2019-C-Mt 5, 17-19 -mercredi 10e semaine ordinaire- notre capacité vient de Dieu
Année C : mercredi de la 10e semaine ordinaire (litco10me.19)
Mt 5, 17-19 ; 2 Co 3, 4-11 : notre capacité vient de Dieu
Qu’est-ce qui dirige nos vies ? Quelle loi dirige nos vies ? En reprenant le chemin du Temps ordinaire, ces questions reprennent toutes leurs pertinences. Il est temps de savoir où nous voulons nous diriger, si nous désirons vivre une plus grande intimité avec la manière dont Jésus approche la loi ou de dépendre entièrement de la loi. Il ne s’agit plus de retourner à nos affaires comme les disciples retournant à leurs affaires, à leur barque. Il faut demeurer en route, en état de marche parce que c’est en marchant que Jésus nous rejoint. C’est en marchant qu’il nous accompagne. Ce matin, l’attitude de Jésus est surprenante.
Il ne nous dit pas, il dit. Il ne dit pas qu’il veut détruire la loi. Il dit vouloir l’accomplir. Il ne dit pas que tout est pardonnable. Il dit : tout péché sera pardonné aux hommes (Mt 12, 31). Il ne dit pas que tout est de la faute de l’autre. Il dit : pardonne-nous […] comme nous pardonnons (Lc 11, 4). Il ne dit pas que celui-là, le condamné qui meurt à ses côtés, n’est qu’un malfaiteur. Il lui dit : aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis (Lc 23, 43).
La liste de ce que Jésus ne dit pas est très longue. Jésus offre de vivre, de bien vivre sans détruire les autres. Le pape François, dans son Exhortation sur la sainteté (no 104), écrit : Le seul critère pour évaluer notre vie, [pour l’accomplir] est, avant tout, ce que nous avons fait pour les autres. L’attitude de Jésus nous indique un chemin pour mener une vie pleine, un sentier à parcourir pour une existence qui a du sens.
Un Ancien, Abba Poemen, à un moine qui lui demandait s’il fallait donner des ordres à quelqu’un qui n’obéissait pas aux règlements du monastère, répond : ne donne pas des ordres, mais devient pour eux un modèle. Quelle belle attitude de Jésus à notre endroit ! Il n’a été, il n’est qu’un modèle.
Jésus ne dirait pas aujourd’hui que telle personne est intégriste, moderniste, gauchiste, fasciste, mécréante, bigote. Il agirait pour montrer qu’il est venu pour qu’ils aient la vie […] en abondance (Jn 10, 10). Il offrirait comme chemin pour mener une vie heureuse la réponse qu’il donnait au jeune homme riche; celui-ci l’interpellait sur la façon d'obtenir la vie éternelle ou comment bien vivre sa vie : laisse tomber tes comportements de contrôle des autres, délaisse tes ambitions de toujours posséder plus, cesse de vivre de toi-même, de vivoter sur toi-même et tu auras un [grand] trésor (cf. Mc 10, 17-21). Je ne suis pas venu, dit-il au jeune homme riche, pour détruire ta recherche de bonheur, mais te proposer un autre chemin. Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi […], mais l’accomplir (Mt 5, 17). La lettre tue, l’Esprit donne la vie (2 Co 3, 6).
Le pape François, inaugurant une série de catéchèse sur les commandements, donne l’image de chrétiens qui préfèrent demeurer des nains, des personnes de petite taille plutôt que de grandir[1]. Jésus propose de grandir, de passer de l’enfance à la maturité spirituelle. D’accomplir sa vie. Au jeune homme riche, il suggère d’avoir une richesse telle que ses richesses perdent leur valeur jusqu'à devenir presque «sans intérêt». Ce qui dans une certaine mesure, vient de dire Paul, a été glorieux ne l’est plus (2 Co 3, 10). Est déclaré grand dans le royaume de Dieu, non celui qui obtient plus, mais celui qui entre en relation avec une Parole (cf. Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, no 142). Dieu n’est pas un étranger. Il est relation, Dieu avec nous.
Comprenons de cette page de Matthieu ; Dieu prend soin de nous. Il pense tellement à chacun de nous qu’il est venu nous détacher de la pesanteur d’une vie purement légaliste. Quel père refuserait d’aimer son fils parce que son comportement est inacceptable ? À l'heure actuelle, ce dont notre monde a le plus besoin, ce n’est pas d’ajouter des lois protectionnistes aux lois, mais de voir des personnes capables de prendre soin des autres, des chrétiens avec un cœur de fils, un cœur nouveau habité par un esprit nouveau, l’Esprit de Dieu (cf. Ez 36, 24-28); ce que la liturgie a souligné en terminant ce temps pascal. Ce cœur nouveau, dit Paul, vient de Dieu. Notre capacité vient de Dieu.
L’oraison d’ouverture est à méditer : éloigne de nous, Seigneur, tout ce qui nous arrête […] pour accomplir ta volonté. AMEN.