2015-B-Jn 14, 27-31- mardi 5e semaine de Pâques - Jésus partout présent
Année B : Mardi 5e semaine de Pâques (litbp05m.15)
Jean 14, 27-31a : Jésus partout présent
Il nous arrive souvent de comprendre après coup ce que nous vivons. Sur le moment, les situations nous semblent douloureuses, pénibles. On ne comprend pas ce qui arrive. Ce qui nous arrive. Sur le champ, nous ne voyons rien. Ne comprenons rien. Nous ne voyons pas le pourquoi des choses et où tout cela nous mènera. Puis sans préavis, tout s'éclaircie tout-à-coup. Nous comprenons souvent quand tout est fini et alors nous nous surprenons à dire : c'était pour le mieux ou comment se fait-il que nous n’avons pas vu ça avant ?
Les textes bibliques ne cessent de nous rapporter la même expérience. Regardez Jacob. Il s'écriait tout est contre moi (Gn 42, 36). Et à la veille de sa mort, il a compris que l'enlèvement de son fils Joseph a sauvé sa famille de la famine. Il a compris après coup que Dieu lui avait enlevé son fils pour l'envoyer en avant pour sauver les siens (Gn 45, 7).
Même chose dans notre évangile aujourd'hui. Les disciples ne comprennent rien à cette annonce. Ils se rebiffent, rouspètent. Ce n'est qu'après Pâques, après les événements et surtout après le départ de Jésus et quand l'Esprit de Dieu descend sur eux, qu'ils comprennent. C'est quand tout est fini, que Jésus retourne chez son Père, que leur yeux s'ouvrent (cf. Lc 24, 35-48).
Souvent nous ne discernons pas la présence de Dieu au moment où il est avec nous, mais seulement après. C'est la distance avec les événements qui nous permet d'en porter un autre regard. Notre évangile appelle cela de deux mots : je m'en vais mais je viens à vous et non pas, comme le laisse entendre le lectionnaire, je m'en vais et je reviens vers vous. Il ne s'agit donc pas d'un futur mais d'un présent. Je viens vers vous. Jésus est celui qui vient, et non dans un futur plus ou moins lointain. Il vient vers nous.
Dans sa catéchèse du 17 avril 2013, le pape, nouvellement élu, affirme que les chrétiens ne sont jamais seuls [...] parce que Jésus est vivant parmi nous d'une manière nouvelle. Source de peine parce qu'absent. Source de joie parce que plus présent qu'avant. Nous ne voyons plus Jésus, mais nous le discernons. Nous avons perdu cette possession tranquille d'une présence physique, mais nous avons plaisir de le sentir plus intérieur à nous -mêmes que nous-mêmes. Jésus nous habite. Il (re)prend possession de ses terres qu'il a acquises à fort prix.
Depuis le matin de Pâques, Jésus est délocalisé. Jésus est partout présent comme l'exprime la liturgie orthodoxe. Ce n'est pas parce que cette présence-là est moins culturellement évidente aujourd'hui, (l'a-t-elle déjà été ?) quelle est plus absente.
La nouveauté qu'apporte Jésus est une nouvelle forme de présence parmi nous. C'est le cantique nouveau (Ap 14, 1) dont parle l'Apocalypse, cantique toujours accompagné de son Esprit. Il nous faut mendier cet Esprit à qui le Père donne mission en son nom de tout nous enseigner et de nous rappeler tout ce que Jésus nous a dit (Jn 14, 26) pour que nous chantions ce chant nouveau (Ps 95, 1) désormais le chant de notre vie.
Ce que Jésus nous a dit, l'Esprit, cette nouvelle présence de Jésus, a mission de nous le rappeler, de tout nous enseigner (Jn 14, 26) parce que nous sommes des «oublieux». Savons-nous ne rien voir d'autre que cette nouvelle présence ? Sans ce regard, notre vie spirituelle tourne en rond. Aucun progrès n'est possible.
Le bienheureux Newman disait que nous avons perdu Jésus mais l'avons retrouvé immédiatement. Nous ne le voyons plus, touchons plus, l'entendons plus (cf. 1 Jn 1, 1) comme les apôtres, mais le discernons si nous projetons un regard de foi sur ce qui arrive, ce qui nous arrive. Soyons logiques. Poussons jusqu'au bout la voie où l'Incarnation de Jésus nous amène. Cette voie est une assurance : je m'en vais et je reviens. Cette voie sera toujours nouvelle.
Il n'y a pas plus passionnant dans la vie que de signer nos vies de ce qui fait l'essentiel de la foi chrétienne: commencer à devenir créature nouvelle et laisser cette nouvelle présence de Jésus nous transformer de l'intérieur. AMEN.