2010- -Jn 15, 26-16, 4 - Lundi 6e semaine Pâques - promesse de l’Esprit
Année C : Lundi 6e semaine de Pâques (litcp06l.10)
Jn 15, 26-16, 4 : promesse de l’Esprit
Nous lisons depuis une semaine le grand discours de Jésus dans l’évangile selon saint Jean, le testament spirituel d’un Maître à ses disciples. Dans ce discours, tout parle de la glorification de Jésus réalisée à travers sa passion. Ce discours s’ouvrait (cf. cinquième dimanche de Pâques) par l’affirmation de Jésus qui déclarait : maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui (Jn 13, 31). Mais le texte ajoute que, sachant son heure arrivée de nous quitter, Jésus demande de nous aimer comme il nous a aimés. Jésus nous lègue une religion d’amour et non une religion de commandements, d’obligations ou d’interdits. C’est juste et bon de nous rappeler cela.
Si nous recevons ces paroles comme Jésus veut nous les faire entendre, si nous les recevons comme son désir d’être pour nous un modèle de vie et d’action, nous saisirons très tôt que ce sont des paroles, comme Paul et Barnabé l’exprimaient aux païens devenus chrétiens, des épreuves (Ac 14, 22)qui nous glorifient nous aussi. Dieu nous a choisis, prédestinés à être glorifiés comme lui. Nous ne pouvons pas avancer plus loin dans le mystère. C’est la passion qui glorifie. C’est la Croix qui élève Jésus, lui donne de la gloire.
À la veille de sa mort, Jésus – et c’est là la nouveauté toujours nouvelle – nous rend participant non seulement de sa résurrection mais aussi de sa gloire. Si nous recevons ses paroles, si nous les vivons comme lui, nous sommes déjà glorifiés etnous sommes capables de faire que toutes choses soient nouvelles (Ac 21, 5). Ainsi plus jamais le sage Ben Sirac ne dira qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil (Qo 1, 9).
Il faut plus que des oreilles accueillantes pour intérioriser cela. Pour accepter cette tâche d’être toujours en état de nouveauté, il faut être revêtus de la force d’en haut (Lc 24,49). Il faut que l’Esprit, qui est Dieu lui-même, nous soit donné. Quand viendra l’Esprit défenseur que je vous enverrai (Jn 15, 26).Devant cette promesse splendide, ces paroles si denses qu’il faut déployer l’une après l’autre, paisiblement, en s’émerveillant et en rendant grâces, Augustin affirme qu’il n’y a pas de don plus grand que celui de recevoir son Esprit (Saint Augustin, De Trinitate). Jésus nous assure que son Esprit nous fera rendre témoignage. Son Esprit fera que nous serons, que nous vivrons nos vies dans une nouveauté constante.
La première chose «nouvelle», et qui sera toujours nouvelle, que Jésus nous lègue si nous agissons comme lui, sera de construire un monde plein de joie, où il n'y a plus ni rancœur ni haine, mais seulement l'amour qui vient de Dieu et qui transforme tout. L’évangile nous disait hier : c’est la paix que je vous laisse (Jn 14 27). Les fruits de l’Esprit est joie, paix (Ga 5, 22-25).La seconde nouveauté, également toujours nouvelle si pour nous ces mots testamentaires ne sont pas des mots pieux, des phrases pieuses, c’est que l’Esprit de Dieu devant la haine que l’on nous portera (l’expression est de saint Jean), nous évitera le risque de tomber (Jn 16, 1).
Avant de passer de ce monde à son Père, Jésus nous assure que malgré les perturbations nombreuses, que malgré les contrariétés permanentes, son Paraclet ne nous laissera pas abattre ou nous tourner vers des consolations toutes humaines. Si tu savais quelle paix viendrait ainsi en toi, quelle joie rayonnerait sur les autres, combien serais-tu plus soucieux de ton avancement spirituel, exprimait jadis ce petit traité spirituel du XVe siècle, L’imitation de Jésus-Christ (livre 1, ch. 11).
Jésus nous promet – promesse de Dieu –que son Esprit, qui est plus fort que toutes nos limites, plus grand que toutes nos peurs, tout-puissant, nous permettra d’agir avec nouveauté si nous savons nous abandonner – mot dangereux – à son action en nous. Les Actes des apôtres nous montrent depuis le début de ce grand dimanche, toute la beauté d’une vie d’abandon entre ses mains. Nous voyons Pierre proclamer haut et fort – et quelle nouveauté il y a là-dedans! – que même les païens sont appelés à partager la vie de Dieu. Même notre monde apparemment peu préoccupé des choses d’en-haut peut s’ouvrir à la foi en Dieu.
L’Esprit que nous promet Jésus, est une aventure spirituelle de renaissance, une fête de l’éternel commencement de notre engendrement à une vie de gloire, un printemps nouveau au cœur de la vie. Il nous fait cesser de regretter nos oignons d’Égypte [et nous fait] reconnaître les appels nouveaux de notre monde (En son nom,vol 68, #3, p.130). Je vous dis ces choses maintenant avant qu’elles n’arrivent; ainsi lorsqu’elles arriveront, vous croirez (Jn 14, 29) que je suis avec vous tous les jours. AMEN.