2007-C-Jn 15, 12-17- Vendredi 5e semaine Pâques -Aimez-vous
Année C : Vendredi 5ième semaine de Pâques (litcp05v.07)
Jn 15, 12-17 Aimez-vous
Cette page malgré sa simplicité, sa limpidité est pourtant très difficile à vivre. Difficile parce que notre monde a fait de l’amour de soi le critère suprême de notre existence. Difficile parce que cette page appelle l’élimination de son obstacle le plus encombrant : le souci de nous-mêmes, de ne plus considérer notre bien-être ou même notre survie comme valeur première. Difficile parce que cette manière de vivre qui –il me semble – correspond à la manière de vivre dans le ciel, nous convie à passer « au delà de notre être de créature pour savourer l’opulence et les délices que Dieu est (en) lui-même et qu’Il laisse couler au plus caché de l’esprit humain, là ou celui-ci est semblable à la noblesse de Dieu (Ruysbroeck noces spirituelles)».Nous sommes des rayons de sa «gloire d’aimer». C’est à l’ardeur de la chaleur que nous dégageons qu’on « vous reconnaîtra comme mes disciples (Jn 13,31-35) ».Quelle est la chaleur et la portée des ondes que nous dégageons, nous qui faisons de cette page la priorité des priorité de nos vies ? Émettons-nous des ondes embrouillées ?
Il est bon, profitable, de réaliser que cet appel à aimer« comme je vous ai aimé », pourtant ardemment souhaité, est humainement impossible à vivre. Il est un fruit de l’Esprit de Dieu, un don de Dieu et lui seul en est la source. « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné(Rm 5, 5) ». « Nous aimons, parce que Dieu le premier nous a aimés (1 Jn 4,13)». En lisant cette page, Thérèse de Lisieux s’est vu confronter à une pénible réalité : « combien son amour pour ses sœurs était imparfaite et qu’elle ne les aimait pas comme Dieu (Autobiographie)».
Mais qu’est-ce qu’aimer comme Dieu? Ce n’est pas un «petit amour». Il « dépasse tout sentiment (Ep 3,19) ». Il est « sans mesure (Bernard)». Paul nous donne une admirable description quand il écrit que « L’amour prend patience, l’amour rend service, il ne jalouse pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il n’entretient pas de rancune, il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne disparaîtra jamais (1 Co 13, 4-8)».
Contemplatives, contemplatifs, ce qui est bouleversant dans cette page commandement nouveau, c’est que Jésus ne s’offre pas comme un modèle, un exemple à imiter. Il nous dit – et c’est nouveau-, que nous pouvons nous aimer les uns les autres parce que Lui nous a aimés. Jésus nous confirme que nous pouvons expérimenter au quotidien ce que Dieu est. Que nous pouvons au quotidien être « cette Jérusalem nouvelle, toute prête comme une fiancée parée pour son époux (Ap 21, 3) »mais précisent les Actes des apôtres,« il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans ce Royaume» de l’amour. Nous avons le mandat « qui nous vient des apôtres et des Anciens (1e lect) », mandat que nous n’avons pas choisi, pour donner un fruit qui demeure (Jn 15,16).
A votre contemplation : ne nous contentons pas de savoir que Dieu nous aime. Faisons en l’expérience. Comment est-ce possible? En rencontrant le Christ dans la prière, dans la lecture savoureuse de l’Évangile, en le Regardant dirait Madame Claire, lui, Jésus l’icône de l’amour de Dieu; en s’imprégnant de sa tendresse pour les malheureux de notre monde. Jésus n’a pu aimer que parce qu’il a été aimé par son Père. Dans nos journées souvent si chargées, si frénétiques, il faut prendre le temps de nous laisser aimer, de nous laisser ensoleiller par l’amour de Dieu, pour devenir à notre tour source de lumière et de vie. C’est à cela que nous sommes appelés : c’est notre vocation profonde. Une eucharistie parce que « Tu nous as faits pour toi, Seigneur et notre coeur est sans repos, tant qu’il ne repose en toi. (Saint Augustin dans ses Confessions) »
Accueil : nous mettre à courir sur le chemin de ce grand commandement parce que nos cœurs sont remplis d’ineffable douceur de son Amour. (St Bernard)