1997-B -Vendredi 17 e semaine ordinaire Mtt 13, 54-58 départ des deux soeurs malgaches
Année B : Vendredi de la 17e semaine ordinaire (litbo17v.97)
Mtt 13, 54-58 départ des deux soeurs malgaches
Jésus était à ce point fils de la terre, fils d ' homme que Pilate n ' a jamais soupçonné toute la profondeur de ses paroles quand il a dit : " Voici l ' homme " . Jésus n ' est pas seulement un humain comme nous le sommes. Jésus est l' humain par excellence. Nous, nous sommes un parmi des milliards. Lui il est L 'HUMAIN qui se propose comme une interrogation à notre foi et à notre amour. En retournant dans le village de son enfance, Jésus a donné une telle leçon de sobriété que les siens ne l ' ont pas reconnu, lui dont les rumeurs à son sujet, le vedettariat avait quelque peu choqué les gens de Nazareth. De Nazareth peut-il sortir quelque chose de grand ?
Vingt siècles après ces événements, Jésus ne peut être pour nous, autre chose qu ' un visage. Rencontrer Jésus autrement que dans un visage est impossible comme il est impossible d ' aimer sans passer par un visage. Depuis ce premier Noël, Dieu en Jésus s ' est fait humain comme pour ne pas imposer sa présence. Certains "l 'ont vu de leurs yeux, l 'ont touché de leurs mains " (1 Jn1 : 1). Pour d ' autres, ce fils de Joseph, ce Nazaréen qui, de village en village "passait en faisant le bien, guérissant les malades " (Ac10 : 38), de retour chez les siens, est devenu " sans visage". Il annonçait ainsi de quelle fin il allait mourir. Faut-il s ' en étonner. Le contraire serait plutôt réaliste !
" Quand verrai-je ta face Seigneur ?" " Illumine pour nous ton visage !"" Seigneur je cherche ton visage " . Nous qui sommes des chercheurs de Dieu sans l ' avoir vu (1 Pi1, 8) nous aimerions bien voir son visage, le regarder, le contempler. Il nous a laissé pour photo des disciples qu ' Il envoie porter sa Parole " Qui vous reçoit m 'accueille " . Une catéchèse primitive parle des disciples comme des " porte-Christ " . Pour le reconnaître : des tout-petits, les persécutés de la vie, les traits étirés des malades, le regard épuisé de l ' affamé, les yeux suppliants des " sans domicile fixe " . L ' icône le plus parlant demeure son agenouillement pour laver les pieds meurtris et blessés. Faut-il s 'étonner que les siens ne l ' aient pas reconnu, lui, ce samaritain tombé au main de l ' humanité. Faut-il s 'étonner que notre monde ne le reconnaisse pas ?
Il nous faut retrouver une capacité d 'étonnement devant ces traits quotidien qui nous disent Dieu. Celui qui a perdu cette capacité d 'étonnement a quelque peu perdu les traces de la foi. Contempler aujourd ' hui son visage, c ' est fixer notre regard sur ces regards déchirés par l 'échec, la misère. Notre regard contemplatif nous conduit dans un face à face quotidien avec les sans regards, les sans visages.
"Celui qui est toujours avec nous jusqu 'à la fin des temps " dans ses regards humains, je le salue maintenant dans les traits de ces deux visages très humains de vos consoeurs malgaches qui nous quittent après trois années de transformation en profondeur sinon de leur visage tout au moins de leur être profond. "En descendant de la montagne, Moïse ne savait pas que son visage rayonnait de lumière ". Je n ' ai qu ' un souhait : que vos compagnes malgaches puissent reconnaître cette " lumière sur vos visages " , cette nouvelle identité née de votre courage et détermination a parcourir les étapes de votre formation. Se découvrir soi-même et découvrir Dieu passe par la même exigence de la Croix Une formation qui vous donne des allures, des airs de transfiguration.
En vous disant TOU G A VA SOUA(bon voyage) - VELOUMA MANDRAPI HO N NA(au revoir-un jour) je m ' applique ces mots de Clément d ' Alexandrie : " Si tu as vu ta soeur, tu as vu Dieu " . Merci d 'être venu nous montrer le visage de Dieu chez nous. AMEN.