2005-A- Vendredi 4e semaine carême –Jn 7, 1,10 conspiration contre Jésus. " mourir avant de mourir"
ANNÉE A- Vendredi de la 4ième semaine du CARÊME –A-
Jn 7, 1,10 conspiration contre Jésus. " mourir avant de mourir"
Jésus qui au sortir des eaux de son baptême, a entendu "la voix du père lui dire qu'il était son Fils bien-aimé", Jésus qui sur la montagne du Thabor, a re-entendu cette même Voix lui confirmer qu'il est ce Fils Bien-aimé, Jésus "à qui le Père a rendu témoigne (justement) parce qu'il a écouté sa Voix, parce qu'il a accompli Ses œuvres"(Évangile d'hier), Jésus que des études hébraïques récentes montrent qu'Il était un "juif jusqu'au bout de sa parole"(Jean Mouttapa), et qui a connu une vie "attirée en permanence dans un piège" (1ière lecture) qu'a-t-il à nous dire, qu'a-t-il à dire à notre monde durant ces deux semaines de la Passion ?.
La réponse est limpide : au milieu d'une société où les rivalités sont permanentes, les jalousies meurtrières, Il nous laisse voir qu'il est possible de lutter sans haine, de vivre "sans haine dans nos cœurs". "La colère ruine le cœur" (Eccl, 1,28). La "Bonne nouvelle", c'est qu'au cœur des rivalités que nous subissons, des conspirations permanentes, il existe des horizons nouveaux, une "loi nouvelle". Des attitudes nouvelles. Les pratiquer, voilà l'une des "conduites étranges" (1ière lecture) qui fait du bien.
Contemplatives, contemplatifs, il y a des manières de vivre la rivalité, les oppositions ou conspirations qui ne sont en fait que des apparences de vie. "Tu passes pour vivant mais tu es mort"(Ap3,1) Le "Deviens ce que tu es" de Socrates ne contiendrait-il pas un lointain désir à vivre autrement les oppositions et conflits ? Devant les conspirations, Jésus ouvre à un état de liberté intérieure qui est la véritable Bonne Nouvelle. Il a opté pour agir sans impulsivité, avec maturité, une grandeur d'âme tellement humaine que cela ressemble à un agir divin. "Dans son Incarnation, Dieu s'est fait l'un de nous. Dans sa passion, il devient moi pour que je sois lui" (Barsotti). C'est habité par cette grande liberté intérieure qu'il monta à Jérusalem.
Jésus ne cesse de nous dire que nos comportements sont inachevés tant qu'ils ne retrouvent pas cette grâce de nos origines, cette liberté intérieure qui bouleverse les normes usuels – l'œil pour œil, le développement de l'axe du mal- si profondément enracinées en nous. Jésus en prenant la route de Jérusalem, ne cesse de montrer qu'il faut changer de vie, de comportements. L'extraordinaire, c'est que cela est un appel universel qui dépasse les frontières d'une religion – la nôtre-. Le récit de la Passion dit la tragédie d'un peuple aux comportements inachevés, d'un monde qui n'a pas entendu l'appel ni entrevue la possibilité d'être "loi nouvelle". Paradoxe, "ce Dieu qui n'a pas épargné son Fils (Rm8.32), qui n'a pas bénéficié de circonstances atténuantes, montre en se faisant l'immense considération et miséricorde qu'il nous porte ( J-P 11 riche en miséricorde #8)
S'il y a urgence, s'il y a un programme à tracer tout au long de ce millénaire, c'est de réaliser que Jésus nous offre de vivre au milieu de toutes ces conspirations, en étant humain jusqu'au bout, là où l'humain devient divin. Jésus nous offre de renaître. Cette "nouvelle naissance", cet "esprit nouveau", de " renouveau" est une œuvre de Dieu. Si ce fameux "Vous ne me connaissez pas" est vrai, il est aussi vrai d'affirmer : nous ne connaissons pas que nous humains, sommes capables de conspirer jusqu'à développer des tics divins. Voilà ce que Jésus a à nous dire. Banal
À votre contemplation : "Je dois être baptisé d'un baptême et quelle n'est pas mon angoisse jusqu'à ce qu'il soit consommé" (lc12,50) Cela est aussi vrai pour nous. Voir consumer en nous un baptême qui nous fait fils de Dieu pour vrai; "nous fait mourir avant de mourir pour ressusciter avant la mort" (mystique soufisme). "Qui donc" se demande Bernard de Clairvaux, "est à ce point fils de Dieu", fils de la Lumière "pour se livrer pour un ami en prison" ?. Que se réalise en nous la prière finale de cette eucharistie : "puissions-nous, Seigneur, passer vers ce qui est nouveau en quittant ce qui ne peut que vieillir en nous" AMEN.