2015-B-Mt 5, 43-45-mardi 11e semaine ordinaire- faire de sa vie une oeuvre d'art
Année B: Mardi 11e semaine ordinaire (litbo11m.15)
Mattieu 5, 43-45 ; 2 Co 8,1-9 : faire de sa vie une œuvre d'art
Un tout petit mot unifie la première lecture où Paul invite aux partages des biens en faveur des «saints» pauvres et l'évangile de l'amour des ennemis, c'est l'art. L'art de partager avec ceux qui ont moins que nous. L'art de s'approcher de ceux qui nous font mal et souffrir.
Oui, c'est un art que de vivre sensibilisé aux besoins des autres et surtout d'agir en conséquence. Paul a fait de cet art le centre de toute sa vie. Aux Galates, il fait entendre le cri des saints pauvres de Jérusalem (cf. Gal 2, 10). Aux Corinthiens, il parle d'une quête spéciale (cf. 1 Co 16, 1-3). Aux Romains, il développe l'importance de venir en aide à ceux qui sont victimes d'une grande sécheresse (cf. Rm 15, 25-32). Flavius indique que, vers les années 46-48, une grande famine aurait sévie dans toute la région.
Paul fonde son cet appel à être généreux sur le fait que vous avez reçu largement tous les dons ; que vous connaissez la générosité de Dieu à votre endroit (2 Co 8, 9) ; que tout appartient à Dieu : tout bien lui appartient et revient à Lui. Aujourd'hui, alors que nous sommes envahis pour tant d'appels à l'aide, prenons-nous conscience que notre générosité repose sur ce que nous avons reçu gratuitement de Dieu et qui lui appartient ?
Quel art que de donner avec cœur et non pour qu'on nous laisse la paix ! Quel art que de vivre de cette pratique nouvelle, cette mission presque impossible, que de nous approcher avec amour de ceux que nous n'aimons pas spontanément ! Celui qui pense que l'amour est de l'ordre du ressenti ne peut pas comprendre cet appel de Jésus, ce chemin qui fait de nos vies une œuvre d'art signée Jésus.
Jésus ne commande pas ce qui ne se commande pas. Impossible de contrôler les sentiments qui surgissent en nous dans telle ou telle situation. C'est quelque chose qui monte de nos profondeurs sans que nous ayons la possibilité de le prévenir. Quand l'évangile parle de l'amour des ennemis, c'est autre chose que ce que l'on entend dans les émissions de variétés à la télévision. Nous connaissons bien l'expression: «je t'aimais mais je ne t'aime plus ». Pour un chrétien, dire je t'aime n'est pas et ne sera jamais une question de sentiment. C'est une décision.
Jésus est un artiste de cette loi nouvelle. Il a eu beaucoup d'ennemis. Ses ennemis, ce sont les défenseurs du Temple, les obsédés de la Loi, les névrosés du sacré. Jésus a des ennemis : ceux qui veulent imposer le Sabbat, les sacrifices, l’exclusion des pécheurs, la mise à distance des femmes et des étrangers, la culpabilisation des malades et des handicapés. Jésus a des ennemis : les partisans de l’ordre, compris comme le statut quo, ceux qui décident qu’il est bon qu’un seul homme meure pour le salut national. Jésus est sacrifié aux plus hauts intérêts, ceux de la religion et ceux de l’État, curieusement alliés contre l'art de bien vivre qui transpirait dans la vie de Jésus.
Sa manière de vivre au milieu de ses ennemis demeure une œuvre d'art qu’il est humainement impossible de reproduire sans obtenir l'aide de l'Esprit-saint. Jésus, un artiste dont toute l'œuvre se retrouve dans ce cri : Père pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font (cf. Lc 23, 34).
Jésus est mort parce qu’il n’a jamais cessé, dans ses paroles, dans ses actes, jusque dans son procès et même son exécution, de manifester qui est son Dieu. Jésus est mort parce que ce Dieu là, son Père, son Dieu, n’était pas compatible avec le Dieu de ceux qui détenaient le pouvoir. Le Dieu que montrait Jésus n’est pas un terroriste, mais un Dieu Père. Sa victoire sera celle de l’amour. Quand Jésus déclare que la loi nouvelle est d'aimer nos ennemis, il demande de prendre son chemin. Sa victoire sera une victoire dans les cœurs.
Celui qui n'aime pas ses ennemis et dont la vie n'est pas partage et solidarité n'a pas encore connu ce Dieu qui maintenant se fait pour nous eucharisties. AMEN.