2018-B-Lc 2, 33-35 - Notre- Dame des douleurs
Année-B- Notre dame des douleurs (litbo23s.18)
Lc 2, 33-35 - debout et près de la croix
Je me souviens de cette mère qui chaque semaine se rendait visiter son fils emprisonné malgré son maigre revenu. Elle me disait, un jour en consultation: comme j’aimerais prendre la place de mon fils. Il n’y avait pas grande différence entre la souffrance de son fils et la sienne. Elle n’avait pas honte de son fils. Elle se sentait même un peu responsable de ce qui lui arrive. Voilà le cœur d’une mère. Voilà le cœur de Marie.
La discrétion de Marie nous empêche de mesurer l’immensité de sa douleur. Elle fut tellement grande cette douleur que Sainte Battista Varano en parle comme l’une des sept douleurs mentales que Jésus a éprouvées. Elle écrit: Il y a surtout cette lame tranchante qui blessa et transperça mon âme, à savoir la douleur de ma mère toute pure et innocente […] comme aucune autre personne ne le fut ni ne le sera jamais […] il n’y eut jamais de mère ni de personne plus douloureuse en ce monde que ma très douce mère des douleurs […] Elle fut un autre moi-même sur terre quant aux peines et à la passion. […]
Marie a souffert le martyre dans son cœur pendant que Jésus souffrait sur la croix. La Passion du Fils, elle l’a vécue jusqu’au fond d’elle-même tant elle était pleinement unie à la souffrance de son fils. Uni à lui dans la mort, Jésus lui a fait le don de sa résurrection. Le Christ fut le premier des ressuscités. Marie a été la première des rachetés, la première de ceux qui appartiennent au Christ.
Debout et, précise saint Jean, près de la croix parce qu’on peut être affaissé, déprimé, écrasé près de la souffrance de quelqu’un. Debout parce que son oui était plus fort que jamais auparavant. Debout pour recevoir dans ses bras son fils à sa descente de la croix. Debout, précise saint Bernard, pour entrer dans la passion de son Fils.
Marie n’était pas debout à distance. C’est facile d’être debout en se tenant loin. Marie était tout près de la croix et debout. Sainte Battista laisse entendre son indéfinissable douleur quand elle ajoute ses paroles dans la bouche de Jésus : ô, mère de Dieu, je ne veux plus t’appeler mère de Dieu, mais mère de douleur, mère de souffrance, mère de toute affliction qu’on [ne] peut imaginer. Saint Anselme confirme cela : votre douleur, ô vierge Marie, a été la plus grande qu’une personne ait endurée.
Debout et près de la croix. Debout pour être près, le plus près possible de son fils mourant. Ce sont deux mots à contempler aujourd’hui. Deux mots qui nous font saisir la profondeur de la douleur de Marie. Debout, marchant à ses côtés, près de lui, l’accompagnant sur la route.
Catherine de Hueck Doherty[1] écrit qu’en Marie, l’amour et la passion non seulement se donnent la main, non seulement escaladent les sommets escarpés des montagnes, mais sont enlacés l'un à l'autre. Il n'y a pas d'amour sans souffrance et pas de souffrance sans amour. L'une est inconcevable sans l'autre : l'amour sans souffrance est inconcevable.
Debout et près de nos croix aussi. Comme cette mère visitant son fils emprisonné, Marie n’a pas honte de nous. Elle marche avec nous, nous accompagne. Elle se tient debout et près de nous avec la même présence, la même compassion, la même proximité parce qu’elle est notre mère. Une antienne mariale ancienne fait cette demande à Marie : ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais délivre-nous de tous les dangers.
À votre contemplation : que cette demande du Stabat mater se réalise en nous, dans notre Église : nous tenir, là, debout près de la croix avec vous, ô Marie. Nous tenir debout avec l’aide de Marie près de toutes les croix du monde. La croix, toutes les croix, sont trop terribles pour être portées sans l’aide de Marie. AMEN.