2016-C-Jn 20, 11-18- mardi octave de Pâques - avons-nous un visage de ressuscité ?
Année C: mardi de l'octave de Pâques (litcp00m.16)
Jn 20, 11-18 Avons-nous un visage de ressuscité ?
Dans la dernière heure du vendredi, sur la Croix, Jésus s'est occupé de la douleur et de l'angoisse du larron. Dans la première heure de la Pâque, il s'occupe de la douleur et de l'amour de Marie-Madeleine. Jésus ressuscité continue ainsi de donner vie aux blessés, aux gens tristes et malheureux.
Ce qui a conduit Marie-Madeleine au sépulcre est le désir d'exprimer à Jésus tout son amour en accomplissant un geste funéraire. Devant le tombeau vide, elle éprouve inquiétude et angoisse. Elle cherche son corps. Elle demande où on l'a mis. On a enlevé mon Seigneur, je ne sais où on l'a mis (Jn 20, 13). Elle pleure, pleure de douleur, pleure de colère, pleure par amour, pleure de peur.
En allant à la rencontre de cette femme écrasée par la douleur, par l'angoisse du tombeau vide, Jésus inaugure sa nouvelle vie de ressuscité. Au matin de Pâques, Jésus ne fait que reprendre sa mission d'être le Dieu de la vie. Le Dieu de la rencontre. Devant les larmes de Marie-Madeleine qui ont attisé son cœur de compassion, le Ressuscité reprend ce même mouvement de sortie vers les autres qu'il a démontré durant toute sa vie publique.
Cette rencontre du Ressuscité avec Marie-Madeleine est la première racontée par l'Évangile parce qu'elle nous annonce une expérience que nous pouvons faire, que nous devons faire si nous voulons satisfaire notre soif de vivre l'Évangile.
Personne ne peut décrire comment s'est produite cette rencontre, mais elle fut le commencement en Marie Madeleine de toutes choses nouvelles (Ap 21, 5). Sa tristesse s'est transformée en joie débordante. Jésus ne se cache pas à Marie-Madeleine. Il ne s'est pas déguisé en jardinier. Elle ne l'a simplement pas reconnu parce qu'elle est trop préoccupée à le chercher là où elle pensait pouvoir s'emparer de son corps. Cet épisode scelle toute expérience chrétienne.
Homme de rencontres durant sa vie, Jésus, ce matin de Pâques, poursuit sur ce même chemin. Il inaugure une nouvelle façon de nous être présent. Il est encore ce bon samaritain qui se veut une présence auprès de ceux qui pleurent son départ ou qui sont frappés par toutes ces maladies qui font crier Seigneur où es-tu ?
Reconnaître Jésus, le nouveau Jésus, exige une conversion du regard. Pour Marie-Madeleine, déchirée par la tristesse, se fut son nom prononcé avec une telle intensité qu'elle s'est retournée (Jn 20, 16). Pour les disciples d'Emmaüs, tenaillés par leurs idées sur ce qui s'est passé et la lenteur de leur cœur à croire aux prophètes (Lc 24, 25), ce fut la fraction du pain. Pour Pierre et ses compagnons, revenants d'une nuit de pêche, épuisés par une nuit blanche et déçus de n'avoir rien pris (Jn 21,5), ce fut l'invitation à déjeuner.
Chaque rencontre avec Jésus Ressuscité s'ouvre par un geste ou une parole sublime de miséricorde de Jésus. Pourquoi pleures-tu. Qui cherches-tu ? Il prit du pain, dit la bénédiction. Jetez les filets à droite et vous prendrez. Ces gestes ou ces paroles ont sorti les disciples de leur repliement sur eux-mêmes, de leur aveuglement qui les empêchaient de voir le « nouveau» Jésus, qui est pourtant le même hier, aujourd'hui et demain (He 13, 8)
De cette expérience de rencontre avec le Ressuscité naît la mission de tout disciple du Christ. La mission chrétienne est toujours le rayonnement d'une rencontre personnelle avec le Seigneur, mort et ressuscité pour sauver toute l'humanité.
Sortons de nos pessimismes actuels, sortons de nos jardins de la mort annoncer celui que nous avons rencontré. J'ai vu le Seigneur et voici ce qu'il m'a dit. Son visage était tellement rayonnant, qu'elle est devenue non seulement l'apôtre des apôtres, mais le visage du Ressuscité. Ce matin, Marie-Madeleine nous dit et dit à toute l'Église qu'annoncer le Ressuscité naît du visage du Ressuscité que nous sommes. AMEN.