1989-B- Mtt 5, 20-26 Vendredi 1e semaine carême - une conduite étrange
Année B : Vendredi de la l ière semaine du Carême (litbc1v.89)
Mtt 5, 20-26 une conduite étrange
L'enseignement de Jésus n'est pas à l'eau de rose. Jésus n' a pas invité ses disciples d'hier et d'aujourd'hui à une petite vie honnête, tranquille, il propose un idéal exigeant, difficile à atteindre. Jésus appelle au dépassement.
Jésus a été un radical, mais non pas un rigoriste. En même temps qu'il semblait opter pour l'allégement d'une pratique devenue trop rigoureuse voire presqu' inhumaine de la justice, Jésus, par sa prédication, recherchait la création d'une grande société, qu'il appelait Royaume, une société reposant sur une nouvelle justice plus radicale à l'égard de tous et de toutes.
Ce qu'a fait Jésus, c'est de ré-inventer, de ré-orienter la pratique de la justice, qui avait mauvaise mine. Jésus a opté pour une relation alliance-réconciliation avec son peuple. Jésus a préféré l'exigence de solidarité au rigorisme de la loi. Pour le dire autrement, Jésus a ré-inventé la fraternité. Son insistance à développer plus que des bonnes oeuvres, à ne pas se contenter d'une "bonne conduite" a pour conséquence qu' on ne peut être désormais évangéliquement bon en dehors d'une nouvelle relation à l'autre.
Ce matin, nous recevons tous et toutes, une bonne sommation de l'Evangile: La prière seul n'est plus suffisante. Il faut changer notre manière d'être en relation avec notre voisin qui ne peut plus, en régime évangélique, nous protéger contre les complaisances égoïstes et les nombrilismes mystiques.
La nouvelle justice consiste moins à ne pas faire qu'à faire. En régime évangélique, le péché c'est de ne rien faire pour changer le monde. Ne pas tuer, c'est drôlement plus facile que d'éliminer la haine en nos coeurs.
Il vaut mieux désormais travailler à changer le monde sans prier que prier sans le désir profond et le projet de changer le monde, en attendant les bras croisés que le monde change de lui-même. En somme, la nouvelle justice fraternelle ,à la manière de Jésus, doit faire mal. Aimez ses ennemis, priez pour nos persécuteurs, ca fait mal à notre esprit individualiste.
Oui la conduite du Seigneur est étrange dit la lecture d'Ezéchiel. Faire Carême, c'est devenir "étrange". Le signe de ce comportement "étrange" c'est de nourrir notre contemplation d'une fièvre de désir de faire vivre même nos ennemies. La nouveauté de Jésus consiste, selon l'expression pleine de fraîcheur de Léonardo Boff, d' être vide c-a-d d'être capable, comme personne, de recevoir et d'accueillir même nos ennemies. Je vous souhaite ce vide qui conduit à créer l'homme nouveau et une terre nouvelle. AMEN.
Évangile:
Année:
Pérode:
Date:
Mercredi, 1 février, 1989