2016-C-Lc 6, 12-19 - mardi 23e semaine ordinaire -appeller et suivre
Année C : mardi de la 23e semaine ordinaire (litco23m.16)
Luc 6, 12-19 ; 1 Co 6, 1-11 appeler pour suivre
Jésus appelle. C'est beau de savoir que Jésus s'arrête pour appeler. De savoir que Jésus a besoin d'aide. Que le Créateur a besoin de sa créature. C'est beau, mais c'est aussi inimaginable. Qui aurait pu prévoir cela ?
Mais ce qui est encore plus beau, c'est de se mettre en route pour suivre Jésus. Beaucoup sont appelés. Peu le suivent. L'appel s'entend dans la réponse. Ils laissèrent tout et le suivirent (Mc 1, 18; Mt 4, 22; Lc 5, 11). Il est plus facile d'accepter d'être appelé que d'y donner suite. C'est Jésus lui-même qui dit cela au terme de la parabole des invités (Cf. Mt 22, 14). Ce qui étonne au terme de cette parabole des invités, ce sont des gens de petites réputations qui acceptent l'appel. Allez chercher le tout-venant, tous ceux que vous pourrez trouver (Mt 22, 9). Les apôtres sont choisis sur ce terrain du «tout-venant».
Ce matin, les appelés de Jésus pour devenir ses intimes sur la route sont des gens qui n'ont pas la meilleure des réputations. Qui n'ont pas la meilleure apparence. Ce sont des gens tellement ordinaires qu'ils étaient des inconnus à leur époque. On les voyait comme des pêcheurs sans noblesse. C'est parce qu'ils ont été d'abord des appelés qu'ils peuvent maintenant siéger pour juger les douze tribus d'Israël (Mt. 19, 28).
On peut se gonfler d'orgueil quand quelqu'un nous reconnaît. Cela rehausse l'estime de nous-mêmes. Mais personne ne peut suivre Jésus s'il n'accepte pas de se décharger du fardeau le plus lourd qu'est son moi. Mais force est de reconnaître que ce moi nous colle à la peau et qu'il est difficilement délogeable.
Appelés, choisis pour être des architectes d'une terre où le vivre ensemble en harmonie devient sa première beauté. Son unique beauté. Paul demande par cinq fois aux chrétiens de Corinthe qui manifestement se spécialisaient de querelles constantes jalousies, colères, intrigues et divisions (Gal. 5 : 20), qu'ils portaient devant les tribunaux, ne savez-vous pas (1 Cor 6, 3. 9. 15. 16. 19).
Ne savez-vous pas, leur dit-il qu'il y a un autre chemin que celui des tribunaux pour régler des conflits et tensions. Paul précise qu'ils en connaissent le chemin ou devraient le connaître : celui de gagner un frère (Cf. Mt. 18, 15). Mais chacun à Corinthe n'était occupé que de lui-même et de sa propre gloire. Nous ne sommes pas très loin de notre mentalité d'aujourd'hui.
Les corinthiens se savaient appelés, mais n'étaient pas prêts à partager les mêmes sentiments que Jésus qui, lorsqu'on l'outrageait, ne rendait pas l'outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement (1 Pi 2, 23). Ils n'étaient pas prêts à supporter les injustices jusqu'au pardon. Chacun cherchait à porter préjudice à l'autre, qui pourtant était son frère dans le Seigneur.
Question: ne savons-nous pas que nous sommes beaucoup plus que des appelés. Nous sommes des marcheurs en sortie comme Jésus pour poser un regard pacifiant, plutôt qu'un regard de guerrier sur notre proche, sur nos communautés chrétiennes, sur nos chefs politiques autant que religieux. Nous sommes des 'appelés-envoyés' à la rencontre de toutes les pauvretés de l'humanité, des appelés à descendre dans les bas fonds des détresses des cœurs pour leur offrir un accueil qui ne juge pas. C'est la priorité que demande Jésus à ceux qu'il appelle et que le pape François veut donner à l'Église. AMEN.