2013-C- Lc 12, 35-38 Mardi 29e semaine ordinaire - expert en attention
Année C : Mardi 29e semaine ordinaire (litco29m.13)
Lc 12, 35-38 Expert en attention
Nous sommes toujours en attente. Attente d'un repas, d'un rendez-vous médical, d'un téléphone, d'une lettre, d'un autobus. Notre attente est toujours fixé sur quelque chose de précis. Plus la personne attendue ou l’événement attendu est important, plus nous habillons notre coeur, comme dit le petit Prince.
Attendre, non pas comme on attend l’autobus ou comme on attend que le temps passe ou qu’on attend je ne sais quoi encore. Attendre, c’est une façon d’être présent...à un absent comme le confirme la parabole des vierges sages (Mt 25, 1-13). Elles vivaient suspendu à leur certitude du retour du Maître de la noce. Dans toute attente, il y a une certaine présence.
Voilà bien ce à quoi nous ouvre l'appel à rester vigilant. Rester vigilant à une Présence annoncée et déjà là. Mais rester, demeurer vigilant, portée attention, est devenue un art difficile tant nous sommes assiégés par mille appels qui sont autant de fuites, tant nous sommes distraits par tout ces bruits du dehors ou même du-dedans. Nos têtes sont envahies par des préoccupations interminables. Rester vigilant demeure d'une vibrante actualité tant le risque de fuir dans l'immensité des besoins dont on nous fait sentir l'importance, est omniprésent.
En entendant cet appel à la vigilance, à demeurer en état de service, a émergé en moi une phrase. Une Parole quI fait sens, me fait sens et qui devrait nous interpeller. Elle jaillit comme une parole-centre. Une parole-phare. Elle me vient de l'épitre aux Hébreux : la foi est le moyen de posséder déjà ce qu'on espère, [ce qu'on attend] (He 11,1). Rester vigilant, non pas pour quelque chose à venir mais percevoir quelque chose de déjà présent.
Le pape François rappelait cette nécessité de la vigilance quand il déclarait le 14 octobre dernier que l'on constate souvent une attitude d'indifférence envers la foi,...on ne [la] considère pas comme importante dans la vie humaine. Il est important que nous chrétiens, nous montrions concrètement notre façon de vivre la foi, à travers la foi, à travers l'amour, l'harmonie, la joie, la souffrance, pour que cela suscite des questions, comme au début du chemin de l'Église. Pourquoi vivent-ils ainsi? Qu'est-ce qui les poussent ?
Tenir nos lampes allumées pour réchauffer, le mot est souvent utilisé par François, ceux et celles qui dont la foi est étouffée par les préoccupations terrestres et qui ont perdu le sens profond de la vie. Notre monde a besoin de chrétiens dont la foi demeure en état d'éveil, capable d'allumer le feu qui dort sous la cendre, étouffé par des conditions d'existence difficiles et parfois inhumaines. Il faut offrir l'oxygène de l'Évangile, le souffle du Ressuscité, pour la ranimer dans les coeurs (Pape François).
Étonnant, émouvant et bouleversant quand nous prenons conscience que notre texte se termine sur un regard d'un Dieu qui nous voit tellement important, tellement beau qu'il se mettra en tenue de travail, [nous] fera mettre à table et [nous] servira. Oui, demeurer en état de vigilance dans la foi attire le regard de Dieu. Nous sommes alors élevé au rang d'invités d'honneur à sa table.
Ce fut l'expérience d'Abraham, grand patriarche, père de tous les croyants (Rm 4, 11-12), d’un grand nombre de peuples (Gn 17, 5 ; cf. Rm 4, 17-18), lui dont la Genèse, par deux fois, en parle comme ami de Dieu, espérant contre toute espérance, il a cru (Gn 4, 18). Ce fut celle de Marie, cette disciple parfaite (LM # 53) du Seigneur. Ce fut celle des apôtres qui ont tout laissé pour suivre un inconnu. Celle des premières communautés chrétiennes regroupées autour d'une table eucharistique. Celle de Paul qui au terme de sa vie, demandait à son disciple Timothée de toujours rechercher la foi (2 Tm 2, 22) avec la même constance que lorsqu’il était jeune (cf. 2 Tm 3, 15) (cité dans la porte de la foi # 15).
C'est notre expérience aussi que nous portons dans des vases d'argile, afin de manifester que cette puissance extraordinaire (nous tenir éveiller) appartient à Dieu et ne vient pas de nous ( 2 Cor 4, 7). AMEN.