2020-A-Mc 6, 17-29 - samedi 21e semaine ordinaire- c'est la vie qui parle
Année A : samedi de la 21e semaine ordinaire (litao21s.20) 29sept.
Mc 6, 17-29 ; Jer 1, 17-19 : c’est la vie qui parle.
Les premières lignes du récit des Actes des apôtres définissent ce que sera l’annonce de l’évangile. Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 1, 8). De saint Jean-Baptiste à nos jours, l’évangile atteint les cœurs quand, aidée par la puissance de l’Esprit saint, c’est la vie qui parle. La langue est nécessaire. Elle n’est pas le plus puissant langage pour dire l’évangile. Elle peut ruiner la parole (cf. Si 5,14). Se limiter aux mots est un péril à éviter.
Nous avons entendu, non le récit d’un homme qui ne mâche ses mots quand il traite les pharisiens de races de vipères (cf. Mt 23,33) sur les bords du Jourdain ou lorsqu'il rappelle à Hérode Antipas son comportement inacceptable, mais bien le récit d’un maître qui nous apprend à vivre en chrétien.
Jean n’est pas préoccupé de sauver sa vie. Quand il envoie des disciples demander à Jésus qui il est, il veut savoir si Jésus est bien celui qu’il annonce. Beaucoup de questions se déroulent dans sa tête.
A-t-il raison de lui faire confiance vu que sa conduite selon les notables est étrange ? Vu que Jésus est regardé comme un «étrange étranger» ?
S’est-il trompé de Messie en le reconnaissant sur le bord du Jourdain et en déclarant Je ne suis pas le Messie ?
En laissant ses disciples aller vers lui ?
En s’effaçant devant lui ?
Personnalité très forte, il ne se sentait plus ravi de joie en écoutant la voix de l’époux (cf. 1,29). Lui dont un chartreux a écrit qu’il avait un cœur tellement ouvert aux immenses horizons du désert dont la moindre lumière éblouit[1] vivait, dans sa prison, un déchirement intérieur plus profond que son martyr appréhendé par la méchanceté d’Hérodiade et l’agenouillement d’Hérode. Le plus grand des enfants des hommes se sentait ébranlé dans sa foi en Jésus. Il vivait une nuit de foi profonde. Son état d’esprit est de tous les temps.
Ce matin, contemplons plus que l’histoire d’un martyr, mais celle d’un humain déchiré intérieurement dans sa foi comme Jérémie et tant d’autres. Il n’a pas laissé sa remise en question prendre le dessus sur sa foi. Il s’est refusé à «dé-croire» celui dont il avait annoncé et reconnu l’arrivée. Jean est l’icône de tous les chercheurs de Dieu.
Se tenir debout au milieu de tant de remise en question est une mission redoutable. Ce fut celle de Jérémie à qui il fut dit : je fais de toi une ville fortifiée, une colonne inébranlable, une tour de fer. Celle de Jean dans les mots de Didier Rimaud : heureux ceux que Dieu a choisis pour être au monde qui gémit comme en douleurs de sa naissance. Il fait mûrir toute souffrance, en fruits de paix, en liberté pour que son nom soit sanctifié. Celle de chacun d’entre nous qui, au milieu de nos questionnements, maintenons nos gros sabots (pape François) dans les pas de jésus.
Jérémie et Jean sont choisis par Dieu avant leur naissance. Leur vie montre que la puissance de l’Esprit de Dieu les habite. Plus que leur parole, leur vie brille, parle la parole. Ils mettent selon un bel adage mexicain leur propre chair au feu.
Reprenons en terminant les mots de la lecture. Ils nous sont adressés en ces temps qui ressemblent à ceux du prophète. Ne te laisse pas accabler […] Je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze pour faire face à tout le pays […] ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi. AMEN.
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