2015-B-Mc 16, 15-20-samedi 3e semaine pascale- Marc, le reporter de Jésus
Année B: Samedi 3e semaine de Pâques (litbp03s.15)
Marc 16, 15-20 : saint Marc, le reporter d'un événement incroyable
Avant de rédiger son évangile vers les années 65, Marc, écrivait saint Iréné au Ier siècle, en avait une connaissance parfaite. L'Esprit de Dieu l'avait revêtu de la force d'en-haut (Lc 24, 49) pour que son évangile devienne pilier et soutien de notre foi (1 Tm 3, 15). Ce qu'il écrit est plus qu'un document historique, le premier, sur les faits et gestes de Jésus. Son évangile est sa profession de foi, son chemin de perfection qu'il nous a légué. Il est à la fois une déclaration explicite de sa foi au Christ et aussi un témoignage clé de sa propre compréhension de Jésus. C'est ce qu'on appelle aujourd'hui du nom d'évangélisation implicite et explicite.
Il s'est laissé évangéliser par Pierre et Paul, par la première communauté chrétienne puis l'a prêché sur les routes avant d'en rédiger pour la postérité les événements. Il nous faut lire à genou parce qu'il n'est pas [seulement] le témoignage de la foi de la première communauté chrétienne [mais aussi] le témoignage rendu à un événement historique par ceux qui y ont été mêlés, pour citer le cardinal jésuite Jean Daniélou.
Marc, mort martyr vers l'an 68, y décrit son expérience de disciple, lui qui n'a connu Jésus qu'à travers Paul, Pierre et la première communauté de témoins. Il serait, dit une note (C) de TOB, ce jeune homme qui s'enfuit tout nu lorsque les soldats veulent l'attraper pour aider Jésus (cf. Mc 14, 50-52). Ce qui a fait dire au bienheureux Newman qu'avec Marc nous assistons à une transformation vraiment merveilleuse. Face au danger, il abandonna la cause de l'Évangile et plus tard sous l'influence de Pierre, [...] il se conduisit non seulement en chrétien, mais en serviteur de Dieu résolu et diligent.
Dans un langage dépouillé, et c'est le trait dominant de son Évangile, Marc nous présente, et c'est aussi son autoportrait, un Jésus constamment entouré de disciples (Mc 1, 17-18) qui ne cessent de s'interroger sur ce Maître qu'ils suivent mais qu'ils sont incapables de saisir. Des disciples à la foi «douteuse». Marc nous présente un Jésus obligé de tout expliquer à des disciples qui ont du mal à comprendre ce qu'il dit. Mais peut-il en être autrement ? Le philosophe qui se dit athée, André Compte-Sponville, exprimait dans l'heureux naufrage qu'il est imbécile celui qui croit en Dieu mais qu'il est aussi imbécile celui qui ne croit pas en Dieu.
Dans la parabole du semeur, il montre l'étonnement de Jésus obligé à leur en expliquer le sens (Mc 4, 13). Il est surpris par leur manque de foi (Mc 4, 40). Quand Jésus marche sur les eaux, ils ne le reconnaissent pas et le prennent pour un fantôme (Mc 6, 45-52). Devant la deuxième multiplication des pains (Mc 8, 14-21), ils sont incapables d'entrer dans le mystère. Cette dominante de son évangile a fait dire à un exégète franciscain, le frère Claude Coulot, que Marc reflétait un trait dominant chez les premiers chrétiens, incapables de comprendre Jésus.
Et nous, comprenons-nous davantage ce Jésus ou avons-nous comme les disciples de Marc, un besoin permanent de nous faire expliquer par Jésus lui-même qui il est ? Nous éprouvons aussi ce besoin de demander à Jésus une parole qui pourrait nous rassurer sur cette vie nouvelle qu'il ne cesse d'annoncer.
C'est en entrant dans le mystère du Ressuscité et non comme un détective cherchant les failles historiques que nous comprenons la portée de son Évangile. Marc nous présente un Jésus pascal. Un Jésus qui cache son identité pour ne pas effrayer.
Il y atteste la vérité du mystère du Christ ; en effet Paul écrivait aux Corinthiens quelque quinze ans avant, que si l'on prêche que le Christ est ressuscité des morts comment certains peuvent-ils dire qu'il n'y a pas de résurrection des morts ? Mais si le Christ n’est pas ressuscité notre prédication est vide, vide aussi votre foi (1 Cor 15, 12-14).
Je conclue par ces mots de Newman : une leçon nous est donnée à travers cette histoire [son évangile]: par la grâce de Dieu, le plus faible peut faire de grande chose. AMEN.