2018-B-Jn 16, 23b-28 - samedi 6e semaine de Pâques- tourné vers le plus grand
Année B : samedi de la 6e semaine de Pâques (litbp06s.18)
Jn 16, 23b-28 ; Ac 18, 23-28 : tourné vers le plus grand
J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas le porter maintenant. Et notre passage précise ce qui nous est difficile à porter : vivre tourné vers le Père, celui qui est plus grand que nous. Jésus résume pour nous sa manière de vivre et profile la nôtre.
Jésus n’est rien d’autre que tourné vers le Père (Jn 1, 1). Aller vers le Père est son but ultime. Tout ce qu’il dit est de nous montrer le Père, ce Père qui est aux cieux. Au moment de quitter les siens, Jésus leur dit de se réjouir parce qu’il s’en va vers le Père, que l’heure est venue de nous entretenir du Père en toute clarté. Jésus nous oriente vers celui qui est plus grand que lui.
À lire cette remarque de Jésus jusqu’à présent vous n’avez rien demandé, faut-il comprendre que nous n’avons pas encore demandé de vivre dans le Père ? De vivre tournés vers le Père ? Faut-il comprendre que nous n’avons pas encore commencé à prier ou ne savons pas prier comme Paul l’exprime aux Romains (Cf. Rm 8, 26) ? Faut-il comprendre qu’il s’agit d’une sorte de «révélation» de la manière de prier de Jésus et non de la prière que Jésus nous a enseignée ? Faut-il comprendre qu’il s’agit de la manière choisie par Jésus pour nous dire son identité ? Je suis sortie du Père […], je vais vers le Père (v. 28).
Ce qui est en jeu pour nous, ce matin, ce n’est pas de débattre sur ce qu’il nous faut comprendre, mais de nous demander si nous regardons vers un plus grand que nous, comme Jésus l’a fait en étant tourné vers le Père. Au moment de quitter les siens, il tourne nos regards vers le Père. Il nous conduit au Père. Il nous veut dans le Père, avec le Père. Jésus, c’est son testament, veut que nous vivions comme lui. Il nous veut participant de sa nature divine (2 Pi 1, 4). Nous n’avons jamais demandé cela parce qu’une telle demande n’est pas humainement envisageable. Qui peut envisager de ne plus s’appartenir, mais d’appartenir au Christ et le Christ est à Dieu (cf. 1 Cor 4, 4) ?
Nous savons bien par expérience que ne plus nous appartenir passe par une crucifixion intérieure. C’est tout un tiraillement intérieur que de ne plus vivre selon la chair, selon nos volontés, mais selon l’Esprit, comme Paul l’exprime aux Romains (Rm 8,9). Nous échouons tous à vivre en permanence tournés vers le Père. Cette manière de vivre exige un travail d’enfantement qui ne se fait pas sans douleur (cf. Rm 8, 22). Mais ce qui nous est humainement impossible est possible à Dieu (Cf. Mc. 10,27). Ici, cette demande rejoint votre désir profond qui est de mener une vie de sortie vers plus grand que vous.
Quand nous sortons de nous pour être dans le Père, il nous accorde tout ce que nous lui demandons. Il y a certes une distance entre nous et le Père et qui n’existe pas entre Jésus et le Père, mais une proximité de distance, écrit un connaisseur de saint Jean, Jean-Marie Martin[1]. Ce mouvement nous fait aussi proximité avec le monde, une proximité de distance pour le réveiller. Si nous vivons bien notre vocation, nous devrions réveiller le monde (Lettre apostolique à tous les consacrées du 21 novembre 2014).
À votre contemplation : n’ayons pas peur de demander d’être tournés vers le Père. Il nous assure de son Esprit. Jean disait, hier, dans l’évangile, personne ne vous enlèvera cette joie d’être dans le Père. Et la première lecture exprimait tantôt qu’être dans le Père n’est pas le propre des baptisés seulement. Un juif, un érudit, versé dans les écritures était tellement dans le Père qu’il enseignait avec précision ce qui concerne Jésus.
Que le Seigneur nous apprenne à chercher le meilleur pour vivre sans cesse (oraison) tournés vers le Père. AMEN.
[1] Voir http://www.lachristite.eu/archives/2013/11/02/28342352.html l’auteur commente le passage de l’évangile de ce jour et qui inspire ma réflexion.