2012-B -Jn 6, 51-58- Dimanche 20e semaine ordinaire -connaissance par l'inconnaissance
Année B : Dimanche 20e semaine ordinaire (litbo20d.12) 19 aout 2012
Jn 6, 51-58 : la connaissance par l'inconnaissance
Qu'est-ce qui vous déconcerte, vous déroute le plus dans ce passage de Jean ? C'est de nous savoir des invités à un banquet. Il y a une différence entre un repas ordinaire et un banquet. Pour participer à un banquet, il faut une invitation. Heureux les invités au repas du Seigneur. Toute notre vie de foi commence par une invitation : La sagesse elle-même a dressé la table. Quittez votre folie...venez manger. Invitation à ne pas vivre comme des fous, mais comme des sages (Ep 5, 15). Certains se croient sages pace qu'ils refusent de croire en Dieu mais ils consultent voyantes et horoscopes. Invitation, et cela est déconcertant, à manger le maître du repas. Le verbe revient sept fois ce matin. Celui qui mange ma chair demeure en moi, (Jn 6, 55)... a la vie éternelle... vivra par moi. Déconcertant, déroutant à l'extrême !
Ce que nous voyons sur la table, c'est du pain et du vin. Mais nos yeux de foi nous font voir que celui qui mange ce pain qui est ma chair donnée pour la vie du monde, vivra. Invitation non seulement à le voir dans ce pain, mais aussi à le toucher de nos propres mains, comme le déclare l'évangéliste saint Jean dans sa première lettre (1 Jn 1, 1). Déconcertant ! Jean-Paul II, dans sa lettre L'Église vit de l'eucharistie, a tellement bien compris l'importance de répondre positivement à cette invitation qu'il pose cette question à l'humanité, à qui sa lettre est adressée : si nous négligions [cette invitation], comment pourrions-nous porter remède à notre indigence ?
Déconcertant.Cette invitation est essentiellement un don que Dieu nous fait. Le plus beau don de Dieu avec l'Incarnation, dit un document œcuménique Foi et constitution de 1982, même s'il est vrai, comme l'exprime le Curé d'Ars, que vous n'en êtes pas dignes, mais vous en avez besoin.
Nous sommes des invités. Déconcertant. Le secret de l'énergie phénoménale d'un saint Paul, d'une mère Gamelin, d'une mère Térésa repose dans leur conviction d'avoir été des invités à être des lettres écrites de la main de Dieu (1 Pi 4, 11), des eucharisties vivantes. Répondre à une invitation est premier dans la vie des chrétiens. C'est moi qui vous ai choisis. Dieu le premier nous a choisis pour être ses invités. Tellement déconcertant qu'il s'en trouve, comme dans la parabole des invités (Mt 22, 1-14) qui la refuse, prétextant que le travail, l'enrichissement, les frugalités de toutes sortes ont priorité dans leur vie. Ne soyez pas des irréfléchis, des insensés, vient de nous dire Paul.
Accepter cette invitation à ce banquet eucharistique somptueux, c'est plus que d'assister chaque dimanche à l'eucharistie. C'est plus que de faire le rituel du plein de nos forces comme on le fait quand on s'arrête pour faire le plein d'essence de notre voiture. C'est plus que de communier à Jésus. Il faut par la suite mener une vie magnificat. À tout moment et pour toutes choses, rendez grâce à Dieu. (Ep 5, 20).
Notre présence ici serait imparfaite si elle n'était qu'adoration de ce pain. Jésus ne nous demande pas seulement de le reconnaître dans ce pain mais, comme l'exprimait souvent le Père Guy Paiement, jésuite décédé un matin de Pâques, ce pain nous pousse à une sortie de table. Le cardinal Newman va dans le même sens quand il écrit que la vraie raison pour laquelle on ne veut pas venir à l'eucharistie est qu'on ne désire pas mener une vie chrétienne [engagée] et on se doute que ce sacrement y oblige. Le sacrement du frère est indissociable du sacrement du Pain. Il faut goûter cette table pour lancer à notre tour à notre monde, nos proches, des invitations à goûter et voir comme est bon le Seigneur de nous inviter à une telle table.
Quel mystère il y a sur cette table qui nous rassemble ! Celui qui mange de ce pain, moi je demeure en lui et lui en moi. Déconcertant. Quel mystère transformant que cette invitation que Jésus maintenant adresse à chacun d'entre nous : heureux les invités au repas du Seigneur. AMEN.