2004-C: Vendredi 2e semaine Pâques - Jn 6, 1-15 "En un clin d'œil, voici l'œuvre du Seigneur"
Année C: Vendredi de la 2ière semaine pascale (litcp02v .04)
Jn 6, 1-15 "En un clin d'œil, voici l'œuvre du Seigneur"
"C'était un peu avant la Pâque, la grande fête des juifs". À entendre Jean, la foule qui marchait vers Jérusalem pour la fête de la Pâque s'est, chemin faisant, détournée de sa route pour se tourner vers Jésus. Comme pour les remercier de ce détour, Jésus dans un geste débordant de compassion et invraisemblable - deux cents journées de travail ne suffiraient pas pour que chacun ait un petit morceau de pain, - leur laisse voir qu'il est en sa personne cette nouvelle Pâque. Qu'il est nourriture. :"Il multiplia le pain" dit le diacre Ephrem "pour exciter en eux le désir de son corps et de son sang vivifiants". Il ajouta "en un clin d'œil, l'œuvre du Seigneur devenait manifeste".
Contemplatives, qui est capable de comprendre toute la richesse de "ce clin d'œil" qui laisse entrevoir que la libération du monde s'est accomplie, un jour du temps, dans la montée de Jésus à Jérusalem et qu'elle se prolonge dans notre histoire dans chaque eucharistie ? Nous sommes nés de Pâques. Notre Église est né de Pâques. Nous actualisons cette naissance dans l'Eucharistie. Ce que nous en comprenons est beaucoup moindre que ce que nous en laissons.
Il ne s'agit pas ce matin de nous demander si ce geste du pain multiplié au désert s'est véritablement produit ou pas. S'il est vrai. Nous devons plutôt accueillir dans la foi l'invitation à nous asseoir sur les terres désertiques de notre monde pour tout recevoir de Lui. Pour nous laisser nourrir en abondance.
Cette page de Jean devrait nous motiver à rejoindre, dans les très beaux mots d'Élisabeth de la Trinité, "ce Christ toujours vivant de la Madeleine vers qui il nous faut aller afin qu'il nous enchaîne". Quiconque a le sens du Christ sait qu'il lui faut chaque jour un peu de temps, beaucoup de temps "pour repasser, savourer, enfouir dans sa mémoire les bienfaits de ce pain" (lettre aux frères du Mont-Dieu) Rejoindre ce Christ qui nous rejoint sur nos routes pascales, qui nous libère de nos peurs pour nous retourner annoncer comme au Premier matin de ce grand dimanche "qu'il est vivant et qu'il est là réellement présent au milieu de nous dans l'Eucharistie" (Urbi et orbi 2003)
Mais pour affirmer qu'il est vivant, il nous faut et j'emploie une belle image d'un archevêque de l'Église de Thessalonique au X11 siècle "nous donner des yeux de chouette capable de voir dans la nuit parce qu'elle a des yeux qui ont une force lumineuse qui dissout les ténèbres" . Des yeux de chouette pour voir dans cet "auguste sacrement ", ce " très saint sacrement", le mémorial vivant du Christ notre Pâque qui dissout nos ténèbres. Un peu de pain dit tout l’amour de Dieu-ressuscité pour nous. Chaque fois que nous le célébrons nous mettons "nos mains dans son coté ouvert " (Jn20.28). Nous clamons notre foi. Nous naissons, re-naissons comme des nouveaux nés. Quel Esprit nous a fait renaître ! Quel sang nous a rachetés ! clamait l'oraison dimanche dernier.
A votre contemplation: : heureux les invités que nous sommes à cette Pâque quotidienne. À Thomas Jésus a dit : "Touches mais plaies et deviens homme de foi". À nous, il nous dit “prends et manges” et deviens hommes et femmes de Pâques. "Prenez son corps dès maintenant", nous disait une hymne liturgique du temps de la Passion "il vous convie à devenir eucharistie. Et vous verrez que Dieu vous prend, qu'Il vous héberge dans sa vie et vous fait homme de son sang". Oui si ce geste eucharistique que je pose maintenant vient des hommes, je paraphrase la 1ière lecture, il disparaîtra. S'il vient de Dieu, si mon "je"" est devenu son "je" mystique, personne ne pourra le faire disparaître. Devenons ce que nous sommes: Pain de vie. Devenons intensément eucharistique. Devenons comestible et comblons notre terre d'une nourriture qui demeure, qui la transfigure en une terre de paix. AMEN.
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