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Année C : Vendredi de la 5e semaine du Carême (litbc05v.98)

Jean 10,31-42 ineffablement crucifié

Il a souffert... Il faut ajouter non seulement sous Ponce-Pilate. La passion de Jésus ne se réduit pas au court tracé qui va du jardin des Oliviers jusqu ' au sommet du Golgotha. Aujourd ' hui, on ne s ' arrête plus à réfléchir sur la Croix du Christ. On préfère sauter au plus vite à sa résurrection prétextant que c ' est la fin qui compte. A quelques jours de la semaine sainte, cette page de Jean nous invite à porter notre regard sur la croix du Christ.

Toute sa vie, Jésus a dû affronter une longue série de menaces de mort. Toute sa vie, Jésus a eu à faire face à une longue marche que l ' on peut soupçonner d ' interminable, vers la Croix. En entrant dans notre monde le Christ a dit : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté (he 10,5-7). Jésus va jusqu'à affirmer que sa nourriture est de faire la volonté de Celui qui l 'a envoyé (Jn4.4) . Transparaît dans cette recherche de la volonté du Père, son ouverture à recevoir un baptême et comme cela me pèse jusqu 'à ce qu 'il soit accompli (Lc12.50). Jean nous rapporte ce cri de Jésus : Père, sauve-moi de cette heure mais c 'est précisément pour cette heure que je suis venu dans le monde (Jn12.27) . Que de luttes intérieures quand il affrontait ses détracteurs sur la route ? A chacune de ses sorties publiques, Jésus se voyait épier, surveiller, harceler. C'est fatiguant à vivre !

Devant cette heure, Jésus ne se presse pas . Il ne courre pas à la mort. Il continue malgré les menaces contre Lui à vivre calmement l = instant présent, attentif aux personnes. Jésus, serviteur souffrant , familier de la souffrance, lui qui portait nos souffrances (Is 53,2-3), est demeuré serein et plein de compassion, de compréhension devant ses détracteurs. Il n 'a pas élevé la voix pour les condamner. Une attitude qui devrait être la nôtre devant nos propres souffrances. Nulle part ( Guillaume de St Thierry ) la misère humaine ne se saisit mieux que dans la lumière de la souffrance du Christ. (Cette attitude de Jésus devant ses menaces de mort, nous la retrouvons dans ces moines d'Algérie que le Père Christian a résumé dans son testament s 'il m'arrivait un jour.. Et ça pourrait être aujourd 'hui...je ne saurai souhaiter une telle mort. )

Devant nous, des jours pour, comme Madame Claire, méditer les souffrances de Jésus pour nous. Je dirais plus : contemplons, dans les très beaux mots du théologien russe Boulgakov, (assassiné en 90 à Moscou) le Père et l' Esprit ineffablement concrucifiés avec Jésus. La folie de l ' Amour du Fils impliquera toujours le Père et l ' Esprit. Contemplons Jésus réussir sa mission dans le sang de sa croix. Contemplons Marie qui, précise le Cardinal Journet , chaque fois qu ' elle rencontre son Fils voit son coeur transpercé : C 'est toujours pour briser quelque chose en elle. Il semble qu 'elle n 'est reçue ce coeur de chair que pour le voir meurtri par l 'Enfant pour qui seul il battait.

A votre contemplation. Comme Marie durant ces heures de la passion, restons debout près de toutes les croix, toutes souffrances du monde. Comme elle, ne cachons pas notre douleur à les porter. Comme elle, recevons entre nos mains toutes les souffrances des fils de Dieu de ce monde, de notre Eglise. Ce n ' est pas le moment pour nous de fléchir. Le monde des crucifiés a besoin de nous voir au pied de leur croix pour que nous puissions les recevoir quand il n ' en pourra plus de souffrir. Du temps pour développer une grande sollicitude pour que les croix du monde se transforment en un grand matin pascal. AMEN.

Accueil : Le Christ se tient à la porte et il frappe. Lui ouvrir la porte, c ' est laisser l ' Evangile entrer en nous et tout ravager sur son passage. Autant le savoir, l ' accueillir c ' est prendre son étrange chemin vers la Lumière. Avec Jésus et son Evangile, nous sommes en mission de passion pour notre monde.