2021-B-Mc 1, 29-39- mercredi 1ière semaine ORDINAIRE- dignité pour tous
Année B : mercredi de la première semaine du temps ordinaire (litbo01me.21)
Mc 1, 29-39; He 2, 14-18 : dignité pour tous.
Marc, qui écrit vers les années soixante-dix, rapporte ce que les gens disent de Jésus après sa mort. Il résume en peu de mots ce qui se raconte : il s’en alla proclamer la bonne nouvelle; cette bonne nouvelle a un visage inédit : elle s’adresse à toute sorte de gens et n’exclut personne.
Jésus dégage la forte impression qu’il n’exclut personne. Le soir venu, on transportait tous les malades à Jésus. Plus de 50 ans après sa mort, on retient son grand humanisme; et qu’il est un homme qui écoute tout le monde. Si on lit bien entre les lignes, nous comprenons que tous n’ont pas été guéris. Mais tous retrouvent une énergie nouvelle. Jésus dégage un magnétisme et une force thérapeutique[1] qui mobilise à changer sa façon de penser et d’agir. Marc traduit cela par le mot convertissez-vous.
Entre Jésus et la foule, il y a une belle histoire d’amour mutuel, sans condescendance. Jésus ne privilégie personne plus qu’une autre. Son message séduit : le temps des divisions, des classes sociales, des purs et des impurs est terminé. Sa devise rassemble : pas de murs entre les peuples, pas de peuples entre les murs (Mgr Gaillot). La foule perçoit que Jésus n’accepte pas la «normalité» d’une société qui exclut les petites gens; il souhaite que ceux qui sont dehors, bons et mauvais, soient ses invités d’honneur à sa table alors que ceux qui sont dedans refusent l’invitation (cf. Mt 22, 1-14).
Au début de son évangile, Marc démontre que Jésus n’expérimente pas sa bonne nouvelle en mode laboratoire, séparé des gens, mais sur la route, parmi les gens pour guérir l’humanité accablée de souffrances. Jésus porte sur les gens un regard qui est plus qu’un signe de politesse, de courtoisie; c'est un regard qui engendre un mouvement d’appartenance à une même humanité (Fratelli tutti, no 30), qui promeut une culture de la rencontre, un environnement d’égalité et de fraternité. Les vrais miraculés de Jésus sont ceux qui gardent leurs yeux fixés sur Jésus (cf. He 12,2.
En regardant Jésus et le voyant vivre, la foule est guérie d’un isolement stérile. Elle voit ses douleurs sociales (Catéchisme de l’Église catholique, no 1421), atténuées et s’implique à bâtir une société où il n’y a pas [que] les «autres», mais plutôt un «nous» (no 35). Avec Jésus, des nouveaux mots apparaissent : dignité pour tous.
L’évangile de Marc met en évidence la mission du chrétien : celle de prendre la main, de ne pas craindre de toucher les malades, de s’approcher des souffrants, de les regarder de près, de partager leur souffrance. Cela relève, guérit, remet debout, redonne de la dignité.
Ce serait nous éloigner de la bonne nouvelle que de penser que cela ne s’adresse qu’aux gens du dedans de nos églises. Le récit nous dit que ce même jour, au coucher du soleil, lorsque le sabbat prenait fin, on apporte à Jésus toutes sortes de malades et des possédés par un quelconque mal.
Nous, disciples de Jésus, nous devons bien enregistrer cette scène. La population entière, avec ses malades, s’attroupe devant la porte. Sommes-nous cette porte ? Que de gens aujourd’hui cherchent une porte, un lieu de rencontre chaleureux pour y verbaliser souffrances et déprimes. Sur les parvis de nos communautés, il y a beaucoup de gens qui souffrent. Nous sommes chrétiens pour eux.
À votre contemplation : Jésus a pris tellement soin des autres qu’il est devenu grand prêtre miséricordieux. Car ceux qu'il prend en charge, ce ne sont pas les anges, c'est la descendance d'Abraham (v. 16). Et si nous étions ce grand-prêtre pour les souffrants qui émergent de cette pandémie comme Jésus l’a été pour nous ? AMEN.
[1] Pagola, Jose, Jésus, approche historique, Éd. Cerf, 2012, p.173.