2016-C-Mtt 23, 1-12- mardi 2ième semaine du carême- se croire supérieur aux autres
Année C: Mardi de la deuxième semaine du carême (litcc02m.16)
Matthieu 23, 1-12 : se croire supérieur aux autres.
Dès que quelqu'un se sent un peu plus sûr de lui, il commence à s'emparer de facultés qui ne sont pas les sien-nes, mais celles du Seigneur. Ces mots sont du récent livre du pape François, Le nom de Dieu est miséricorde. Il ajoute ceci : si quelqu'un est ministre de Dieu, il finit par se croire différent du peuple, propriétaire de la doctrine, détenteur d'un pouvoir, fermé aux surprises de Dieu. […] Parfois, je me suis surpris à penser qu'une bonne glissade ferait du bien à certains personnages si rigides.
Les propos du pape donnent du poids à l'expression populaire : il regarde tout le monde de haut. La scène de l'évangile de ce matin est de cet ordre. Les leaders religieux voient de haut les autres. Leur comportement dégage une attitude hautaine. Sûrs d'eux-mêmes, ils projettent sur les autres un regard méprisant. Ils n'attirent pas l'indulgence de la foule tant ils découragent et démoralisent par leur jugement, leur attitude, leur fixation sur la loi.
À un moment ou l'autre de la vie, nous rencontrons des personnes qui se sentent supérieures, meilleures, arrogantes, qui ont les solutions à tous les problèmes, qui ont toujours raison. Ces personnes ne se gênent pas pour nous faire sentir incompétents. Ignorants. Nous préférons les éviter tant elles nous font savoir qu'elles maîtrisent tout à la perfection.
Ces attitudes hautaines ont fait beaucoup réagir le pape François dans ses vœux de Noël à la Curie en décembre 2015. Il énumère alors les douze maladies qui l'affectent dont celles de chercher sa propre gloire, la première place ou encore la rigidité. Il exprime son désir de voir une Église avec moins de pouvoir pour que perdure son visage de la miséricorde. Dans son exhortation, La joie de l'Évangile (# 35), il écrit qu'il faut se concentrer sur l'essentiel, sur ce qui est plus beau, plus grand, plus attirant.
Dans une rencontre récente avec les prêtres de son diocèse de Rome, il exprimait que dans l’Église on doit agir en fonction des autres. Ce ne sont pas les communautés qui sont au service des prêtres, mais les prêtres qui doivent être au service des communautés ! Est-ce qu’on veut être un prêtre qui agit comme un “petit chef”, ou est-ce qu’on veut être un prêtre au service des autres ? C'est exprimer en mots d'aujourd'hui l'observation de Jésus en son temps. Il n'y a vraiment rien de nouveau sous le soleil.
À l'aurore de ces cent ans, le Père Benoît Lacroix répondait à un journaliste que la religion a voulu mettre des lois et elle n’avait pas à le faire. Elle a fait du zèle, elle a pris des risques et elle a éloigné beaucoup de monde. Comme historien, je m’y attendais. Il faut retrouver la liberté pour pratiquer une religion... On voulait tellement avoir raison qu’on a commencé à faire peur aux gens. Si on fait peur aux gens, on n’est pas dans la bonne religion.
Mais Jésus a pris un autre chemin, celui de la bonté, de la compassion. Pour lui, c'est la règle de l'accueil qui est prioritaire. Aux fardeaux à imposer, Jésus préfère la miséricorde. Il a refusé d'être un humain tourné vers lui-même et qui est à la recherche sa propre gloire. Il a refusé la pire des tentations que lui présentait Satan au désert, celle de l'orgueil; celle de se mettre sur un plan de supériorité de tout genre, sentant qu’ [il] ne partage pas la vie du commun des mortels (Pape François, 15/2/16).
Je termine par ces mots de saint Augustin toujours à méditer : quant à ceux qui se sont flattés d'être forts, qui ont, en d'autres termes, prétendu être justes par leur propre vertu, ils ont buté contre la pierre d'achoppement (Rm 9,32). Ce sont ces hommes forts qui se sont jetés sur le Christ en se vantant de leur justice. Ils s'étaient mis au-dessus de la foule des faibles qui accouraient vers le médecin. Pourquoi ? Simplement parce qu'ils se croyaient forts. Ils ont tué le médecin de tous les hommes. Mais lui, dans sa mort, a préparé pour tous les ma-lades un remède avec son sang. AMEN.