2018-B- Lc 21, 34-36 samedi 34e semaine ordinaire- tiens ton oeil ouvert
Année B : samedi de la 34e semaine ordinaire (litbo34s.18)
Lc 21, 34-36 : tiens ton œil toujours en éveil
Tenez-vous sur vos gardes ! Restez éveillés, répète Jésus. Si Jésus insiste tant sur la vigilance, c’est qu’il connait bien nos cœurs. Nous nous laissons souvent accaparer par les soucis temporels, submergés par l’invasion de toutes ces nouvelles d’opacité qui finissent par endormir notre vie intérieure. Nos cœurs s’assoupissent rapidement.
La parabole des vierges avisées et des vierges insensées (cf. Mt 25, 1-13) illustre cette exigence de la vigilance si nous voulons marcher à la rencontre de l’Époux qui vient. Tout chercheur de vie intérieure est un veilleur qui doit tenir sa lampe allumée pour éviter que le noir l’emporte sur la lumière. Sans vigilance, nous risquons de manquer de l’huile qui alimente nos cœurs par le dedans et nous maintient en éveil.
Rester éveillés à Dieu est un combat permanent. Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit saint qui viendra sur vous. Puis, ajoute Luc, Jésus se déroba à leurs yeux (v.11). C’est, en fait, les dernières paroles de Jésus avant son Ascension (Ac 1, 2-11)
Le monde nous offre présentement un supermarché d’idoles (audience du 06/08/18) qui nous endorment par leur promesse d’un bonheur qu’elles ne donnent pas. Nous plaçons ce qui n’est pas Dieu au top de nos priorités. Nous refusons toutes formes de sacrifices et pourtant nous sacrifions beaucoup pour servir nos idoles, ces divinisations de ce qui n’est pas Dieu, jusqu’en devenir leur esclave plutôt que de bâtir nos maisons sur le roc (Lc 6, 48).
Restez éveillés pour éviter à Jésus de ressentir, pour utiliser l’expression de sœur Battista, cette huitième douleur mentale qu’est l’ingratitude de notre part. Il y a pire que la trahison de Judas, c’est notre ingratitude. Et sœur Battista ajoute: mon bon Seigneur, comment pourrais-je te remercier de m’avoir supportée, moi qui t’ai fait mille fois plus de mal que Judas. J’ajoute, en ne restant pas éveillé.
Le défi de toute vie chrétienne, et spécialement d’une vie en communauté, est bien de ne pas nous endormir dans une pratique qui ressemble bien à la maladie de parkinson, cette maladie qui fait qu’on pose des gestes et des mouvements automatiques, répétitifs, non guérissables, dit la science médicale et qui risque de scléroser toute vie et de faire oublier notre ferveur première.
Sœur Battista observe dans sa cinquième recommandation à un disciple, recommandation qu’il faudrait relire en entier, qu’ils suivent la vie commune, les cérémonies, les us et coutumes tout comme le feraient des chèvres qui voyant l’une d’entre elles sauter, la suivent sans savoir pourquoi. Elle poursuit en observant qu’il est facile de tout régler selon tes goûts dans les choses extérieures. Beaucoup dorment, dit-elle, dans la vie religieuse.
En terminant l’année liturgique par cet appel à maintenir nos yeux fixés sur Jésus plutôt que sur ce qu’appelle sœur Battista des illusions diaboliques, et en inaugurant la prochaine année par ce même appel, l’Église nous place devant une évidence : celle de la vigilance que le pape François traduit souvent par le discernement. Cette vigilance est source de bonheur. Mieux une béatitude, une dimension essentielle de toute vie.
Contemplons ces mots qu’adressait le pape François en ouvrant le temps de l’avent 2017 : être attentifs et être vigilants sont les conditions pour permettre à Dieu de faire irruption dans notre existence […] pour ne pas continuer à errer loin des chemins du Seigneur […]. Que la très Sainte Vierge, modèle dans l’attente de Dieu et icône de la vigilance, nous conduise à la rencontre de son fils Jésus, en ravivant notre amour pour lui. Que la prière nous tienne vigilants et dans l’Action de grâce (Col 4, 4). AMEN.