2012- B: Mardi 6e semaine Pâques -Jn 16, 5-11 Allez vivre en divinisé .
Année B: Mardi 6e semaine de Pâques (litbp06m.12)
Jn 16, 5-11 Allez vivre en divinisé .
Vous avez bien entendu: il est de votre intérêt que je parte. Ce départ confirme, si besoin est, l'humilité de Dieu. Toute la vie terrestre de Jésus fut effacement. Il n'a jamais recherché ni la première place, ni même un titre de gloire (Cf Mt 23, 8). Jésus fut comme un enfant fragile et sans défense mais qui en même temps soulève et attire l'attention de son entourage. Jésus, le Dieu-Jésus, fut comme un enfant qui s'en remet entre nos mains. Et voilà l'intérêt de son départ. Un départ salutaire, qui nous sauve de l'inertie, qui nous donne un mandat, celui de diviniser le monde.
Nous sommes des envoyés pour diviniser le monde parce que nous sommes en nos personnes des êtres à l'image de Dieu. Parce que nous sommes revêtus des vêtements du ressuscité. Nous sommes des sculptures de Dieu. Nos vies ne ressemblent pas à ce qui est terrestre mais à quelque chose de différent, à ce quelque chose qui est arrivé à Jésus, ce quelque chose qui nous transforme en humain, tellement créature nouvelle que nous sommes divinisés. Saint Bonaventure écrit que le Christ est l'image du Père parce qu'il est la parfaite ressemblance du Père. Il s'est fait notre image, s'est courbé vers nous (Bonaventure), ce grand mystère de l'Incarnation, pour que nous retrouvions notre ressemblance première.
Au moment de son départ, le Christ qui s'était fait l'un de nous, nous considère maintenant tellement ressemblant à lui qu'il nous confie cette tâche de diviniser le monde. Y a-t-il plus beau que ce mystère de l'humilité de Dieu, de son effacement ? Il nous remet son cosmos. Pourtant, qui d'entre nous se lève le matin en se demandant comment diviniser notre monde ? Comment protéger l'environnement divin qui nous entoure ? Et puis savons-nous ce qu'est diviniser le monde ? Ce qu'est être divinisé ?
La réponse de la foi est simple. Elle se retrouve comme en leitmotiv dans les pages de saint Jean que nous lisons cette semaine et dans les actes des apôtres qui nous montrent des humains pleins d'audace malgré les persécutions, les tribulations de l'Église naissante. Être divinisé, c'est déborder de vie, être plein de vie, avoir la vie en abondance, vivre sa vie en abondance, s'accomplir, se réaliser, s'épanouir. Diviniser le monde commence en étant tout simplement heureux, imprégné de cette joie indomptable peu importe ce qui nous arrive. Notre expérience quotidienne nous montre que ce n'est pas nécessairement facile.
Pour vivre en divinisé, vivre en être christique, pour être plein de ce Vivant (Ap 1, 17), il faut prendre le temps de s'arrêter, de Le regarder intensément, passionnément, longuement (Marthe Robin). De ne jamais nous arrêter dans notre quête incessante d'être parfaite image de sa manière de vivre.
Jésus, image du Dieu invisible (Col 1, 15) celui qui existe avant toutes choses (v. 17), s'est incarné pour nous montrer un chemin précis d'humanité, une porte par laquelle passer. Son départ ne signifie pas que nous sommes des êtres parfaitement achevés mais nous assure que nous sommes déjà en chemin et que nous progresserons en faisant partager aux autres la vie en plénitude dont nous débordons. L'avènement du Christ grandit en nous quand on le communique.
Être plein de vie. Être divinisé, saint Vincent de Paul nous donne une belle image pour nous dire cela. Un jour, il reçut une lettre d'une responsable de formation ... nous avons actuellement chez nous deux novices, la première est très pieuse, elle passe son temps à prier à la chapelle mais son regard est tellement mélancolique, elle semble si triste. Puis il y a la seconde, une « indomptable » mais dont la joie se lit sur le visage et qui est toujours de bonne humeur. Que dois-je faire demanda la sœur ? La réponse du saint fut cinglante : débarrassez-vous de la mélancolique et gardez l'indomptable.
À votre contemplation : Je vous ai choisis, établis pour que vous donniez du fruit et que votre fruit demeure (Jn 15, 16). Amen.