2108-B-Lc 8, 4-15- samedi 24e semaine ordinaire - Semeur d'une Parole
Année B : samedi de la 24e semaine ordinaire (litbo24s.18)
Lc 8, 4-15 ;1 Co 15,35-37.42-49- le semeur
Quand aujourd’hui parlons-nous de Confucius, de mahatma Gandhi, de Martin Luther King ? Tant de personnes célèbres sont mortes. Un homme, nous dit Saint Paul, est passé sur l'écran de notre histoire, il ne disait qu’une chose sur la route, une chose qui donnait vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds, déliait les paralytiques : dans trois jours, je rebâtirai ce temple. (Mc 14, 58; Jn 2, 19). Ce qui fut dit fut fait.
Si je comprends bien ce que Paul vient de nous dire, c’est que les pompes funèbres sont en chômage. Je vous rappelle l'évangile que je vous ai enseigné, le Christ est mort pour nos péchés […], il a été enseveli […], est ressuscité […], est apparu à Pierre, puis aux douze […], à moi l'avorton, car je suis le moindre des apôtres (1 Co 15, 1).
Jésus est mort, c’est croyable. Il est sorti vivant du tombeau, c’est possible, parce qu’incroyable (Tertullien). Que faut-il faire alors pour que ce qui est incroyable nous fasse vivre ? Que faut-il faire pour introduire nos vies dans ce qui est incroyable ? Si tu crois dans ton cœur que Dieu l'a ressuscité des morts et que tu le confesses de ta bouche tu seras sauvé (Rm 10, 9). On ne nous demande pas de nous associer à des œuvres de charité,ni de ne pas payer nos impôts aux César du monde, ni de ne pas pratiquer parfaitement le testament de sainte Claire, rien de cela. La Parole de Dieu dit que tout ce que nous avons à faire, c'est croire que Dieu l'a ressuscité des morts. Et Paul ajoute : tu seras sauvé.
La finale de l’évangile entendu tantôt traduit cela autrement : ceux qui entendent cette parole et la retiennent portent un beau fruit (Lc 8, 15). Notre avenir, c’est la résurrection. Il n’est pas facile de comprendre cela. Seule la foi nous rend accessible cette certitude, commencée par le baptême qui ensemence en nous une vie autre que seulement humaine et auquel nous participons déjà (cf. catéchèse du 4 décembre 2013).
Jésus est sorti pour déposer en nous une semence de vie. Comme toute semence, sa germination progresse lentement. Dieu n’exige pas que nous soyons maintenant ce que nous serons demain. La vie de ressuscitée est faite de phases en développement. Dieu n’exige pas que nous vivions en ressuscité, subito presto. Ce qui a été annoncé progressivement par le Dieu d’Israël est progressivement devenu le cœur de la foi chrétienne, affirme le catéchisme (no 988-994). Le programme du chrétien est un cœur qui voit (Benoît XVI, Deus caritas, no 31) se réaliser lentement cette semence de vie en lui.
Jésus sort pour prendre le grand large. Il va vers les terres les moins achetables par les promoteurs de toute sorte, les moins rentables, parce que le coût de leur dépollution est inestimable, celles auxquelles personne ne voudrait même si on leur donnait; voilà celles qui attirent le semeur pour y jeter sa semence. Aucune terre n’est exclue du semeur. C’est Jésus, le laboureur, qui redonne à toute terre sa qualité première. Jésus est le dépollueur de nos terres.
Si Jésus avait commencé par choisir de bonnes terres pour y jeter sa semence, il n’en aurait pas trouvé. Quel réconfort que de réaliser que nos terres avec leur degré de puanteur, de pollution, de contamination, d’extrême sécheresse ne repoussent pas le semeur. Rien n’est impossible à Dieu.
Laissons Jésus semer en nous sa parole qui élève, relève nos vies. Personne ne voit comment grandit cette semence. On en voit seulement les effets, les fruits. Quiconque laisse le soleil réchauffer sa terre sent éclore en lui un beau fruit qui attire les regards, qui fascine et donne le goût de le savourer. Quand nous perdons la beauté de ce fruit, on perd la joie et le cœur finit par se dessécher (Evangelii gaudium, no 2).
Si la définition du chrétien est d’être « témoin de la Résurrection », alors notre tâche première est de semer sans crainte dans les cœurs une parole pour que se lève lentement des femmes et des hommes qui n’ont pas peur à leur tour de sortir hors de leur sécurité pour rejoindre des terres minées par la recherche exagérée de soi. AMEN.