2014-A-Lc 9, 43b-45-samedi 25e semaine ordinaire- des disciples à la tête dure-
Année A: Samedi 25e semaine ordinaire (litao25s.14)
Lc 9, 43b-45 : annonce de la passion; des disciples à la tête dure
Mettez-vous bien dans la tête ce que je vous dis. Pas difficile à comprendre que Jésus perçoit bien que ses proches ont la tête dure quand il s'agit de regarder la réalité en face. C'est pourtant très clair : Le fils de l'homme va être livré aux mains des hommes. Rien n'est pire que quelqu'un qui ne veut pas comprendre. Malgré des évidences, malgré une multitude d'explications, il n'y a rien à faire. C'est peine perdue. Ces paroles restent voilées pour eux, nous dit Luc.
Jésus a souvent fait des reproches semblables à ses disciples qui ne comprenaient pas ses paraboles. Jésus savait bien que ses disciples ne comprenaient rien, mais il ne comprenait pas pourquoi ses disciples ne comprenaient rien. Cela est très souffrant. C'est contrariant. Fâchant. Jusqu'à quand serai-je auprès de vous et vous supporterai-je (Lc 9, 41) ? À Pierre qui veut lui éviter souffrance et infamie et qui se débat pour que cela ne t'arrive pas, alors qu'il vient de reconnaître en Jésus le fils de Dieu, Jésus offre cette réplique brutale, presque violente, arrière Satan (Mt 16, 22). À ce même Pierre qui refuse de se faire laver les pieds, il lui dira :tu comprendras plus tard (Jn 13, 7).
Quand Jésus enseigne en paraboles, les disciples ne comprennent pas. Quand Jésus, avec clarté, leur annonce sa passion, ils refusent de comprendre. Ils refusent l'annonce d'un Messie serviteur souffrant. Les disciples réagissent ainsi parce qu'ils ne comprennent pas que dans son être profond, Jésus est fils de Joseph et fils de Dieu. Cette réalité-là n'a pas encore pénétré «au-dedans» d'eux. Jésus demeure imperméable aux disciples, incompréhensible, parce que se sont des gens « du-dehors». Ils n'ont pas l'Esprit de Jésus. Ils entendent sans comprendre. Ils suivent par carriérisme, dirait le pape François.
Mettez-vous dans la tête. Ce sont des paroles choquantes. Des paroles blessantes. Jésus dit à ses plus proches collaborateurs, à ceux qui l'accompagnent, à ceux qu'il a choisis : vous avez des oreilles et vous n'entendez pas, des yeux et vous ne voyez pas (Mc 8, 18). Jésus ne fait que redire ce que les prophètes ont exprimés en des termes plus diplomatiques : vous écoutez sans rien comprendre... vous voyez sans rien voir (Is 6, 10).
Dans ce bref récit, Jésus entonne une musique que nous pourrions intituler prélude à la mort. Jésus est à un point tournant de sa vie. Sa route est bien identifiée. Tracée. Malgré ce qu'il voit venir, il ne recule en rien pour faire connaître son projet. Son royaume. Et nous, entendons-nous cette musique ? Voulons-nous l'entendre ? Acceptons-nous de le suivre sur ce chemin ?
Jésus refuse d'être accompagné par des aveugles. Il nous informe que le suivre ne sera jamais une croisière ni un voyage de tourisme. Comme l'exprimait un croyant «ordinaire» : aujourd'hui, ça ne va pas en s'arrangeant mais en se purifiant.
Autour de nous, sur notre chemin de croyants, des difficultés sont fortement ressenties. Nous ne savons plus, disons-nous, sur quel pied danser. Où reposer la tête ? Hier, on crachait sur le visage de Jésus. Aujourd'hui, on aurait le goût de dire pourquoi me frappes-tu ?
Comme hier, nous sommes embauchés pour ne rien préférer au Christ (règle de s. Benoît) ni autre chemin que celui-là. Ici, plus qu'embauchées, vous êtes des consacrées à ce grand travail de faire resplendir la vie par son Évangile (Acclamation). Cela passe par un véritable engagement personnel et de tous les instants.
Une eucharistie pour apprécier et goûter ce qu'exprimait l'antienne d'ouverture : l'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle, apporter aux opprimés la libération. AMEN.