2015-C-Lc 1, 39-48- samedi 2e semaine Avent -Juan Diego :
Année C- samedi 2e semaine de l'Avent (litca02s.15)
Luc 1, 39-48 : Juan Diego: le style de Dieu est de choisir des non-crédibles pour l'annoncer
Le jour où Marie de Nazareth reçut l'annonce de l'Ange Gabriel, l'histoire du monde bascula dans l'abime de la miséricorde Dieu. Le jour où Juan Diego reçut la visitation de Marie, et qu'elle imprima son image sur sa tilma, ce vêtement mexicain traditionnel, attestant ainsi l'authenticité de sa visitation, l'Amérique s'ouvrit à l'Évangile.
Quand Dieu voulut que les temps soient accomplis, il jeta les yeux sur quelqu'un, Marie, humble servante, sans réputation, sans noblesse. Elle s'est vu appeler à devenir mère de Dieu. Quand Dieu voulut ouvrir l’Amérique à l’Évangile, Marie au nom de son Fils jeta les yeux sur un pauvre indien, non crédible. Juan Diego n'appartient à aucune catégorie sociale reconnue et pourtant la Dame lui demanda quelque chose d'incroyable. Va au palais de l'évêque de Mexico, et tu lui révéleras combien je désire qu'en ce lieu, il m'offre une maison, un temple dans la plaine [...] Va et fais ce que tu peux.
Il lui fallut trois tentatives pour convaincre l'évêque et trois miracles : le miracle des fleurs de Castille fleurissant en hiver sur la montagne complètement hors saison, le miracle de la Tilma et la guérison de l’oncle de Juan Diego.
À la fin du XVIIe siècle, Dieu a choisi Rose de Lima, une indigène d'Amérique. La légende raconte que lorsqu’on proposa au pape de la béatifier, il aurait répondu que même si une pluie de roses tombait sur le Vatican, il ne croirait pas à la sainteté d’une ‘indienne ‘. Aussitôt il plut des pétales de roses sur Rome. Elle est patronne du Pérou et de toute l'Amérique du Sud.
Mardi dernier, nous faisions mémoire du « oui » de Marie, à qui Dieu bégayait la permission de naître en elle. Cela a inauguré la Bonne nouvelle. Même chose pour Juan Diego. Nous ne redirons jamais assez que la manifestation de la Vierge Marie à Juan Diego a été déterminante pour la transmission de la foi aux peuples de l’Amérique. Marie a choisi un illettré pour évangéliser un clergé qui se croyait en possession de Dieu. Cela a marqué le grand tournant de l’évangélisation en Amérique. Aujourd'hui, cette même scène se répète autour de nous. N'apercevons-nous pas cela ? Mais que nous aimerions que ce soit différent.
Le style de Dieu n'est pas de choisir des personnes à la voix tonitruante, bien vues, respectées et dont la notoriété impressionne. Le style de Dieu est de se trouver des porte-voix sans renoms, sans panaches, qui ne s'imposent pas, mais dont la foi fait bouger les plus incrédules de ce monde. Ainsi, que commence l'évangélisation.
Juan Diego est de ceux qui ont vu soudainement leur vie humble, cachée, appelée à être pierre de fondation d'un grand projet humainement irréaliste. La mission confiée à cet indigène, illettré, marchant paisiblement vers l'église de son village, ne se comprend qu'en entrant dans ce style de Dieu.
Pour le dire autrement, le style de Dieu aujourd'hui est de choisir pour l'annoncer des personnes qui sont des stigmatisées de la pauvreté. Nous connaissons bien les stigmatisés de la passion dont François d'Assise et bien d'autres ont tellement désiré porter dans leur corps. Mais il y a d'autres stigmatisés, non par la Croix, plus nombreux aussi, qui vivent le dénuement, la pauvreté, l'abaissement de Jésus. Ce chemin est moins recherché que celui des stigmates de la Croix. Pourtant, c'est le chemin que Noël nous invite à prendre. C'est le chemin inaugural de la Bonne-Nouvelle.
Puisse ce style de Dieu nous bouleverser tant il nous choisit pour que les peuples de la terre te proclament Dieu (Ps 66). AMEN.