2016-C-Mtt 25, 14-30- samedi 21e semaine ordinaire -des talents pour faire grandir Dieu dans les coeurs
Année C: samedi de la 21e semaine ordinaire (litco21s.16)
Matthieu 25, 14-30 : être riche en vue de Dieu.
Quelle belle histoire de confiance ! Celui qui démarre dans la vie sans confiance a déjà perdu la bataille. Matthieu confirme cela. Deux serviteurs se sont souvenus de cette confiance. Tu m'as confié ces talents. L'autre a porté attention sur la préservation des biens du maître. J'ai enfoui ton talent. Jésus, précise Matthieu, et le mot est important, nous confie des talents. On peut regarder l'immensité des talents, mais perdre de vue son innommable confiance.
Dieu nous confie sa miséricorde, sa générosité, son chemin de bonheur, son pardon. Dieu nous confie sa Parole, son Baptême, sa manière de prier, son pain, la construction d'une terre-paradis entre nous. Il nous confie sa maison-terre. Quel usage en faisons-nous ? Avons-nous déjà «contaminé» quelqu'un par notre foi ? Combien de personnes avons-nous encouragées à l'espérance ? Combien de gestes d'amour gratuits avons-nous partagés avec les marcheurs en panne le long de nos routes ?
L'autre jour dans un salon funéraire, quelqu'un m'exprimait sa déception de ne pas avoir dit à son père avant sa mort qu'elle l'aimait. Elle ajoutait, et c'est très interpellant, et cela rejoint notre évangile, pourquoi attendre que quelqu'un soit mort pour lui offrir des fleurs ?
Cette parabole nous pousse à ne pas cacher notre foi, à ne pas enterrer la Parole de Dieu. Elle suggère for-tement à faire circuler entre nous, dans nos relations et à travers tous les situations concrètes, le peu que nous avons reçu.
Jésus nous donne généreusement son pardon quand on le lui demande. Nous pouvons en laisser voir les effets en reprenant le dialogue là où il y a bris de communication, là où il y a des relations bloquées. Jésus nous donne en abondance son pain qu'il nous demande de multiplier nous-mêmes en invitant à sa table les sans-logis; allez dehors chercher des invités, les sans-travail; va toi aussi travailler à ma vigne.
Jésus nous demande de faire connaître le nom de son Père, que toute la création goûte son amour, sa providence, que sa volonté, son désir d'harmonie entre religion et culture s'accomplisse. Nous regardons beaucoup l'énormité des talents confiés, mais considérons moins la confiance manifestée à chacun de ses serviteurs. Quelle déformation du regard nous habite !
Dieu nous confie, vient de nous dire Paul, la sagesse de le reconnaître dans ce qu'il y a de faible dans le monde, la sagesse de couvrir de confusion ce qui est fort. Quelle confiance, mais aussi quelle responsabilité !
N'importe quel lieu, même le plus éloigné et le plus inaccessible, peut devenir le lieu pour faire fructifier nos talents qui ne sont pas réservés à un territoire précis, à une culture prédéterminée. Il dépend de nous de rayonner la bonne nouvelle. Ces talents, ces cadeaux, ces dons que le Seigneur nous donne sont pour que les autres croissent et vivent en ressuscités.
Plus qu'une morale de l'action où chacun doit donner le meilleur de lui-même, cette parabole nous fait communier au rêve de Dieu. Ce ne sont pas nos biens récoltés au centuple qui intéressent le maître, mais nous, comme personne. Il veut nous offrir son bonheur à nous qui prenons le risque de le partager avec les autres.
Le maître avait foi aussi en son troisième serviteur, mais lui avait peu foi en son maître. Et ce serviteur, si c'était nous, chrétiens d'aujourd'hui, qui avons peur de partager nos convictions, notre foi parce qu'il y a un réel danger qu'on nous repousse.
Ce que Dieu nous a confié peut nous sembler irréalisable. Sachons que nos petits riens sont pour lui de grandes valeurs qui nous préparent à entendre son invitation: bon serviteur, entre dans la joie de ton maître. Amen.