2020-A-Lc 11, 27-28-samedi 27e semaine ordinaire-sommes-nous des «made in Jésus» ?
Année A : samedi de la 27e semaine ordinaire (litao27s.20)
Lc 11, 27-28 ; Ga 3, 22-29 : sommes-nous des «made in Jésus» ?
Ce n’est pas anodin de le constater, cette déclaration montre le style Jésus. Contrairement aux rabbins, il reconnaît aux femmes le droit d’être des auditrices, des disciples qui suivent et pratiquent la volonté de Dieu à l’égal des hommes. Pour les femmes dans la foule, c’est une incroyable bonne nouvelle. C’est une réponse révolutionnaire, scandaleuse, choquante pour les rabbins. Jésus dit que l’essentiel de la foi se trouve dans une conversation quotidienne avec lui.
Jésus donne son hospitalité à tout le monde, toute sorte de gens, hommes et femmes, peu importe leur proximité ou leur distance avec le temple, peu importe leur manière de pratiquer la foi. Jésus déclare heureux ceux et celles qui écoutent la voix de Dieu qui ne retentit pas uniquement dans les murs du temple, à travers des pratiques rituelles, mais qui surgit du plus profond des cœurs et des consciences.
Il est facile d’entrevoir que l’émerveillement de la foule est à son comble en entendant Jésus déclarer sa joie de trouver des «écoutants» dans toutes les classes de la société, dans toutes les formes de pratique de la religion, ni sur cette montagne, ni à Jérusalem (Jn 4, 21), ni dans des espaces bien définis, sacrés. Aujourd’hui, cela est une réalité plus évidente que jamais.
Heureux sont ceux et celles qui s’habillent d’un comportement nouveau, d’un vêtement nouveau en acceptant de se départir de l’ancien. Certaines personnes sont incapables de se départir de leurs anciens vêtements. Heureux, dit Jésus à la foule hystérique d’entendre une telle déclaration, ceux et celles qui cherchent Dieu, peu importe où ils se tiennent. Ce vêtement nouveau est très dispendieux parce que sa simplicité désarme. Heureux, vous tous qui par le baptême avez revêtu le Christ (cf. Ga 3, 27).
Dans son homélie du Jeudi saint de 2007[1], le pape Benoît XVI offre une piste de réponse toute en image sur ce nouveau vêtement. L’écrivain russe Tolstoï raconte l’histoire d’un roi exigeant qui demanda un jour à des sages et à des prêtres de lui montrer Dieu afin qu’il le voit. Ils en furent incapables. Un berger se proposa à la tâche. Il dit au roi qu’il n’est pas suffisant de voir Dieu. Il faut s’habiller, vivre comme lui, faire ce qu’il fait. Questionné sur savoir ce que fait Dieu, le berger suggère au roi de changer ses vêtements royaux pour revêtir un simple habit de pauvre. Le roi accepte. Le berger lui donna alors cette réponse. C’est cela que fait Dieu.
Pour nous suggérer de changer de vêtements, Jésus montre son propre chemin. Il s’est abaissé, vidé de lui-même, a pris notre condition de serviteur (Ph 2, 8). Il s’est départi de sa gloire pour revêtir notre humus. Cela signifie se départir de nos petites glorioles pour préférer se vêtir de sa gloire ; d’accepter que mon moi et le sien s'interpénètrent réciproquement. Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi (Ga 2, 2). Rencontrer Jésus donne une autre direction, entraine un bouleversement profond, inaugure une vie habitée d’une présence réelle.
Demandons-nous, ce matin, quel vêtement nous portons le mieux : celui de notre autosuffisance ou celui de l’amour ? Quelle est la qualité de notre relation avec Jésus ? Sommes-nous empressés de déclarer heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu par un autre chemin que le nôtre ? Nous ne portons pas tous le même vêtement. Il y en a qui ne nous conviennent pas. Aucune béatitude n’est plus grande que d’écouter la parole de Dieu et de la mettre en pratique, que d’être des «made in Jésus», des «fabriqués» par la parole.
Écouter la parole de Dieu, c’est se façonner lentement un cœur «made in Jésus», capable de dialoguer avec le monde tel qu’il est. À ceci tous reconnaitront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres [Jn 13, 35). Jésus n’est que présence réelle aux autres. Sa réponse dévoile que Jésus trouve son Dieu dans sa relation avec les autres. Pour nous en convaincre, regardons ses paraboles toutes issues de son quotidien. Cette vision invite à un sérieux déformatage de nos manières de nous revêtir, d’être «made in Jésus».
En s’interrogeant ouvertement sur qui est ma mère, Jésus propose de déconfiner, de déformater nos façons de reconnaître les croyants. Recevons cette réponse de Jésus comme une aventure spirituelle toujours en mode recommencement. AMEN.
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