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2014-A-Lc 18, 9-14 samedi 3e semaine carême- pharisien et publicain en prière-

Année A : Samedi 3e semaine Carême (litac03s.14)  30 dim-c

Lc 18, 9-14 pharisien et publicain en prière qui regardons-nous ?

La Bonne Nouvelle de cette parabole c'est que Dieu ne fait pas de différence entre les hommes dit Ben Sirac (si 35,12-18). Le pape François disait dans la joie de l'évangile : j'ai la conviction dogmatique [que] chaque homme est aimé de Dieu.

Cette parabole ne prend pas position en faveur du publicain perçu comme un voleur - songeons à Lévi . Elle ne dit pas non plus que les actes du pharisien sont mauvais, sans valeurs.  Autant l'un et l'autre sont aveuglés par ce qu'ils sont. L'un s'auto-regarde. Il était «allumé» par ses bonnes oeuvres. L'autre s'auto-flagelle. Il était   «déboulonné» par sa réputation de voleur. L'un ne voit que ses réussites. L'autre ne voit que ses manœuvres de collecteur d'impôt.   Les deux ont des regards fermés, repliés, ratatinés sur eux-mêmes.   

Et voilà que nos deux imparfaits se retrouvent au temple.  Observons d'abord avec le grand théologien médiéval, saint Thomas d'Aquin, que ce n'est pas parce que quelqu'un est physiquement en avant dans le temple qu'il est plus près de la présence Dieu. Je peux bien être en avant dans l'église et me demander si ma voiture va démarrer tantôt. Observons aussi que nos deux héros du jour ne sont pas pour parler comme le grand priant Maître Eckhart, vide dans le noble fond de leur être. Ils sont remplis d'eux-mêmes, soit de l'application parfaite de la loi ou de la désolation de son comportement.

Or prier et c'est là le point sommet de cette parabole,  n'est ni éloge de soi ni dépréciation de soi. Pour parler comme Madame Claire, prier c'est de simplement regarder Dieu. Non pas regarde-toi :  Je te rends grâce parce que je suis une moniale, parce que je prie à chaque heure du jour. Non pas aie pitié de moi.  Les deux ont besoin de détourner leur regard d'eux-mêmes. Fixe dit Jean de la Croix, les yeux sur lui seul, tu trouveras en lui au delà de ce que tu peux désirer. Regarde-le. Pose ton regard sur lui et la vie jaillira. Ce regard là est dangereux parce qu'il y a risque de devenir ce que nous voyons. De voir nos vies transfigurées par ce que nous voyons.

Monte en moi cette demande : Seigneur, apprends-nous à prier. Apprends-moi à Te regarder non à travers le filtre de mes réussites ou de mes échecs. Regarde-le. Ce n'est pas une méthode. Regarder n'est pas seulement voir. C'est donner de la profondeur à ce que nous voyons. C'est entrer dans cette grande aventure de découvrir chaque jour quelque chose de beau sur le visage de l'autre (sculpteur Alberto Giacometti). C'est porter attention jusqu'à devenir bon samaritain. Jusqu'à voir au loin le fils qui revient de loin pour lui remettre une bague d'or au doigt. Cela s'appelle regard de miséricorde. Regarde-le pour se donner accès à cet essentiel qui est invisible aux yeux. Cela exige de jeter dehors cette petite chose qu'on appelle le moi et qui retenait toute l'attention de nos deux priants, pour entrer dans le vaste et immense monde du Regardé.

Il y a tant de choses à regarder de nos jours : la crise économique, notre église en pleine tempête, son manque de personnel, de moyens, tant d'hommes et femmes vivant dans la pauvreté matérielle, dans le désarroi spirituel, tous les chercheurs de bonheur qui ne le trouvent guère. Oui, l'essentiel de cette parabole: regarde-le pour réaliser avec frémissement qu'il ne dort pas à l'arrière de la barque. Pour nous éviter aussi cette maladie des yeux qui nous fait voir le noir plutôt que la clarté du jour. Nous voyons non pas parce que nous avons des yeux mais nous avons des yeux parce que nous sommes [des] regardants par le fond de la nature (Martin Heidegger).  Marie dont nous venons de faire mémoire cette semaine nous dirait : prenez une Parole de mon Fils, allez dans la montagne, gardez, contempler longuement cette parole.

À votre contemplation, ces mots d'un écrivain contemporain de l'intériorité, Jean Yves Leloup : Chaque matin cherche l’étincelle, l’éclair qui allume en toi le jour…Nous ne sommes pas nés seulement pour voir les choses mais pour regarder le jour dans lequel nous apparaissent les choses. Beaucoup meurent sans avoir jamais vu le jour naître.

Portons sur cette eucharistie un regard neuf, un regard de naissance, un regard de commencement, celui qui nous vient du Regardé sur nous. AMEN.

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Samedi, 1 mars, 2014

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