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Année B: Mardi 4e semaine ordinaire (litbo04m.15)

Marc  5, 21-43 : le mot qui fait lever l'aurore

Deux femmes sont au centre de ce récit, la petite fille de Jaïre âgée de douze ans et celle en perte de sang depuis douze ans. Les deux ont épuisé toutes les ressources humaines de la médecine. Les deux,  poussées par un instinct de survie, voient en Jésus leur dernier recours. En nous montrant l'impuissance des hommes, de la médecine, Marc fait ressortir la puissance de la foi. Ta foi t’a sauvée.  Ne crains pas, crois seulement.   

Anne Soupa dans  Douze femmes dans la vie de Jésus,  éd. Salvator, 2014, voit dans ces deux guérisons, la confirmation que Jésus n'a pas peur d'aborder les questions de la vie sexuelle. Les deux femmes se voient libérées des entraves à leur vie sexuelle. Elle s'en réjouit. Par la suite, l'auteur donne une explication psychologique à la scène du notable de Jaïre que nous pouvons partager ou pas.

Marc met en évidence que notre relation à Dieu ne repose pas sur notre dignité ou indignité personnelle. Elle n'est pas dictée par notre situation sociale, religieuse, économique. L'une était pauvre, l'autre issue d'une illustre famille. 

Par son ouverture à deux situations vécues en périphérie et donc loin des préoccupations des chefs religieux,  Jésus vient ouvrir une brèche à ce qui semblait sans issue. Il démontre qu'il est vraiment possible de Le toucher ou de se faire prendre par la main pour entendre ces mots qui font lever l'aurore dans la nuit, ces mots qui font Pâques : Ta foi t’a sauvée.  Ne crains pas, crois seulement. 

Ce qui importe de percevoir, c'est l'étonnante humanité de Jésus envoyé par le Père pour guérir et sauver tous les hommes (Kyrie). Il circule à travers toutes les détresses pour y semer une parole de vie. Plus nous avançons dans la lecture de l'évangile de Marc, plus nous sommes en présence de l'être toujours plus grand (Adrienne Von Speyr) qui se dégage de Jésus.

Lentement, Marc nous apprend à connaître le Seigneur (He 8, 11). Il nous fait entrer dans ce mystère de la distance entre ce que nous connaissons de Jésus et ce que nous en ignorons.  Pour lui, Jésus ne se comprend que par notre non-compréhension. Il existera toujours en nous une non-connaissance de Jésus. Il faut apprendre à vivre avec cette non-connaissance de Jésus et ne pas nous étonner d'entendre Jésus nous dire comme il l'a fait à sa propre mère le cherchant dans le temple, ne saviez-vous pas  (Lc 2, 49) ?   

Ne saviez-vous pas que c'est la foi qui guérit ? Aucunement question ici de fuite de la réalité, mais d'abandon et de confiance. Ne saviez-vous pas que c'est quand la lumière devient ténèbres, quand le corps qui était sain se découvre malade, quand nous traversons la région du désespoir, quand notre monde crie sa saturation devant l'horreur des Boko Haram,  quand l'être aimé fait demi-tour et s’en va, c'est alors qu'il faut entendre la voix de Jésus nous dire : Talitha koum !  Ne crains pas, lève-toi !

S'adressant à  des jeunes au Chili (1987), saint Jean-Paul II leur disait : seul le Christ peut donner la vraie réponse à toutes vos difficultés ! Il est le Seigneur de la vie. Cherchez le Christ. Touchez le Christ. Laissez-le vous prendre par la main. Il terminait par ces mots  toujours actuels : combattez le bon combat de la foi (1Tm 6, 12).

Ce qu'avait en commun cet homme de Zaïre et cette femme, c'est qu'ils avaient les yeux fixés sur Jésus comme l'exprime la première lecture. Voilà bien le regard qui change toute la vie. Fixer Jésus non de cette fixation pathologique que nous observons chez certains malades mentaux, mais fixer avec foi, regarder en profondeur et confiance celui qui est à l'origine de la foi. Alors nous courrons avec endurance l'épreuve qui nous est proposée. AMEN.