2018-B-Mc 9, 2-10 - transfiguration : Comme un gyrophare
Année B : Transfiguration de Jésus (Transfiguration 18)
Marc 9, 2-10 Comme un gyrophare
Pour le sculpteur Alberto Giacometti, la grande aventure [humaine …] est de voir surgir quelque chose d’inconnu, chaque jour, dans le même visage. C’est plus grand que tous les voyages autour du monde. Et l'évangile de la transfiguration atteste cela. Chaque fois que je contemple cette page, il me semble que je vois surgir, sur le visage de Jésus, quelque chose qui m'était inconnu.
Jésus a amené avec lui sur la montagne Pierre, Jacques et Jean pour sculpter leur regard. Aujourd’hui, c’est nous qu’il amène pour sculpter notre regard. Qu’il en soit remercié. Il nous emmène voir la beauté éternelle, la Beauté, source de toute beauté, pour nous faire goûter toute sa Bonté. Il a ordonné à ses apôtres de n’en rien dire. Il nous demande de crier avec le poète Patrice de la Tour du Pin : criez-le, il fait céleste par devant. Criez-le parce que vous l’avez contemplé de vos yeux (1 Jn 1,2). Parce qu’il est impossible de nous taire (Aa 4, 20).
Sur la route de Damas, Jésus a aussi sculpté, enlevé des yeux de Paul ce qui encombrait son regard. Celui-ci fut tellement ébloui qu'il en perdit la vue mais non la voix. Les disciples perdirent la vue et la voix devant ce jamais rien vu de pareil...
Ce qui arrive aux proches collaborateurs de Jésus sur la montagne, ce qui arrive à Paul sur la route de Damas, peut nous arriver quand nous contemplons Jésus. Contempler, c'est faire surgir en nous quelque chose d'inconnu. C’est laisser Jésus sculpter notre regard pour nous permettre de le voir dans son «entier». Ne disons pas qu’il est bon que nous soyons ici, mais il est bon que nous passions par cette montagne du Thabor pour aller à la montagne du Calvaire (François de Sales).
La transfiguration, c’est un phare à ne pas quitter des yeux, un point de repère à l’horizon de nos journées, un gyrophare qui éclaire nos nuits. Toutes nos croix aussi.
Descendons de la montagne, descendons dans nos cœurs, descendons vers les plus assoiffés de lumière, vers les plus assombris aussi et crions-leur qu’il nous fait céleste par devant. Que nous sommes des fils bien-aimés du Père.
Quiconque demeure capable de voir la beauté, ne devient jamais vieux (Gustav Janouch, Conversations avec Kafka). Alors pour ne pas devenir vieux, posons notre regard sur la splendeur du Père (Claire d'Assise). Amen.