2010-C-Jn 21 1-14-Vendredi octave Pâques -Nous transformer en ressuscité
Année C : Vendredi de l’octave pascal (Litcp00l.10)
Jn 21 1-14 : Nous transformer en ressuscité
C’est le Seigneur, dit Jean qui été le premier à voir et à dire. Mon Seigneur et mon Dieu, s’écrit l’incrédule Thomas, dimanche prochain. Ce sont des cris d’admiration, des cris de joie et d’adoration qui expriment le revirement profond, le changement radical qu’entraîne la reconnaissance de Jésus ressuscité. De septiques, ils deviennent croyants. De peureux, ils deviennent audacieux. De désabusés, ils retrouvent l’enthousiasme du huitième jour.
Toutes les apparitions de Jésus soulignent un fait déconcertant : on n’osait pas y croire. Marie-Madeleine aperçoit Jésus qui était là, mais elle ne savait pas que c’était lui (Jn 20, 14). Dans la joie, ils n’osaient pas y croire et restaient saisis d’étonnement. Venez déjeuner. Aucun n’osait demander : qui es-tu? Ils intuitionaient que c’était le Seigneur (Jn 21, 12).
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’à chaque manifestation de Jésus, nous assistons à la transformation des disciples. Que ce soit Marie-Madeleine s’en allant tout triste au tombeau et qui a entendu Jésus lui dire : Marie; que ce soient les disciples d’Emmaüs qui retournaient déçus chez eux et qui ont été réchauffés, presque réanimés; en voyant, leurs yeux s’ouvrirent à la fraction du pain; que ce soit Thomas qui a refusé de croire ce que les autres disciples lui disaient et qui a reçu l’invitation de Jésus à placer ses doigts et ses mains dans le coté ouvert et, précise Antoine de Padoue, pour y établir son nid dans ces plaies comme au creux du rocher (Ct 2, 14),nous sommes en présence de disciples transfigurés, qui ressuscitent eux aussi.
Ils passent de la nuit au matin, des ténèbres à la lumière, de l’ignorance – ils ne savaient pas que c’était le Christ - à la connaissance, -c’est le Seigneur, de l’absence de nourriture (Jn 21, 5) – allons à la pèche – à l’abondance d’un repas préparé par Jésus lui-même (Jn 21, 9-12). À chaque apparition, c’est Jésus qui prend l’initiative –n’avez-vous pas un peu de poisson?
À quoi servirait de croire en la résurrection, de reconnaître Jésus sur nos rivages, s’il ne se produisait pas en nous une résurrection? Dans une homélie pascale ancienne, il est dit que nous portons en nous l’image de celui [Adam] qui est pétri de la terre, mais nous portons aussi l’image de celui qui vient du ciel. Et c’est bien là le défi de ce temps pascal : renaître de celui qui vient du ciel alors que spontanément nous sommes collés à l’image de celui qui est pétri de la terre, comme l’exprimait Paul dans l’épitre du dimanche de Pâques (Col 3, 1-4).
Nos attirances vers le bas font que nous ne comprenons pas bien, comme Nicodème, comment vivre en forme de Dieu. Pâques, Jésus qui se laisse contempler, nous annonce notre union indissoluble avec une vie qui vient du ciel.Une vie en état de lumière. La vraie transformation se produit quand nous goûtons jusqu’à l’extase, au milieu des flots de l’histoire, la joie de toucher, dans la foi, le Seigneur et de s’établir dans ses plaies comme au creux du rocher (Ct 2, 14).
Les apparitions de Jésus redonnent du tonus, de la vie aux cœurs morts des disciples qui, désœuvrés, retournent sans enthousiasme à leur premier métier : la pêche. Il ne suffit pas de savoir que le Christ est res-suscité. Il faut vivre en ressuscité. Ce qui signifie jeter avec confiance les filets de la Bonne Nouvelle même si nos tentatives jusqu’à ce jour, n’ont pas été efficaces.
Jean nous dit que les filets de la Parole seront toujours difficiles, même si nous avons entendu Jésus ouvrir les yeux d’un aveugle de naissance, relever un paralysé de son brancard. Jésus sera toujours là, sur nos rivages, nous offrant son pain de vie à condition d’avoir au préalable, apporté ce qu’il faut. Avez-vous du poisson? Et si nous savons jeter les filets de la Parole, si nous savons, avec audace, devant nos familles, déclarer comme Pierre (Aa 4, 12) celui en qui nous croyons est la pierre d’angle [que vous] rejetez, alors Jésus nous surprendra de sa Présence en nous offrant à nouveau son pain qui nous ressuscite. AMEN.
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