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Année B : Dimanche de Pâques (litbp00d.18)

Jean 20, 1-9 : Une thérapie d'espérance

 Je ne vois rien

Regarde Jésus, demande la grand-mère à sa petite fille de six ans au moment de l'élévation. D'une voix criarde, debout sur l'agenouilloir, l'enfant répond : je ne le vois pas. Plus sa grand-mère la faisait taire, plus elle s'agitait pour voir Jésus. Elle ne voyait qu'un point blanc.

Dès le lever du jour, une femme court au tombeau pour voir Jésus.  Elle ne voit qu'un linge gisant à terre. Lui, elle ne le voit pas et se met à interroger avec anxiété le jardinier : si c'est toi qui l'as pris, dis-moi où tu l'as mis (v.15). Elle ne voyait qu'un jardinier.

En ce matin de Pâques, l'Église nous demande : regardez Jésus.  Nous, aussi, nous ne voyons personne.

Ni Marie-Madeleine, ni les disciples-apôtres, ni les pêcheurs revenant vers le rivage au lever du jour, ni les disciples d'Emmaüs, personne ne voit Jésus. Jésus est tellement vrai homme jusque dans sa Résurrection que nos yeux humains sont incapables de le reconnaître.  Ne regardons pas Pâques avec des yeux humains, mais avec ceux du cœur.  

Pâques n'est pas à voir

Pour le théologien Joseph Moingt, Pâques n'est pas quelque chose à voir, mais à vivre. La résurrection de Jésus n’a été expérimentée qu’en esprit [...], il ne pouvait en être autrement (Croire au Dieu qui vient. De la croyance à la foi critique, Gallimard, 2014).  

Selon les quatre évangélistes, ce qui arrive à Jésus est une véritable thérapie qui réveille les témoins, les sort de leur tombeau, de leur enfermement, de leur doute.

Pâques, une thérapie d'espérance

Chaque apparition de Jésus est une discrète thérapie d'espérance. Jésus questionne, écoute et sonde la profondeur de la désolation des siens puis les amène à le reconnaître sous son nouveau «look».  Cette reconnaissance ressuscite, fait passer de la déprime à l'enthousiasme.  

Regardez Marie-Madeleine. Elle souffre de la disparition inexplicable du  corps de Jésus. Regardez les apôtres apeurés et enfermés dans le cénacle. Ils ne comprennent rien à ce qui vient de se produire. Voyez les disciples d'Emmaüs; ils broient du noir, sont tristes, songeurs, blasés, déçus d'avoir tant espéré en Jésus. Mais le «nouveau» Jésus vient les rejoindre dans leur noirceur, les relève et les envoie manifester sa gloire.

 Jésus est tellement «nouveau», si véritablement nouveau  (Benoît XVI, Jésus de Nazareth), que les disciples n'ont pas les yeux assez perçants pour le reconnaître. Pourtant, ils sentent leur cœur  se réchauffer et ils deviennent des «annonceurs» d'un «scoop» inédit : Jésus est vivant. Nous l'avons vu.

Et si Pâques était cela pour nous ? Plusieurs personnes vivent aujourd’hui l’expérience des apôtres. Des questions bourdonnent dans la tête de beaucoup d'entre nous. Ce matin, le «nouveau» Jésus rejoint chacun de nous avec nos questionnements, nos doutes, nos blessures.

Pâques, un moment de fascination

L'événement pascal est quelque chose de tellement discret, tellement simple, tellement accessible que nous risquons de ne rien voir. Nos yeux recherchent de l'extraordinaire, de l'inédit, du jamais vu. Pâques, c'est notre vie ordinaire avec son poids d'existence, qui se transforme en mode fascination. En mode résurrection. Notre Dieu habite tellement l’ordinaire de nos vies que nous passons à côté de lui sans le voir !

Notre monde et notre Église ont besoin de chrétiens fascinés, «sorteux», capables d'exercer un attrait irrésistible, un magnétisme foudroyant sans pour autant taire les opacités et les voies belliqueuses autour de nous.

Conclusion

Jésus est vivant. Voilà notre foi. Renonçons aux preuves, devenons des croyants vivants, fascinés par Jésus.

Et cette fascination est accessible, dit le pape François, même à ceux qui se sentent éloignés de Dieu et de l'Église, même à ceux qui sont craintifs ou indifférents et qui ne pensent plus pouvoir changer. Jésus t'appelle, toi aussi, à faire partie de son peuple, celui des fascinés de vie. Des fascinés d’Évangile. AMEN.