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2020-A- Mt 16, 13-19- chaire de saint-Pierre

Année A : samedi de la 6e semaine ordinaire (litao06s.20)  

 Mt 16, 13-19 ; 1 P 5, 1-4 : offrir un visage et une chair québécoise à notre parole  

Pensons ce matin à tous ces disciples missionnaires, prêtres, religieuses, religieux, laïcs qui ont été des courroies pour nous transmettre Jésus. Notre foi ne vient pas de nulle part. Elle repose sur la chaire de saint Pierre dont la mission est d’ouvrir l’entrée au royaume des Cieux, pas pour la fermer, disait le pape François le 22 février 2017.

Le style de vie très simple du pape François, son ouverture et son accueil inconditionnel, sa capacité d’aller à la rencontre de toutes les cultures laissent deviner que la chaire de saint Pierre est plus qu’une mémoire, répétée annuellement. C’est un peuple qui, par la voix de Pierre, avance plus profondément dans cette tâche de bien communiquer Jésus, de bien le présenter pour ne pas en trahir son identité. Jésus n’est pas que le fils de Joseph (cf. Mc 6, 1-6). Il est comme une fleur fragile qui cherche à s’épanouir au milieu des pierres de la violence (Message de la journée mondiale de la paix, 2019).

Pour (re)devenir crédible, il faut que toute «chaire de saint Pierre», que toute parole de Dieu (2 Pi 4,11) que nous sommes par notre baptême, puisse offrir une parole qui parle. Il faut dérouiller notre langage en retournant à la source qu’est Jésus fait chair, parole incarnée dans une terre et une culture différente de la nôtre. Il faut se débarrasser d’une parole bonne, mais étrangère[1], du langage des dogmes, de celui du catéchisme catholique qui résonne comme une parole qui ne parle plus.   Il faut décléricaliser la Parole.

Est-ce que notre parole parle ? Offrons-nous plutôt une parole qui ne passe plus ? Une parole qui parle n’est pas une parole de bonnes réponses à donner. C’est une parole née de l’écoute des questions posées. C’est une parole contemplée, longuement méditée. Devant la Parole, il n’y a pas ceux qui savent et ceux qui ne savent pas. Il n’y a que des chercheurs de Dieu. Maurice Blondel écrivait déjà en 1893 qu’au moment où l’on semble toucher Dieu, il échappe […] Partout où l’on reste, il n’est pas ; partout où l’on marche, il est […][2].  

En visite en Thaïlande, en rencontrant des prêtres, des personnes consacrées et des catéchètes, le pape exprime que le premier défi, et cela vaut pour nous ici, est d’offrir un visage et une chair thaïlandais. Il faut inculturer l’évangile davantage[3]. Cette fête-mémoire existe pour mettre en doute notre langage afin d’offrir un visage et une chair québécoise à notre parole sur Dieu. Ce n’est pas chose aisée, car nous devons utiliser des mots humains pour définir des vérités non humaines (Spong John).  

En 1659, l’ex Saint-Office, créé par le pape Grégoire XV en 1622, prescrivait ceci aux missionnaires : n’introduisez pas chez eux notre pays, mais la foi, cette foi qui ne blesse ni les rites ni les usages d’aucun peuple. Le texte ajoute: empressez-vous de vous y habituer. Admirez et louez ce qui mérite la louange[4].

Chez nous, l’arrivée de prêtres venant d’ailleurs et leur défi de s’insérer dans notre culture soulèvent cette urgence  de changer notre langage sur Dieu. Une lecture littérale ne passe plus. Présenter Dieu comme un être lointain, une réalité surplombante (Marcel Légaut) extérieure à nos vies ne passe plus. Dieu est présent dans les visages du moindre de nos frères et de nos sœurs. Les opposants à ce langage vivent l’angoisse de s’éloigner d’une lecture littérale. Cela se nomme l’intégrisme. 

En conclusion, une question : demandons-nous si ceux que nous rencontrons voient sur nos visages la joie d’être des chaires de saint Pierre, d’être des paroles de Dieu ? Nous pouvons offrir la meilleure des organisations, mais sans la joie d’être des paroles de Dieu, la bonne nouvelle n’est pas annoncée.

Ce qui nous met en liesse (Ps 46,5) est une parole, celle qui, bâtie sur le roc, ne peut être cachée (Mt 5, 12). AMEN.

Autres réflexions sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2014-mtt-16-13-19-chaire-de-saint-pierre-une-pierredachoppement

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2008-chaire-de-pierre-et-paul-mtt-16-13-19

 

Évangile: 
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Date: 
Samedi, 1 février, 2020

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