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2019-C-Lc 6,1-5 - samedi 22e semaine ordinaire - nouvelle constitution évangélique

Année : samedi de la 22e semaine ordinaire (litco22s.19)  

Lc 6,1-5 ; Col 1,21-23 ; Ps 53,3-4.6.8 : une nouvelle constitution évangélique 

Ce jour de sabbat apporte un langage éminemment symbolique. Luc, comme les autres évangélistes, ne transcrit pas les paroles de Jésus. Jésus n’a rien écrit. Il interprète, après s’être renseigné, ce qu’il a cru entendre de ce qu’on lui a dit de Jésus. Jean Yves Leloup, analysant le Cantique des cantiques, affirme que nous ne sommes pas les gens du Livre, mais les gens de l’interprétation[1]. Jésus ne livre jamais des recettes toutes faites. Il nous invite, dois-je dire, il nous condamne à le comprendre.

Comprendre que nous sommes des invités à passer sur l’autre rive. À vivre sur l’autre rive du sabbat.  Cette autre rive n’est pas un lieu, mais une autre manière de vivre sa foi.  D’entrer en relation avec Dieu. Jésus se fait le promoteur d’un état de liberté intérieure, d’une sortie d’un langage juridique tout axé sur le visible, sur ce qui se voit. Cet état expulse les manières autoréférentielles de vivre qui font tourner en rond, et qui centrent tout sur sa petite personne. Le vrai sabbat est l’expérience de l’union et de la rencontre d’un plus grand que nous qui vit en nous.  Il ouvre sur une relation intense avec Jésus, une intimité de  dialogue et de vie pour le reconnaître comme le Seigneur (cf. Jn 21,12). Il exige une sortie de soi pour entrer en soi. Sors de ton pays et va vers toi-même (Gn 12, 1).

L’attitude de Jésus ne reprochant pas à ses disciples leur geste est une véritable bombe. Elle est aussi une véritable réorientation théologique. Jésus réoriente la manière de vivre sa foi. Désormais, l’essentiel est d’être avec Jésus. Jésus décentralise le pouvoir religieux. Tout ne repose plus sur les chefs religieux et leurs acolytes immédiats. Jésus profite de la lourdeur de la pratique religieuse pour élaborer,  permettez-moi de l’exprimer ainsi, une nouvelle constitution évangélique : prêcher l’évangile.

Jésus réimagine une nouvelle manière de vivre en croyant. Il refuse de coudre du neuf sur un vieux vêtement (cf. Mc 2,21). Il déboulonne un système religieux qui crée des exclus. Il trace les grandes lignes du principe de subsidiarité que l’on souhaite vivre aujourd’hui. Il offre de nouvelles avenues. Cette histoire du blé arraché est riche pour notre  ecclésial d’aujourd’hui!

Alors que les chefs religieux et leurs gardes rapprochés contrôlaient tout, Jésus réoriente le regard sur les vraies questions de l’heure, dont celle de se réjouir de la présence de l’Époux. Tout le reste est secondaire. Jésus donne sa bénédiction à une vie  vécue en profondeur. À une foi axée sur l’essentiel. Voilà l’impressionnante conclusion à tirer de cette histoire de l’épi arraché. 

Cette histoire fait comprendre que respecter la loi ne signifie pas en vivre. Exister n’est pas vivre. Jésus arrache ses disciples d’un mode existence étouffant, paralysant pour les introduire dans un espace de grande liberté.  Ce geste spontané de se nourrir quand la faim nous prend dégage un nard d’un précieux parfum qui, comme celui de la femme versant son parfum sur les pieds de Jésus (cf. Jn 12, 1-12; Lc 7,36-8,3), se répand tout autour dans l’environnement. Ce geste, à n’en pas douter, a dû faire réagir des nez incapables de humer la qualité de l’arôme.

Toute sa vie, Jésus, au milieu de voix discordantes, privilégie le dialogue pour affronter résistances et hostilités. Il place la personne au centre et conteste une autorité supérieure qui cherche à préserver ses droits acquis. Jésus, c’est peu mentionné, s’oppose à toute prédication qui aveugle et déresponsabilise le croyant ordinaire[2].  Le blé arraché un jour de sabbat  ouvre sur un nouveau comportement : l’égalité entre les chefs religieux et le croyant.   Jésus place, c’est une véritable bombe,  les chefs religieux au service des croyants et non le contraire.

 Que Dieu me vienne en aide (Ps 53,3) pour maintenir bien vivante chez nous et en nous cette réorientation qui se voit dans le silence de Jésus ne reprochant pas à ses disciples leur nouveau comportement. AMEN.

 

[1] Leloup, Jean Yves, Le Cantique des cantiques,  Éd. Albin Michel, 2017, p.86). 

 

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Date: 
Dimanche, 1 septembre, 2019

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