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Année C: samedi de la 26e semaine ordinaire (litco26s.16)
Luc 10, 17-24 : vivre dès maintenant en étant que louange

Retour de mission… enthousiasme des disciples… joie débordante de Jésus… Mais de quoi faut-il se réjouir ? Est-ce de la victoire sur les forces du mal ? Je vous ai donné pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et pouvoir sur toute la puissance de l’Ennemi… Non. Faut-il se réjouir de l’efficacité du travail missionnaire ? Non.

Jésus ne leur demande pas qui ils ont rencontré, où ils sont allés, qui ils ont rencontré. Il ne pose pas des questions sur ce qu’ils ont fait, sur leur degré de satisfaction ou sur la hauteur de leur déception. Il les invite à se réjouir.

Mais se réjouir de quoi? De rencontrer le Père dans Jésus. De faire la connaissance du Père, de celui que Jésus nous présente. Se réjouir d’entrer dans le mystère de Dieu. Personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler… Heureux, les yeux qui voient ce que vous voyez ! Heureuses êtes-vous d'être des « voyantes » du Père de Jésus !  Heureuses êtes-vous d'embrasser comme chemin pour annoncer Jésus, celui d'une vie de louange !

Toute liturgie nous donne le pouvoir de nous réjouir. Toutes nos célébrations tiennent dans ces quelques mots : nous réjouir de rencontrer Jésus, son Père dans l’Esprit saint; et c’est leur but premier. Il y a là, il est vrai, un mystère, un secret, celui-là même dont parle Jésus dans l’évangile. Et quand nous rencontrons Jésus,  le pauvre par excellence, il exulte de joie. 

Le mystère de la joie dont parle Luc n’est pas de voir Dieu; mais il se produit dans notre rencontre avec lui. Comment ? Regardons Thérèse. Elle vit chaque instant de sa vie comme un mouvement de Dieu vers elle. Elle voit Dieu en mouvement vers elle. Et ce qui attire Dieu vers elle, elle l’exprime à travers des images : être un petit grain de sable, une petite balle.

Thérèse, la petite-grande Thérèse, profile pour nous un style de vie évangélique, un style de vie dont le pape François ne cesse d’appeler l’Église à adopter : simplicité, humilité et louange. Ce chemin lui a procuré beau-coup de joie.

Dans l’un de ces poèmes, elle écrit : il est des âmes sur la terre qui cherchent en vain le bonheur, mais pour moi, c’est tout le contraire. La joie se trouve dans mon cœur. Cette joie n’est pas éphémère. Je la possède sans retour comme une rose printanière. Elle me sourit chaque jour [...] Ma joie, c’est de rester dans l’ombre [...] de me cacher, de m’abaisser [...] Ma joie, c’est de rester petite aussi quand je tombe en chemin, je puis me relever bien vite [...] ma joie, c’est de t’aimer !

Dans ce poème, Thérèse a remisé ses pulsions d’être désirée, recherchée, consultée, choyée, admirée. Elle a donné congé à son moi propre pour que Dieu puisse trouver de l’espace en elle. Puisse prendre tout l’espace. Pour rencontrer Dieu, elle a trouvé une manière toute simple de vivre parce que, dit le pape François, les gens simples ont toujours un endroit où faire loger le mystère. Mais cette simplicité-là est compliquée à atteindre. 

Cette grande docteur de la miséricorde, qui nous a légué son offrande à l’amour miséricordieux, nous dit que plus nous nous laissons prendre par l’amour de Jésus, plus nous nous laissons regarder dans nos failles, plus nous le rencontrons, plus nous l’accueillons, plus notre vie est régénérée par la joie. Revitalisée aussi. Plus nous devenons une louange à Dieu et crédible. Plus nous éprouvons le besoin de dire merci à Dieu de nous choisir pour travailler à sa vigne.

Quand nous connaissons Dieu autrement que par ouï-dire, quand spontanément comme pour Job, nous goûtons ses largesses, une seule joie nous habite : Père, je te rends grâce. Que Thérèse nous accompagne pour mener une vie non fixée sur nos réussites, mais tout orientée vers la louange. AMEN.