2015-B- Mc 16, 15-20 -Saint Antoine de Padoue- un vrai disciple de l'Emmanuel
Année B: Samedi 10e semaine ordinaire (litbo10s.15)
Marc 16, 15-20 : Antoine de Padoue, un vrai disciple de l'Emmanuel
Son nom, Antoine, signifie inestimable. Inestimable dans sa capacité d'entrer dans une saine intelligence de la Parole de Dieu. L'intelligence lui a été donnée, l'esprit de sagesse l'habitait et il [l]’a préféré à la richesse. Inestimable tant il rayonnait de la vie selon le saint évangile qu'il voyait en François. Comme lui, il exhortait que celui qui ne partage pas, alors qu'il a le nécessaire, est un voleur. Inestimable tant il fut un grand prédicateur de l'Évangile et un défenseur des pauvres (Oraison).
Sa parole, vraie lumière sur la route (cf. Ps 118), a tellement séduit le pape Grégoire IX qu'après l'avoir écouté prêcher, l'a défini Arche du Testament (cf. Zénith, 13 juin 2012). Il le canonisa presque subito presto, soit à peine un an seulement après sa mort. Dans sa catéchèse de février 2010, le pape Benoît affirmait qu'Antoine a contribué de façon significative au développement de la spiritualité franciscaine, avec ses dons marqués d'intelligence, d'équilibre, de zèle apostolique et principalement de ferveur mystique.
Antoine de Padoue nous fait comprendre que ce n'est pas en s'imposant à n'importe quel prix ni en entrant en compétition avec les autres pour mieux se faire valoir qu'on annonce l'Évangile. Nous devenons disciples d'Emmanuel, des envoyés d'Emmanuel, en entrant dans le mystère de l'abaissement de Jésus, en remettant en question notre moi, en refusant de n'être que moi. Nous le devenons en laissant les mains du potier sculpter l'argile de nos vieux cœurs de pierre en cœurs capables de sentir, penser, aimer comme Dieu lui-même. C'est en acceptant le don de son cœur, comme le rappelait hier la liturgie et dont Marie nous a montré son visage de compassion, que nous devenons disciples de l'Emmanuel sur les routes du monde.
Thaumaturge, les signes dans la vie d'Antoine ne manquent pas. On rapporte qu'il a remis en place la jambe qu'un homme s'était coupée en signe de pénitence. Qu'il fait s'agenouiller une mule devant le saint sacrement pour convaincre un juif de la présence de Dieu dans l'hostie. Qu'il a tenu dans ses bras une nuit entière l'enfant Jésus.
Convenons-en, aujourd'hui nos signes ne ressemblent en rien à ceux d'Antoine ni à ceux dont parle la finale ajoutée de Marc. Nos charismes sont différents. C'est l'absence de signe qui devrait nous inquiéter. Pour vous ici, ce charisme de fondation à préserver, ce premier signe est celui de la minorité et de la pauvreté. À l'audience qu'il accordait au chapitre général, le pape François exhortait les participants à demeurer dans le cloître du monde et d'y exprimer la fraternité concrète, à travers la valorisation de la confiance réciproque afin que le monde voie et croie, que l’amour du Christ guérit les blessures. L'évangile mentionne comme signe celui d'être devant les hommes, témoins de ce que nous avons vu et entendu. Et cela s'adresse à tous les baptisés.
En regardant l'enthousiasme et le zèle de saint Antoine, une question surgit et que vient de vous poser le nonce apostolique dans sa lettre à mi-chemin de l'Année de la vie consacrée : est-ce que nous réussissons à transmettre le charisme fondateur que nous avons reçu et qui a tellement interpellé Antoine, côtoyant frère François. La lettre ajoute: comment est-ce que nous gardons, approfondissons, développons ce charisme ? C'est la fraicheur de ce charisme qui fait signe aujourd'hui. Et cette fraicheur ne doit pas s'évanouir.
À votre contemplation : je reprends ces mots du pape Benoît dans sa catéchèse sur Antoine de Padoue en qui il voyait la grande actualité en regard de la culture actuelle qui ignore l'existence de l'autre et son insensibilité à ses besoins : Ô riches, prenez pour amis... les pauvres, accueillez-les dans vos maisons: ce seront eux, les pauvres, qui vous accueilleront par la suite dans les tabernacles éternels, où résident la beauté de la paix, la confiance de la sécurité, et le calme opulent de l'éternelle satiété (ibid., n. 29).
Puisse Antoine de Padoue, l'un des saints les plus populaires, nous aider à développer cet art de devenir des disciples de l'Emmanuel. AMEN.