2019-C-Lc 4, 38-44- mercredi 22e semaine ordinaire- prendre soin de Jésus
Année C : mercredi de la 22e semaine ordinaire (litco22me.19)
Lc 4, 38-44 ; Col 1,1-8 : prendre soin de Jésus
Quelle est cette grâce et [cette] paix dont parle Paul? Et il donne lui-même cette réponse : c’est connaître Jésus. Connaitre Jésus pacifie, réconcilie et conduit à être animé de son amour, à ne jamais prononcer un mot qui sert à diviser, jamais un mot qui apporte la guerre, de petites guerres, jamais [de] bavardages[1]. Cette grâce et cette paix ne consistent pas à résoudre tous les problèmes, mais bien à entrer au cœur des problèmes pour les voir de l’intérieur.
Les foules le cherchaient. C’est un peu court que d‘affirmer cela. C’est oublier que c’est plutôt le Bien-aimé qui cherche sa Bien-aimée, que c’est Jésus qui se déplace vers Cana pour y rencontrer les époux (Jn 2,1-11). Impossible de faire connaissance avec le Jésus, l’envoyé du Père, sans qu’il ose se déplacer vers moi. Pour arriver vers nous, Jésus a parcouru un long chemin de l’histoire. Longtemps annoncé.
Dieu s’est engagé à me chercher, Adam, où es-tu ? Un autre psaume le supplie à venir vers moi. J'ai erré comme une brebis perdue ; cherche ton serviteur (Ps 118). Jésus me cherche et m’invite à lui faire de la place dans l’intimité de mon cœur. Il me cherche pour m’inclure parmi ses amis; parce qu’il me sait avoir besoin de guérison. Heureusement pour nous, Jésus n’est pas sélectif dans ses choix.
On t’avait jeté par terre, écrit le prophète Ézéchiel, au mépris de ta vie […] et passant près de toi, je te vis […], te voyant je te dis : vis et tu t’es mis à grandir (Ez 16, 5-6).
La fréquentation de l’Évangile permet de découvrir qu’on peut compter sur sa fidélité, sans fin, à jamais (Ps 51, 10b). Il me cherche pour me rendre la joie d’être sauvé. La joie de se lever et de le servir comme cette femme que Jésus relève de son lit.
Jésus se tient en mode recherche, non pour me faire sentir nu (cf. Gn 3, 10), non pour me dévisager, mais pour poser son regard sur moi (cf. Mc 10, 21), un regard tellement fou de moi qu’il me transforme et non me déforme. Qui ne se souvient pas de ce fameux parce que je t’ai vu sous le figuier (Jn2, 47) qui a fait basculer l’incrédule Nathanaël du côté des défenseurs de Jésus.
Trop souvent, mon regard s’arrête sur le geste de Jésus. Plus rarement, il s’attarde à ce lien d’amitié très fort qu’il souhaite entretenir avec chacun de nous. À bien des reprises […], il a parlé à nos pères par les prophètes […] à la fin, il nous a parlé par son Fils (He 1, 1). Le très grand priant Jean de la Croix tire comme conclusion à ce passage de l’épitre aux Hébreux que ce serait une sottise de ne pas l’accueillir, de ne pas le laisser nous guérir de notre éloignement, de notre peu de souci de sa présence, de notre aveuglement à ne pas le regarder comme le fils de Dieu, mais seulement comme un «guérisseur».
Un chrétien c'est celui qui prend soin de Jésus, répétait souvent Darwin Ramos[2], un jeune philippin de 17 ans, décédé en 2012 d'une myopathie, une maladie atrophiant petit à petit ses muscles, que l’Église, le 29 mars dernier, vient de reconnaître comme serviteur de Dieu. Il a été un «Jésus» pour les enfants malades pour qui sa seule présence souriante redonnait joie et espérance. Il ne parlait jamais de sa maladie, mais de sa mission, observe le postulateur de sa cause.
À votre contemplation : prenons-nous soin de Jésus comme il prend soin de nous ? Prenons-nous soin à l’heure d’une laïcisation qui efface tout signe religieux de ne pas craindre de montrer notre foi ? Un chrétien, c’est quelqu’un qui prend soin de Jésus. Comment ? En prenant soin des autres. De la création. C’est à moi qui vous l’avez fait (Mt 25). En refusant toute vie en forme d’égoïsme (audience, 26/6/19). AMEN.