2008-A : Jeudi 5e semaine carême - Jn 8, 51-59 : se laisser surprendre par l'inouïe de ce «Je suis»
Année A : Jeudi de la 5e semaine CARÊME (LITAC05J.08)
Jn 8, 51-59 : se laisser surprendre par l'inouïe de ce «Je suis»
Si l’une d’entre vous m’exprimait ce matin qu’avant Mère Marie-Rose, elle existait, qu’elle a vu son jour, nous y verrions sans doute un signe évident de perte de mémoire. Il fallait beaucoup de foi pour l’entourage de Jésus dont on savait les origines, fils de Joseph, de la région de Nazareth, « quand il viendra le Messie nous ne saurons pas d’où il vient » pour entendre Jésus affirmer « celui que vous appelez votre Dieu, moi je le connais ». « Avant qu’Abraham ait existé, moi JE SUIS. »
Cette déclaration là comme celle que la liturgie nous fait entendre depuis quelques jours, ouvre si nous la recevons dans la foi, sur l’émerveillement dont je parlais mardi dernier. La foi en Dieu n’a jamais fini de nous surprendre. Elle donne de la vision à notre quotidien
Se laisser surprendre par Dieu. Ce fut vrai pour Abraham qui a accueilli, sans le savoir, Dieu dans sa Tente. Qui a entendu un inconnu lui dire qu’une postérité innombrable naîtrait de lui. Promesse qui dépassait tout regard purement humain. Regardant la promesse de Dieu et laissant de coté toute vue humaine, Abraham a fait confiance aux paroles qui lui avaient été adressées. Il n’a pas hésité à se laisser surprendre par Dieu. Il anticipait dans sa personne ce que clame une hymne liturgique du Carême : « N’attendez pas qu’il soit trop tard pour que Dieu vous donne naissance ». Abraham dans la foi, a donné naissance à Dieu. A permis à Dieu de naître. Il a été « sauvé par l’espérance ». Sauvé par sa confiance en Dieu. C’est le propre de la foi que d’ouvrir à l’inédit, l’inattendue. C’est le propre de la foi que nous lancer vers demain, vers une Terre Promise dont nous ne pouvons soupçonner toute la beauté. Croire sans voir.
Se laisser surprendre par cette confiance en Dieu qui a poussé hier Sidrac, Misac, Abdénogo de choisir d’adorer Dieu plutôt qu’une statue fut-elle en or. Se laisser surprendre par ces chrétiens en Irak ou ailleurs qui se tiennent debout dans la foi au risque de leur vie.
Se laisser surprendre, nous ici même avancé en âge, Abraham est tombé en extase devant une Promesse. Nous avons devant nos yeux la réalisation de cette promesse : JE SUIS. Le connaître par le cœur. Le voir par les yeux du cœur. Être en état d’extase, c’est «ne plus exister pour soi ». L’hymne « Venez au jour »dont je parlais tantôt : « Ne craignez pas de vous défaire, il recréera ce que vous cédez de vous-mêmes » « apprenez Dieu! Il a promis son règne à ceux qui emprunteront ses passages »
Ce JE SUIS, engendré mais non crée dit notre Credo, qui est « dans le Père et le Père en lui », saint Paul nous dit aux Corinthiens (1 Co2, 9) que « l’œil de l’homme n’a pas vu, que son oreille n’a pas entendu, que son cœur est incapable de sonder ».
Se laisser surprendre par la surabondance indescriptible qui se cache sous ces paroles : « Moi je connais le Père. Le Père me glorifie ». Il faut être sourd aux choses d’en bas pour entendre cela. « Le Père, tout invisible et illimité qu'il soit pour nous, est connu de son propre Verbe, et, tout inexprimable qu'il soit, est exprimé par lui. Réciproquement, le Verbe n'est connu que du Père seul. Telle est la double vérité que nous fait connaître le Seigneur.. Le Fils révèle la connaissance du Père par sa propre manifestation : cette manifestation du Fils, c'est la connaissance du Père, car tout nous est manifesté par l'entremise du Verbe. » (Saint Irénée 1er siècle)
Nous laisser surprendre et nous entendrons cela dans le récit de la Passion de Matthieu dimanche : « Ce qui est faible dans le monde, ce qui est d’origine modeste, méprisé, ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu à choisi pour détruire ce qui est quelque chose (1 Cor1, 27) » « il n’a ni beauté, ni éclat, par ses souffrances, nos sommes guéris. » Aujourd’hui ne fermons pas nos cœurs, écoutons la voix du Seigneur. AMEN