2016-C-Mc 2, 23-26 - mardi 2e semaine ordinaire -goûter Dieu plutôt que de respecter la loi
Année C: mardi 2e semaine ordinaire (litco02m.16)
Marc 2, 23-26 : le principe de nouveauté, goûter Dieu plutôt que la loi
De tous temps, la venue de Jésus a suscité de vives réactions. Aujourd’hui, songeons à toutes ces oppositions actuelles à des signes comme la crèche, parce qu'ils rappellent une Présence non désirable dans une société laïque. Marc observe la même chose au moment de rédiger son évangile. L’arrivée du royaume de Dieu (Mc 1, 15) entraine une série de controverses ou de conflits (chapitres 2 et 3). Il s’agit plus que de simples disputes d’école. Jésus proclamait avec autorité un enseignement nouveau (Mc 1, 27). Il provoquait de vives réactions et d’énormes inquiétudes.
En guérissant le paralytique (Mc 2,1-12), en prenant le repas avec Lévi et en l’appelant à sa suite (Mc 2, 13-17), en discutant sur le jeûne (Mc 2, 18-22) ou en étant pour l’épi arraché un jour de sabbat (Mc 2, 23-26), que les exégètes appellent la controverse galiléenne, Jésus par son comportement, soulève la question de la foi. La question de son identité aussi. Que nous veux-tu Jésus, es-tu venu nous perdre (Mc 1, 24), ce fameux cri souligne que l’arrivée de Dieu engendre débats et passions. Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive (Mt 10, 34)
La réaction soulevée par Jésus pour avoir arraché un épi de blé le jour du sabbat alors que la loi allait jusqu’à défendre de froisser les épis avec les doigts est à comprendre comme un déplacement vers ce qui est premier. On peut être « en règle » avec la loi, mais sans avoir une vie de foi. On peut ne pas être « en règle » et avoir une profonde vie de foi.
Jésus invite ses opposants qui deviennent de plus en plus agressifs, virulents jusqu’à vouloir l’arrêter (Mc 3, 6), à un nouveau regard sur la pratique religieuse. L’arrivée du royaume de Dieu (Mc 1, 15) appelle à un renversement de perspective. Il ne s’agit plus de tout centrer sur ce qui doit être fait ou pas, mais de goûter le repos en Dieu durant le sabbat.
On voit le geste de Jésus. On entend les vives réactions de leaders de la religion. On voit moins, beaucoup moins, qu’en agissant ainsi, Jésus prend soin de ses opposants d’une manière extraordinaire en se souciant de les libérer d’une religion sans âme. De les libérer de tout carcan écrasant. Il se refuse de les voir s’encabaner dans une pratique sans âme. Avec finesse, Marc observe que Jésus était désolé par la dureté de leur cœur (Mc 3, 5).
Le style Jésus, c’est d’avoir beaucoup d’égards envers ceux qui se voient écrasés par des pratiques irrespectueuses du gros bon sens. Il est venu alléger ceux qui portent des fardeaux trop lourds. C’est tout un décen-trement. Un déplacement de perspective. Une révolution copernicienne. Désormais, l’essentiel est de goûter Dieu.
L’arrivée de la bonne nouvelle : l’interdit moral n’est pas la porte d’entrée pour accéder à une authentique pratique de la religion. Une fois entrés au cœur de la foi, goûtant de l’intérieur la Parole de Dieu, nous nous obligeons à nous donner une conduite morale en harmonie avec ce qui nous habite de l’intérieur.
Ce recentrage sur l’essentiel sauvera l’Évangile. C’est l’option du pape François. Aujourd’hui, il me semble parfois que prévaut l’inverse. L’annonce est plus importante que l’obligation morale (EG, no 34). Dans son interview aux jésuites, quelque temps après son élection comme évêque de Rome, il souhaite retrouver un nouvel équilibre ; autrement l’édifice moral de l’Église risque de s’écrouler comme un château de cartes. Le risque demeure grand d’aborder le message Jésus à partir de certains aspects secondaires plutôt que de remonter à l’essentiel. Plutôt que de rejoindre le cœur de message de Jésus.
Nous en vivons l’impact durant cette semaine de prières pour l’unité des chrétiens. Fais-nous connaître, Seigneur, le bonheur impérissable (oraison) de goûter Dieu ensemble avec nos différences plutôt que de nous entredéchirer comme chrétiens. AMEN.