2014-A-Lc 18, 1-8- samedi 32e semaine ordinaire-le don de la prière
Année A: Samedi 32e semaine ordinaire (litao32s.12)
Luc 18, 1-8 : demander le don de la prière.
Une page bien encourageante pour vous qui portez au Dieu Très-haut toutes les intentions et demandes qu'on vous adresse. Ici, c'est une veuve implorante qui demande justice pour elle-même. Ailleurs, chez Luc, c'est un homme suppliant son ami déjà au lit de lui procurer, dans un geste de compassion, trois pains pour quelqu'un qui arrive de voyage (Lc 11, 5-9). Justice et compassion, les deux facettes de la prière chez Luc qui nous décrit ainsi un Dieu de justice et de miséricorde.
Deux récits parallèles, une femme d'un côté, et un homme de l'autre. Pas anodin. Les exégètes observent que chez Luc, il y a «parité» homme/femme. Quand il introduit un récit avec une figure masculine, il en ajoute un autre avec une figure féminine. Vieillard Syméon… la prophétesse Anne (cf. Lc. 2,22-38) ; le berger et sa brebis perdue suivi de la femme qui a perdu une drachme (cf. Lc 15, 4-10).
Petite différence entre ces deux passages de Luc et vous ; Luc fait voir le résultat de la demande de la veuve : je vais lui rendre justice et celui de l'ami inopportun : demandez et vous obtiendrez. Ici, vous n'en voyez pas le résultat. Pourtant, en tout temps et à tout propos, vous rendez grâce au Père au nom de Jésus (Ep 5, 19) en ne rabâchant pas comme les païens (Mt 6, 7).
Votre réputation d'être des embauchées pour discuter avec Dieu de cœur à cœur, dans un élan du cœur (Petite Thérèse), est depuis longtemps bien ancrée dans la population. On vous sait mandatées du ministère de la vigilance auprès du Père. Cela est tellement bien perçu qu'on vient vous demander sans cesse, d'intercéder auprès de Dieu pour toute sorte de situation. On vous sait capables de persévérer dans la prière, capables de constance, capables d'importuner jour et nuit, sans fléchir comme la pauvre veuve ou cet ami inopportun (Lc 11, 5-9).
L'accueil que vous offrez au quotidien confirme que votre vie contemplative est inséparable des préoccupations du milieu où vous vivez. Comme l'exprimait dans des paroles fortes le pape François à l'heure de l'Angélus récemment (26 octobre 2014) en s'adressant à la vie religieuse : Nous ne pouvons plus séparer la vie religieuse du service aux frères,...Nous ne pouvons plus séparer la prière, la rencontre avec Dieu dans les Sacrements, de l’écoute de l’autre, de la proximité à sa vie, et tout spécialement à ses blessures.
La parole de Dieu exprimée dans les mots de Luc, nous montre que la puissance de la prière est grande; [qu'il est grand et noble] ce regard simple posé vers le Ciel (Thérèse de Jésus). Il ne reste pas sans effet.
Comme la veuve de l’évangile, et cette année consacrée à la vie religieuse nous le redira, vous avez pour ministère de nous apprendre à prier, à toujours prier et à ne pas perdre cœur (Lc 18, 1). Ce n’est pas vers un juge froid et inique que nous tournons nos cœurs. C’est vers le Père. Vers celui qui nous veut ; celui qui nous désire ; celui qui nous attend et qui, avec nous, attend nos amis et nos ennemis, et l’humanité entière.
Vous connaissiez bien cet apophtegme de Bessarion : le moine doit être, comme les chérubins, tout entier œil. Tout entier regard priant posé sur le Père.
À votre contemplation : Ne mettons pas cet évangile dans les archives des belles paroles de Dieu. Mettons-la en pratique. Implorons Dieu, dans la nuit sombre de la foi comme dans la clarté du jour. Demandons-lui le don de la prière pour que nous puissions être des signes visibles d'une vie vécue en état de gratitude. Laissons monter durant cette eucharistie, un visage, une personne, un pays pour que l'Évangile pénètre et réchauffe les cœurs.
Que Marie nous apprenne à entrer dans la prière de son Fils qui brûle tellement le cœur de son Père qu'il lui accorde tout ce qu'il demande en notre nom. AMEN.