2015-B-Mt 6, 24-34- samedi 11e semaine ordinaire- se soucier de Dieu.;
Année B: Samedi 11e semaine ordinaire (litbo11s.15)
Matthieu 6, 24-34; 2 Co 12, 1-10 : nous soucier de Dieu
Qu'il est difficile de nous soucier de Dieu dans notre vie ! Combien plus facile de nous soucier de ce que nous mangerons ou de ce que nous porterons à notre prochaine sortie. L'attachement à nos soucis indique une vie de repli sur soi qui bloque tout horizon. Le soucieux ne voit que lui-même. Il vit refermé dans son petit monde et pourquoi pas dans son petit paradis terrestre qui finalement est plutôt un misérable paradis. Il est loin des autres.
Cet appel à ne pas choisir deux maîtres, à ne pas choisir à la fois le ciel et la terre, porte mon esprit sur un autre passage, celui du jeune homme riche, lui aussi écartelé entre ce qu'il possède en abondance et sa recherche d'un autre sens à donner à sa vie (cf. Mc 10, 17-27). On assiste au passage de l'enthousiasme à la tristesse. À la fermeture sur soi (cf. pape François, homélie du 25 mai 2015).
Cet évangile n'est pas un appel à l'insouciance, mais plutôt un appel à la grâce de la quiétude. De l'abandon. Jésus observe comment nos soucis prennent beaucoup de place dans nos vies. D'où la question que pose Matthieu et qu'il faut laisser résonner en nous : la vie n'est-elle pas plus que la nourriture ? Le corps plus que le vêtement ? Pour atténuer nos soucis, Jésus ouvre nos yeux sur un autre horizon que celui d'être renfermé sur soi dans notre petit paradis terrestre.
Il présente cet horizon avec un langage de beauté que les soucis ne permettent pas de voir. Regardez les oiseaux du ciel, les bernaches et les oies sauvages qui ne sèment ni ne moissonnent (6, 26); regardez les lis des champs qui ne peinent ni ne filent (6, 28) et que Dieu habille d'une symphonie de couleurs, ivresse pour nos yeux. Si Dieu rend belle sa création, combien plus nous rendra-t-il beau ? Votre Père du Ciel sait ce dont vous avez besoin (v. 32).
Nous rendre beaux. Jésus nous révèle ce qu'est une vie sans souci, non préoccupé de sa réputation ou de quoi il va se nourrir. La manière dont Jésus a vécu sa vie et sa mort, est en soi un récit de salut. Un récit qui nous est accessible. Jésus est un humain venu nous rendre participant de sa divinité (Préface # 2). Dans son livre récent L'homme, merveille de Dieu, Bernard Sesboüé esquisse cette beauté quand il affirme que l’homme est l'homme de Dieu, tandis que Dieu est par excellence le Dieu de l'homme.
Dans la première lecture, Paul a refusé de s'alourdir sur cet écharde qui renvoie selon certains, au doute de sa foi, selon d'autres à ses souffrances physiques ou encore à son impuissance à éveiller à la foi les Corinthiens et qui aurait pu handicaper son enthousiasme pour Jésus. Il a refusé aussi de s'arrêter sur ses révélations exceptionnelles qui l'ont élevé jusqu'au septième ciel, ce qui aurait pu bloquer son horizon en se gonflant d'orgueil. Pour Paul, vanité et orgueil éloignent de Jésus.
Paul utilise autant ses nombreuses échardes, ses échecs que son élévation jusqu'à éprouver une intimité inviolable avec Jésus, pour annoncer Jésus et sa Croix. En ne s'apitoyant pas sur son sort, il donnait de l'horizon à son horizon. En refusant de s'auto plaindre, il s'en remettait à la grâce de Dieu. Dieu seul suffit.
Le pape François reprend ce même chemin, donner de l'horizon à ce qui nous arrive, dans une prière qui le décrit parfaitement. Ne pleure pas sur ce que tu as perdu, lutte pour ce que tu as. Ne pleure pas sur celui qui est mort, lutte pour ce qui est né en toi. Ne pleure pas sur qui t’a abandonné, lutte pour celui qui est avec toi. Ne pleure pas sur celui qui te hait, lutte pour celui qui t’aime. Ne pleure pas sur ton passé, lutte pour ton présent. Ne pleure pas sur ta souffrance, lutte pour ton bonheur. Avec toutes les choses qui nous arrivent, nous apprenons que tout problème a sa solution, il faut simplement aller de l’avant.
Je termine par ces mots de Sœur Mariam, clarisse de Jérusalem, récemment canonisée dont le seul souci était de ne pas oublier de louer Dieu. Tout le monde dort. Et Dieu, si rempli de bonté, si grand, si digne de louanges, on l'oublie ! Personne ne pense à lui !Vois, la nature le loue ; le ciel, les étoiles, les arbres, les herbes, tout le loue ; et l'homme, qui connaît ses bienfaits, qui devrait le louer, il dort ! Allons, allons réveiller l'univers ! AMEN.