seulement une parole (Mt 8, 8). Ce sont des mots splendides. Jean dira que la Parole est venue et qu’elle n’a pas été entendue (cf. Jn 1, 1-18).

Pour nous, quelle parole de Jésus nous marque le plus et continue à nous questionner dans l’évangile entendu ? Quelle parole nous va le plus au cœur ? Laquelle nous transforme le plus ? Mieux encore, est-ce la parole de Jésus qui nous fait du bien à entendre ou est-ce notre foi en Jésus qui nous fait adhérer à sa parole ? Souvent dans l’évangile pour ne pas se mettre en évidence, Jésus dit : ta foi t’a sauvé (Mt 9,22 ; Mc 5, 34). Qu’il t’advienne selon ta foi, dit-il aux aveugles (Mt 9, 29).  

Impossible d’épuiser le sens des paroles que Jésus prononce : ceux qui m’écoutent, écoutent le Père. Le Fils ne peut rien faire de lui-même.  C’est un principe de communion parfaite avec le Père. Impossible d’en déduire qu’elles ne font pas sens non plus. Ce qui est observable, c’est que Jésus ne s’impose pas comme une évidence et pose problème aux auditeurs qui n’ont pas foi en Jésus ou qui ne croient tout simplement pas que Jésus obéit à son Père. Le Fils ne peut rien faire de lui-même, qu’il ne le voie faire au Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement (v. 19). Je ne puis rien faire de moi-même ; (…) je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé (v. 30). Celui qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit, mais en celui qui m’a envoyé (Jn 12, 44). Ce qui est en question ici, c’est la foi des auditeurs et non ce que dit Jésus.

Ce n’est pas l’existence historique de Jésus qui pose problème. Les maîtres à penser de l’époque, les docteurs autorisés de la loi n’acceptent pas qu’un humain, que le fils de Marie et de Joseph, de surcroit illégitime, exprime qu’il est en relation absolument unique, incomparable, humainement inimaginable avec Dieu. Cela choque aussi aujourd’hui.

À l’heure où l’autonomie se hisse en haut des priorités, qui peut dire aujourd’hui qu’il ne cherche pas son propre intérêt, qu’il n’agit pas pour faire voir quelque chose de lui, de ce dont il est capable de faire ? C’est tellement facile de passer de lui à moi, à être moi le protagoniste. Ce n’est en rien la priorité de Jésus qui rejette la tentation du pharaonisme. Le combat de sa vie fut de montrer un autre que lui. Il agit tellement au nom d’un autre qu’on peut conclure qu’il n’est pas lui-même. Aujourd’hui, on monte non en s’abaissant, mais en s’élevant. On se pète les bretelles. On se pète de broue. 

Jésus ne veut pas se faire remarquer : celui qui m’écoute, écoute un autre ; je ne fais rien de moi-même ; je ne fais pas ce que je veux. Je dis à chacun de vous, écrit Paul (Rm 12, 3.16), de ne pas avoir une trop haute opinion de lui-même, mais de garder des sentiments modestes. [...] N’aspirez pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne vous prenez pas pour des sages.

Difficile. Notre consolation est d’entendre que Dieu ne se détourne jamais de nous, malgré nos rebuffades nous dit la lecture. Il est comme une mère qui n’oublie pas son enfant au comportement désagréable. AMEN.

 Autre réflexion sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2019-c-jn-5-17-30-mercredi-4e-semaine-careme-il-est-minuit-et-cinq

 

 

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Samedi, 6 mars, 2021

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