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2012-B-Jn 10, 22-30 -Mardi 4e semaine Pâques - Qui sont ceux qui entendent sa voix ?

Année B : Mardi 4e semaine de Pâques (litbp04m.12)
Jn 10, 22-30 :  qui sont ceux qui entendent sa voix ? 

Que nous sommes lents à comprendre que les «brebis qui écoutent ma voix» ne sont pas seulement de «l'enclos» Église. Jésus, et c'est la nouveauté toujours à reconsidérer, est  tellement universel dans sa personne, tellement «hors norme» dans sa manière de vivre que sa voix est accessible au delà des églises. Et ceux qui entendent cette voix mon Père les aimera et nous viendrons en eux faire notre demeure. Il ne s'agit pas d'être baptisé pour être chrétien, pour entendre être« brebis», dit notre texte aujourd'hui. Le baptême ne fait pas sortir automatiquement de nous le vieil homme. Il ne nous empêche pas d'être retenus dans les filets d'iniquité (Ac 8, 23). Il faut se laisser transformer par l'écoute contemplative de cette voix.

Au matin de Pâques, et nous oublions trop vite cette réalité, il est simplement dit devant le tombeau vide...nos églises vides, il n'est pas ici... vous le trouverez en Galilée (Mt 28, 6-7).  N’y a-t-il pas un risque à oublier que le matin de Pâques a ouvert un commencement inédit : c'est là dehors que vous le trouverez.  L'appel est très clair : nous ne pouvons plus nous considérer comme les conservateurs d’un musée, fût-ce un Saint-Sépulcre, fût-ce la «sainte institution» ecclésiale ?  L'auteur jésuite Roger Lenaers, qui ouvre son livre Un autre christianisme est possible (2011), par un appel à ne pas le lire si nous ne voulons pas être dérangés dans nos sécurités ancestrales, ne craint pas d'affirmer que nous maintenons à bout de bras, en état de survie, quelque chose de moyenâgeux.  Dans la lumière de Pâques, ceux qui entendent sa voix se trouvent aussi en Galilée et se laissent reconnaître par leur manière de vivre à la mode de Dieu. 

Ce qui compte n'est pas de désirer restaurer un passé, fut-il glorieux à nos cœurs ; ce n’est pas  de conserver une tradition si ancestrale soit-elle et encore moins de s’y laisser enfermer. Depuis le matin de Pâques, ce qui est premier, c'est de quitter nos lieux sécurisants pour nous retrouver là où il se trouve, là où ne soupçonnons même pas que se tient le Vivant. Mais, disent les textes: ils avaient peur [de sortir]. Le Vivant se trouve là, au profond des cœurs, en attente d'une parole qui les ressuscite et capable de les sortir du paradis de l'enfer où ils se tiennent. (Voir Fabrice Hadjadj dans Le paradis à la porte, Seuil, 2011).

Trop souvent, nous voyons et considérons un Jésus sauveur de la religion qu'il n'a même pas voulu inaugurer. Ce qui nous arrive au matin de Pâques,  c'est que nous sommes retournés en Galilée  pour reconnaître Jésus en ceux qui font les œuvres que je fais (Jn 10, 24).Entendre reconnaître Jésus en ceux, et ils sont nombreux, qui vivent d'une communion presque trinitaire entre eux, d'une communion sans écrasement de l'autre, communion sans suprématie sur l'autre, communion dans l'inexistence de soi pour tout remettre à l'autre comme le Père a tout remis au fils qui lui a tout remis en retour. Ceux là sont AUSSI les brebis qui écoutent ma voix. Ils ne sont pas nécessairement dans le «bercail» à l'abri des intempéries. C'est au carrefour des nations, au milieu de toutes les tempêtes et intempéries que Jésus a éveillé à une pratique nouvelle de vivre ... la religion de tous les temps.  En Galilée, il y a soufflé une brise légère, du vent impalpable, insaisissable, des courants d'air frais de Pâques.

Dans l'une de ses méditations fort parlantes, le frère Roger de Taizé qui a créé un environnement « Galilée des nations », a pu écrire : Une clarté d'Évangile a été dégagée: Le ressuscité est là, uni à chaque être humain sans exception... c'est comme si nous l'entendions dire : ne sais-tu pas que je vie en toi ? Et tu voudras dire au Ressuscité donne-moi de tout te remettre... et que je me réjouisse de ta continuelle présente [en moi].

Saintetés, une voix appelle. Elle appelle selon la formule du romancier Montaigne à bien faire l'homme.  L'évangile dit: elle appelle à une vie plénitude. Une vie «sorteuse» de nos sécurités, de nos églises, de nos sacristies, disait Jean-Paul II. Elle se fait entendre dans tous les cœurs, dans toutes les cultures, dans les églises, les mosquées, dans la rue de nos bidonvilles comme de nos riches quartiers. Il s'agit non seulement de l'entendre, mais surtout de l'écouter! Et cette « voix » suppose une mise en route, un départ, un détachement, et parfois même un arrachement à une manière de la comprendre. Comme l'exprime le marxiste Comte-Sponville, onne peut se passer de religion mais pas de communion, ni de fidélité, ni d'amour (Introduction à une spiritualité sans Dieu, Paris Albin Michel, 2006, p. 77), comme l'annonce cette Voix du matin de Pâques. Comme le dit si bien Patrice de la Tour du Pin :  Pâques ! C’est le matin de Dieu au cœur des autres ! AMEN.

 

Évangile: 
Année: 
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Date: 
Mardi, 1 mai, 2012

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